FAIT DU JOUR Depuis 1856 une même famille fabrique des chaises à Vallabrègues
Au milieu du 19e siècle, quand l'atelier Lacroix s'installe dans la petite commune de Vallabrègues, de nombreux artisans travaillent sur place. Après 163 ans, le chaisier est toujours présent dans la commune, dans ces mêmes ateliers.
Du saule, de la paille, à l'époque les chaises qui sortent de l'atelier sont avant tout fonctionnelles. Elles sont réalisées avec des matériaux qui poussent à proximité et des artisans de l'atelier installés à deux pas de la mairie.
Rapidement toutefois le saule s’avère ne pas être assez solide alors il est remplacé par du hêtre et du chêne. La paille vient bien sûr de la Camargue, dans le sud du delta du Rhône.
Année après année, puis décennies après décennies, les chaisiers Lacroix voient leur réputation croître. Leurs chaises paillées sont fabriquées artisanalement depuis toujours. Elles se doivent d'être à la fois confortables, mais aussi solides. C'est pour cela que cinq générations d'ébénistes se sont succédé dans l'atelier. Des hommes qui continuent de réaliser et de perpétuer des gestes ancestraux.
Sur place, l'atelier est noyé dans un écrin de verdure. Il s'est agrandi bien sûr, mais il reste toujours au même endroit, tout à côté d'un show-room à découvrir.
Aux côtés de Sylvain et Jean-François, les deux frères qui ont pris la succession de leur père, travaillent trois chaisiers qui ont fait quasiment toute leur carrière ici. Pas de turn-over, mais un travail en équipe ou chacun et polyvalent. Alors, dans l'atelier des machines à commande numérique côtoient des outils et accessoires qui semblent être là depuis toujours. Effectivement chacune des 1 000 à 1 500 chaises qui sortent de leurs ateliers est façonnée et montée manuellement. Une vraie garantie d'authenticité pour cet atelier qui est labellisé "Entreprise du patrimoine vivant".
Sans renier les progrès techniques, les frères Lacroix sont des amoureux du travail bien fait cela se voit. Ils savent aussi s'engager en faveur du milieu naturel : tous les bois employés sont certifiés par l'Office National des Forêts conformes aux chartes de protection de la nature.
Aujourd'hui la gamme de chaises se déploie sur dix modèles différents, de la Fermière à d’autres qui se sont notamment inspirés des peintres Monet ou Van Gogh. « Certaines sont plus sculptées ou sophistiquées que d'autres. Toutefois, si la fermière reste la plus basique de nos chaises, on sait à l'atelier que c'est aussi celle sur laquelle les gens vont s’asseoir le plus souvent. Celle qui sera la plus manipulée au fil des ans », explique Sylvain Lacroix. Des chaises qui sont l’activité historique de la maison Lacroix. C’est pourquoi les clients disposent d’une gamme très étendue de collections, chacune pouvant se décliner en modèles de chaises, fauteuils, banquettes, tabourets… Avec des finitions à choisir, brut, vernis, patiné, coloré…
Depuis quelques années déjà ce chaisier s'est fait ébéniste et réalise, sur commande, tous les meubles de la maison. Table de salon, console, canapé, table à manger, meuble télé, radassier... Tout est possible avec des chaises assorties au design des meubles. « Les chaises sont notre cœur de métier, mais nous travaillons aussi beaucoup, sur commande pour des professionnels (restaurant, maison d’hôtes...) ou des particuliers qui veulent se faire plaisir », poursuit Sylvain Lacroix.
Pour la fin de cette année, la petite mais ancienne entreprise va connaître une grande évolution en passant à l’ère du numérique pour permette aux clients d'acheter des chaises sur internet.
Aujourd'hui les clients doivent encore venir se perdre dans Vallabrègues, venir toucher, essayer les chaises, sentir les odeurs de bois, découvrir les patines, les paillages... un charme certain.
Franck Chevallier