Publié il y a 2 mois - Mise à jour le 24.08.2024 - Corentin Corger - 4 min  - vu 1955 fois

FAIT DU JOUR De sa paralysie à 8 ans aux Jeux de Paris : le fabuleux rebond de Guilhem Laget

guilhem laget tennis fauteuil

Guilhem Laget a grandi à Comps. 

- Christophe Guibbaud / FFT

Paralysé de la jambe gauche à 8 ans, le Compsois Guilhem Laget a découvert le tennis fauteuil à 18 ans. Son abnégation lui a permis de se qualifier pour les Jeux Paralympiques de Paris qui débutent le 28 août. 

À seulement 8 ans, la vie de Guilhem a changé pour toujours. En une nuit, sa jambe gauche est définitivement paralysée après avoir été atteint par une maladie proche de la poliomyélite, un virus qui envahit le système nerveux. Forcément, l’enfant ne comprend pas tout de suite qu’il ne pourra plus faire usage de sa jambe gauche, « on se dit que c’est passager. J’étais très sportif, je pensais à une petite blessure. Mon entourage a vite compris que c’était plus grave et on s’est adapté à cette situation. » Ce passionné de foot doit d’abord vivre sans ballon rond pendant trois ans.

Mais petit à petit, le Compsois hyperactif peut de nouveau faire une activité physique. De l’aviron à la base nautique de Beaucaire, d’où sa maman est originaire et reprise du foot au Stade Beaucairois. « Je faisais gardien de but, c’est vraiment un super souvenir. J’étais tellement content d’être avec mes potes que je ne lâchais rien. Je me débrouillais, je m’appuyais sur ma jambe droite pour sauter et je ne tirais pas les six mètres », se souvient Guilhem avec ce sentiment de pouvoir s’amuser comme n’importe quel petit garçon.

"J’ai toujours vécu comme ça donc je ne peux pas comparer"

Le regard des autres, le jeune gardois va davantage en souffrir au collège, « comme j’étais en béquilles, on me posait beaucoup de questions. Mais j’étais bien entouré et ma bande de potes m’a permis de passer outre. Comme je dis souvent, je préfère avoir eu ce problème à 8 ans qu’à 18 ans car ça aurait été plus dur de l’accepter. J’ai très peu de souvenirs d’avant. J’ai toujours vécu comme ça donc je ne peux pas comparer. » Sa jambe droite fonctionnant normalement, Guilhem peut donc se tenir debout et malgré tout marcher. Le fauteuil, il utilise quand il est fatigué et surtout depuis qu’il a découvert le handisport.

Ne pouvant plus de faire de foot à haut niveau et n’éprouvant que peu de plaisirs aux entraînements de natation, il découvre le tennis fauteuil à 18 ans. Alors référent au comité départemental handisport, Vivien Fournier l’initie à cette pratique, « j’ai accroché et c’est parti de là ! ». Guilhem est un compétiteur. Alors dès 2016, il se fixe un objectif : participer aux Jeux Paralympiques de Paris 2024. Tournoi juniors, circuit international, l’Arlésien de naissance gravit les échelons jusqu’à atteindre le top 80 mondial en deux ans de pratique.

"En double... on peut créer la surprise"

La longue trêve du covid est bénéfique pour lui car il en profite pour travailler énormément sur le plan physique. N’ayant jamais pratiqué de tennis, Guilhem se démarque surtout sur son côté combatif, sa détermination et sa capacité à maintenir les efforts sur la durée. Car il ne s’agit pas simplement de renvoyer la balle, il faut aussi bouger le fauteuil pour bien se placer. N’étant pas en permanence sur le fauteuil, il a fallu s’habituer au maniement. Le triple champion de France a fait le nécessaire pour pouvoir se qualifier aux Jeux sans trop de difficultés.

Guilhem Laget tennis fauteuil
Guilhem Laget avec le capitaine Yannick Noah.  • Marine Andrieux / FFT

« Je suis énormément fier du parcours accompli et très reconnaissant de ceux qui m’ont aidé, c’est assez exceptionnel », réagit l’intéressé qui a donc atteint son objectif après huit ans de travail acharné. Celui qui arrive avec l’étiquette de 23e joueur mondial et numéro 3 français ne veut pas s’arrêter là. En lice sur le tableau simple, le 30 août et en double à partir du lendemain, le rêve d’une médaille s’arrêtera à la moindre défaite. « L’ambition serait déjà de passer un ou deux tours en simple et en double, on est une paire très piégeuse, on peut créer la surprise. On est outsider, on n’a pas grand-chose à perdre », confie Guilhem qui souhaite évidemment participer le plus longtemps à cette fête qui débutera le 28 août par la cérémonie d’ouverture avec un défilé sur l’avenue des Champs-Élysées.

Noah : "Il nous aide beaucoup"

« L’objectif établi, c’est de prendre des marques pour jouer une médaille à Los Angeles en 2028 », ajoute le licencié du Tennis Club Grau-du-Roi même s’il s'entraîne à Paris depuis 2023. Sur la terre battue de la Porte d’Auteuil, qu’il connaît pour avoir participé à deux reprises au tournoi de Roland-Garros, il pourra compter sur le soutien de sa famille. Et également d’une légende des lieux, un certain Yannick Noah, capitaine de l’équipe de France de tennis fauteuil, « il nous donne des conseils tactiques, on se rend compte vraiment de la chance que l’on a de l’avoir, il nous aide beaucoup. »

Des parathlètes qui espèrent profiter d’une deuxième vague après l’incroyable engouement des JO et évoluer avec un fort soutien du public. Ce qui n’est pas le cas habituellement. Réserviste pour la police nationale, chargé de faire découvrir les métiers de la police lors de grands événements, Guilhem sera un ambassadeur pour le Gard durant ces jeux. « Un honneur », pour ce passionné de course camarguaise, très attaché aux traditions locales, qui promet de « montrer le meilleur visage possible durant ces Jeux. »

Corentin Corger

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