ÉDITORIAL Une réforme des retraites, gage du sérieux budgétaire de la France ?
Nous y sommes. Après plusieurs semaines de fantasmes dans tous les sens, la Première ministre a présenté les mesures concernant la réforme des retraites. Mauvaise nouvelle pour Élisabeth Borne, les principaux syndicats y sont franchement opposés.
Élisabeth Borne a détaillé, hier mardi 10 janvier, les contours de la réforme des retraites. Un épineux dossier, controversé, contesté déjà par la plupart des syndicats. Pourtant, c'est acté : il y aura bien un recul de l'âge légal de départ à la retraite. À partir de 2030, on pourra partir se faire dorer la pilule au soleil à 64 ans au lieu de 62 ans aujourd'hui. Enfin si on en a les moyens ! Un léger détail et pas des moindres s'est glissé aussi dans cette proposition : la durée de cotisation pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Elle passera à 43 annuités dès 2027. Youpi ! Quelques nouvelles intéressantes sont venues compléter le nouveau dispositif : les carrières longues sont préservées. Ceux ayant commencé à travailler, par exemple, entre 16 ans et 18 ans pourront faire valoir leurs droits à partir de 60 ans. Une avancée : la meilleure reconnaissance de la pénibilité notamment pour les travailleurs de nuit. Enfin, et c'était une promesse du président candidat Emmanuel Macron : le Gouvernement compte bien amener le minimum de pension à 1 200 euros brut par mois pour tous. Reste maintenant à savoir si ce projet de loi trouvera une issue favorable pour le Gouvernement d'ici cet été, date espérée pour l'entrée en vigueur. Le texte sera présenté en Conseil des ministres le 23 janvier, puis débattu à l'Assemblée nationale en février. Faudra-t-il recourir à l'article 49.3 de la Constitution ? Pas sûr. Un accord avec les nouveaux alliés de Macron, Les Républicains, pourrait faciliter les choses. Dans la rue, en revanche, l'opposition risque d'être totale. Les syndicats, qui affichent un front uni contre la réforme. Tous manifesteront le 19 janvier. La Gauche dans son ensemble pourrait aussi rejoindre le mouvement. Le Rassemblement national et ses 89 députés ne devrait pas être en reste... Pour quel résultat ? Est-ce déjà peine perdue comme les précédentes réformes des retraites ? Difficile de le dire à ce stade. Mais difficile aussi de reprocher au président de la République de tenir son engagement. C'est d'ailleurs cet engagement qui pose peut-être question ce matin. Est-ce une forme d'ego de sa part, d'entêtement ? Alors qu'une large majorité de Français est opposée à cette réforme ! Ou tout simplement une responsabilité face aux créanciers de la France et des engagements pris vis-à-vis du Fonds monétaire international ? Là aussi, nous n'aurons pas la réponse tout de suite...