FAIT DU JOUR Juan Bautista : "Arles aura la meilleure feria !"
Elle doit avoir lieu les 11, 12 et 13 septembre prochains dans la ville d'Arles. La Feria du riz sera la première feria de la saison. Sans fête dans la rue, le directeur des arènes espère que la fiesta brava irrigue de sa passion le coeur de la cité du lion. Interview.
Comment allez-vous ?
Bien mais c'est une situation exceptionnelle, incroyable. Je n'ai pas vu de corrida de l'année ! Heureusement qu'avec les propriétés je vois des toros au campo toute la journée et tous les jours mais c'est une saison très dure pour tout le milieu et pour l'ensemble du secteur... Qui aurait dit en septembre dernier que nous en serions là ?
Vous aviez annoncé en janvier dernier l'intégralité de la saison arlésienne. Évidemment, tout a été bousculé...
Comme chaque année notre temporada était annoncée dans sa totalité et elle était vraiment superbe. Tout était calé : les lots de toros étaient prêts, les toreros heureux de venir... Puis tout cela est arrivé. Les aficionados ont soutenu la filière autant que possible avec des dons, l'organisation de petites journées et cet élan de générosité a permis de limiter la casse mais rien n'est facile actuellement.
Hier avait lieu un événement particulier spécifique à Arles...
En effet. C'était la première course camarguaise de la saison et ça sera... la seule de l'été mais c'est une tradition. En juillet et en août, habituellement, la direction des arènes doit organiser deux à trois courses par semaine pour que les jeunes de l'école puisse s'exercer et que les touristes puissent avoir accès à cette tradition camarguaise. Je voulais cette année que les jeunes Arlésiens foulent le sable des arènes au moins une fois dans la saison. C'est fait.
La Feria du riz approche. Les modifications apportées aux cartels sont-elles convenables ?
En réalité, nous avons même augmenté cette feria car à l'origine il ne devait pas y avoir une novillada mixte mais une novillada sans picador. Cette course est devenue 100 % arlésienne et nous avons même rajouté la Cocarde d'or en ouverture car elle a traditionnellement lieu le premier lundi de juillet. Les cartels sont prestigieux, toutes les traditions sont représentées, les encastes sont variés et originaux.
Alors, vous avez fait l'essentiel pour qu'Arles puisse voir une vraie belle feria ?
Oui, les cartels sont forts et originaux. J'ai essayé d'avoir une attention particulière envers toutes les sensibilités. Les professionnels ont tous joué le jeu car ils comprennent parfaitement le problème et les enjeux. C'est leur passion, ils ont également envie de travailler car c'est leur activité première. Pour la jauge fixée à 4 000 spectateurs, on fait avec. Elle est moindre que pour une corrida classique mais on s'adapte. On négocie et c'est normal.
Moins de la moitié d'un amphithéâtre rempli... Mais l'engouement est-il réel à la billetterie ?
Oui ! Nous avons mis à la vente 4 000 places, pas plus. Cette contrainte a dû forcer les gens à s'abonner pour être sûr d'assister aux spectacles et nous avons déjà un millier d'abonnés pour cette feria. Les aficionados sont en manque et on le ressent. La première semaine, tout le monde s'est précipité sur les abonnements. Maintenant ça s'est un peu calmé. Certainement à cause de l'évolution sanitaire dans les Bouches-du-Rhône... Il y a de l'inquiétude.
Pensez-vous possible de demander une dérogation pour accueillir plus d'aficionados ?
Le nouveau maire, Patrick de Carolis, est un aficionado. Dans les Bouches-du-Rhône comme dans le Gard, nous avons la chance d'avoir des préfets qui sont aficionados et qui comprennent notre discours. Toutes ces personnes nous ont guidés, accompagnés dans les préparatifs mais, au vu de l'évolution de la pandémie de covid-19, je n'ose pas demander aujourd'hui une extension de la jauge fixée à 4 000 personnes. On verra si la semaine précédant la feria les choses se sont nettement arrangées.
Comment va se dérouler l'entrée et la sortie des arènes ?
Nous réfléchissons actuellement. Nous allons demander aux spectateurs de venir un peu plus tôt dans les arènes et de repartir un peu plus tard pour espacer les entrées et sorties de spectacles. Afin d'égayer ces moments d'attente, nous préparons des animations qui dureraient une trentaine de minutes si cela est possible.
Finalement, vous êtes contraints d'évoluer. Un mal pour un bien ?
En tout cas on innove ! Les mesures sanitaires sont assez strictes mais toutes les réunions en préfecture et en mairie se sont bien passées. La Ville s'adapte aussi à nos problèmes. Les commerçants sont toujours présents et eux aussi jouent le jeu. Une feria, même sans fête dans la rue, c'est toujours mieux que rien mais ce week-end ne sera pas un week-end de feria comme on les connaissait... Certes la feria sera moins festive mais dans les arènes elle pourra être conviviale, c'est déjà ça ! Autant s'adapter maintenant car qui nous dit que pour la prochaine feria de Pâques on ne devra pas s'organiser de la même manière ?
Parlons cartels. Cette corrida concours de ganaderia fait parler. Pourquoi ?
On n'arrive jamais à faire exactement ce qu'on veut ! La situation a énormément changé. Notre saison était ficelée mais nous voulions tout de même avoir la qualité et l'originalité. Les toreros que vous verrez à Arles, ne toréeront pas ailleurs ! El Juli, qui torée un peu moins dans le coin ces derniers temps, participera à la deuxième corrida concours de sa carrière qui est pourtant longue ! On dira toujours que les élevages sont habituels pour ces figuras mais il y aura du spectacle et l'obligation des trois rencontres avec le cheval du picador dans la longueur des arènes. En plus, un élevage français, Pagès-Mailhan, sera de la partie. Paco Ureña a triomphé l'an passé et Adrien Salenc se présentera à Arles.
Le dimanche, en clôture, le mano a mano sera très spécial...
En effet, c'est la première fois qu'ils seront en mano a mano. Diego Ventura devait venir en avril pour un seul contre six. Antonio Ferrera devait lui aussi être là à Pâques. Ce sont tous les deux les grands triomphateurs de la saison passée et ce cartel est tout à fait intéressant car il mélange les sensibilités.
Mais il y a toujours des mécontents...
Vous savez, que tout le monde soit content n'est jamais possible mais l'essentiel est de toucher un maximum de goûts différents, surtout actuellement. Il manquera toujours quelque chose mais je suis sûr que cette Feria du riz sera une grande feria ! Arles aura la meilleure feria. Nous avons les meilleurs cartels mais aussi les plus originaux. Espérons seulement que la situation ne s'aggrave pas et qu'on se retrouve aux arènes pour vivre des moments forts !