ÉDITORIAL Nouvelle loi immigration : oui, mais...
Ce mardi, l’Assemblée nationale va une nouvelle fois se pencher sur une énième loi en matière d’immigration.
Il s’agit, a minima, de la vingtième depuis la ''loi Pasqua'' en 1986. En trente ans, la France et ses Présidents et gouvernements successifs n’ont, semble-t-il, pas trouvé la solution. Est-ce que cette fois-ci le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et celui du Travail, Olivier Dussopt, feront mieux ? Le doute est permis. Surtout que l’objectif est toujours le même : un durcissement des conditions d’accès à un titre de séjour tout en faisant preuve d’humanité. Quand on a dit cela, on n’a rien dit ! Seule nouveauté, accordons-le, la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension. L’extrême-Droite est prête à s’étouffer, mais la Première ministre et son équipe font preuve en la matière d’un réalisme évident : il manque des bras dans de nombreux métiers en France. Malgré un chômage étonnamment encore significatif, les employeurs ne trouvent pas de candidats français. Rassurons les plus hostiles aux immigrés, les propositions d’emplois dans les métiers en tension ne sont pas d’une extrême attractivité. Sinon, ils seraient pourvus depuis longtemps. C’est bien la raison pour laquelle on les propose en priorité à ces miséreux en quête d’une vie meilleure après avoir fui leur pays en guerre ou qui ne leur offrent aucun avenir. L’exécutif entend donc faire du travail la source d’intégration des étrangers. Pas bête. Concrètement, l’idée est de permettre aux travailleurs sans-papiers déjà sur le territoire d’obtenir un titre de séjour ''spécifique'' quand ils répondent ''aux besoins de métiers en tension''. La restauration, la petite enfance, le bâtiment, la propreté et la logistique, etc. Des métiers, selon le Gouvernement, qui recourent déjà à l’emploi clandestin. Mais dans ces bonnes intentions, il reste quelques points à éclaircir. D’abord, cette nouvelle loi immigration veut conditionner la délivrance de la carte de séjour à la maîtrise d’un niveau minimal de français. Qui délivrera ses cours ? Et combien cela va coûter à des étrangers déjà dans la précarité ? Le titre de séjour, d'une durée d'un an renouvelable, risque de cantonner les travailleurs étrangers à certaines activités. Quid des étudiants étrangers dotés d’un bagage scolaire plus solide ? On pensait qu’il manquait des médecins en France… On le voit bien, les intentions sont là à l'occasion de cette nouvelle loi immigration. Mais l’ensemble manque encore d’un peu de bon sens et de précision utile.