ÉDITORIAL Frais d'incarcération proposés par Gérald Darmanin : et le travail en prison ?

Des frais d’incarcération ? Encore faut-il que les détenus soient en capacité de payer...
Comme lorsqu'il était à l'Intérieur, Gérald Darmanin, désormais à la Justice, est hyperactif. Il rappelle pour les plus attentifs du monde politique, un certain Nicolas Sarkozy... Encore hier soir au journal télévisé de TF1, le ministre a fait preuve d'une volonté farouche de régler, une bonne fois pour toutes, la question cruciale et humanitaire de la surpopulation carcérale. Mais derrière les discours et la communication, est-ce réellement possible ? Les finances de l'État ne plaident pas vraiment pour des investissements massifs. Gérald Darmanin l'assure : il y aura un plan Marshall pour les prisons. Comment ? À quel endroit ? Il réserve encore les réponses. Mais comme il en a l'habitude, il a trouvé une parade pour attirer l'attention médiatique. En effet, ce fidèle de Macron promet de faire payer les détenus eux-mêmes. Une partie en tout cas de l'enveloppe budgétaire des prochains financements. Sous la forme de frais d’incarcération. Encore faut-il que les détenus soient en capacité de payer. L'Observatoire international des prisons, association indépendante, relevait il y a quelques années ce chiffre : 22 % des personnes incarcérées sont considérées en pauvreté carcérale, c’est-à-dire qu’elles disposent de moins de 50 euros par mois. Ce qui les place en situation de grande vulnérabilité. Alors comment le ministre va-t-il résoudre l'équation ? Probablement du côté du patrimoine des prisonniers. Pour ceux qui en disposent. Sinon, reste la question du travail en milieu fermé. Une source non négligeable de ressources et de réinsertion. C'est d'ailleurs déjà possible. Toute personne incarcérée peut travailler en prison, sous certaines conditions de détention. Et en fonction de l'âge. Une activité rémunérée, bénéficiant de la protection sociale et de la maladie. Le temps de travail du travailleur détenu compte aussi pour son droit à la retraite. Cependant, il est important de rappeler qu'aujourd'hui, travailler en prison n'est pas obligatoire. À la différence de certains de nos voisins européens comme en Allemagne où une loi oblige, pendant l'exécution des peines, les détenus à pratiquer une activité adaptée à leurs compétences. Pareil en Italie ou en Espagne avec des contrats passés avec des entreprises et même les universités comme l'explique l'Institut Montaigne. En France, Gérald Darmanin semble vouloir mettre la charrue avant les bœufs. Pour être parfaitement crédible et sérieux, il aurait dû commencer d'abord par lever les obstacles du travail en prison.