Il n'est jamais bon de réagir sous l'émotion. Mais le terrible assassinat, puisque c'est le bon qualificatif judiciaire, au sein de la mosquée de la Grand'Combe, a bouleversé le Gard et la France entière. Un homme isolé, semble-t-il pas connu dans cette commune du haut du département, a frappé dans un édifice religieux. Et s'en est pris à un fidèle, qui avait franchi, comme chaque jour, ce lieu de culte pour prier. Tout simplement. Alors est-ce qu'il s'agit là d'un meurtre anti-musulman ? Cette piste est privilégiée. Le tueur au couteau aurait proféré des propos injurieux envers l'islam avant de prendre la fuite. Mais ce n'est pas le seul indice, comme la rappelait hier à notre micro le procureur de la République d'Alès. La chasse à l'homme se poursuit donc pour retrouver l'assaillant et mieux comprendre ses intentions funestes. Il est possible qu'il s'agisse là d'un acte isolé. Par un individu dicté par des volontés irrationnelles. La prudence conduit en conséquence à ne pas essentialiser une islamophobie qui traverserait la société française. Comme les plus sérieux d'entre nous ne viennent pas jeter l'opprobre sur tous les musulmans quand un terroriste islamiste s'en prend à des citoyens de confession juive ou des catholiques. Il est évident que la multiplication des attaques contre les religions dans notre pays conduisent à ce climat anxiogène. À la méfiance. Pire, à la peur. D'autant que dans le cas précis, l’auteur présumé, extrêmement dangereux selon les autorités, n'a pas été retrouvé pour le moment. Près d'une centaine d'enquêteurs sont donc à la tâche pour l'atteindre. En attendant, du chef de l'État, au gouvernement, à tous les acteurs concernés, le soutien est total en direction des musulmans de France, choqués. L'assurance a été donnée d'une protection de toutes les mosquées de France et du Gard. Comme à chaque attentat ou crime atroce dans une enceinte religieuse. Emmanuel Macron l'a rappelé hier : "le racisme et la haine en raison de la religion n’auront jamais leur place en France." Notre République ne tremble pas. Et dans ce choc, l'idée pernicieuse qu'il y aurait deux poids-deux mesures n'a pas sa place. Et ne rendra pas l'hommage que mérite Aboubakar.