FAIT DU JOUR Le campus connecté du Vigan deviendra pôle d'enseignement supérieur à la rentrée
Créé en 2019, le campus connecté du Vigan accompagne les personnes qui ne peuvent mener d'études supérieures dans des structures trop éloignées pour elles. Trente étudiants y étaient encore inscrits cette année, tandis que de nouveaux locaux sont en préparation. Avec les instituts de formation aux métiers d'infirmier et d'aide-soignant, ainsi qu'une licence dédiée, le campus traverse la rue pour devenir pôle d'enseignement supérieur. Une croissance attendue pour la rentrée prochaine.
Il n'y en avait que treize au niveau national lors du lancement, en 2019, dont trois en Occitanie. Et Le Vigan était de ceux-là. "Aujourd'hui, il en existe 89 dans toute la France", recense Rachid Mdaam, coordinateur du Campus connecté du Vigan. Un campus dont le nom aurait été cité en exemple au ministère de l'enseignement supérieur dans "un territoire idoine, loin des grandes agglos, loin des centres urbains", ajoute son coordinateur.
"Le principe, c'est de proposer des lieux pour accueillir des personnes qui font des études supérieures à distance, résume Rachid Mdaam. Avec des tuteurs au niveau académique assez élevé." Ici, le coordinateur ne se cite pas, bien qu'il soit également tuteur avec, à son tableau de chasse académique, un master de sociologie et un autre en STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives). L'autre tutrice, c'est Jana Boivin, en provenance de la République tchèque, mais qui fut professeure et assitante de recherche à l'université Montpellier 3 dès 2001, professeure de français à la Montpellier business school et repartit près de dix ans à la métropole de Prague, avant de revenir en France par Le Vigan.
"Notre vocation n'est pas de garder des jeunes sur le territoire, mais de venir en aide à ceux qui, sans cela, ne pourraient pas faire d'études supérieures"
Rachid Mdaam, coordinateur du Campus connecté
"Ils peuvent être accompagnés dans bien des domaines", poursuit Rachid Mdaam, qui donne la preuve par les chiffres : "Cette année, on avait trente étudiants, du DAEU (diplôme d'accès aux études universitaires, une équivalence du Bac, NDLR) à Master 2, avec même des projets de thèse. Majoritairement en sciences humaines et sociales." Des matières qui se prêtent mieux à la distance car "dès qu'il y a des travaux pratiques, ça devient compliqué, reconnaît Jana Boivin. Les étudiants s'orientent naturellement sur des matières réalisables à distance".
"Notre vocation n'est pas de garder des jeunes sur le territoire, nuance immédiatement Rachid Mdaam. Mais de venir en aide à ceux qui, sans cela, ne pourraient pas faire d'études supérieures, comme de jeunes mamans avec des enfants en bas-âge. Mais cela a aussi un impact sur les néo-bacheliers, alors que seulement 70% font des études supérieures ici, nettement moins qu'au niveau national." La ville universitaire la plus proche, Montpellier, affiche également des tarifs immobilier souvent inaccessibles, même sous forme colocative. Et, pour des personnes qui souffrent de troubles du langage écrits, comme la dyslexie, la dysorthographie et la dysgraphie, les tuteurs peuvent aider à faire progresser leur autonomie.
"On part du principe qu'il faut un tuteur pour douze étudiants"
Rachid Mdaam
"La seule contrainte, c'est le taux d'encardement des étudiants, borne Racid Mdaam. On part du principe qu'il faut un tuteur pour douze étudiants". S'il y a deux tuteurs, il arrive que le nombre idéal soit dépassé. "Mais ça reste des "niches", des effectifs petits, de dix à quarante étudiants. En revanche, le lien est très fort avec le tuteur, c'est justement ce qui doit matérialiser le campus connecté", plaide Richard Mdaam.
Au Vigan, c'est la Ville, menée par Sylvie Arnal (1re adjointe au moment de l'inauguration), qui porte la campus, même si elle est aidée financièrement, notamment par la Région. Raison pour laquelle les deux tuteurs sont agents de la mairie. L'État, pour les cinq premières années, a alloué 300 000 €. "On travaille en concertation avec le rectorat, l'université de Nîmes, et sous l'égide du ministère de l'enseignement supérieur, précise le coordinateur du Campus. On considère les étudiants comme des membres de l'université de Nîmes, même si ce n'est pas exactement cela." Mais ils ont accès à la bibliothèque, peuvent se faire livrer des ouvrages, et les conserver plus longtemps, bénéficient de la même information en orientaton et peuvent assister, quand ça leur chante, aux cours en présentiel.
Installé dans des bureaux de la cité scolaire André-Chamson, le Campus connecté ne nécessitait pas, en lui-même, de nouveaux locaux. "Mais on a désormais des acteurs du territoire qui viennent nous voir pour telle ou telle fonction", des entrepreneurs ou services qui se demandent si le Campus connecté ne pourrait pas proposer une formation en adéquation avec leurs besoins en main d'oeuvre. "On souhaitait aussi faire venir des étudiants d'ailleurs", ajoute Rachid Mdaam. L'idée a (vite) mûri. Et s'est physiquement portée de l'autre côté de la rue, où un ancien Ehpad gisait, à côté de l'accueil de loisirs. En ajoutant les deux espaces, ce sont 850 m2 qui sont actuellement en cours de chantier, pour une fin espérée et attendue pour la rentrée.
L'institut de formation en soins infirmiers (IFSI) accueillera soixante élèves, celui de formation d'aide-soignants vingt-cinq. Une licence professionnelle d'Étude et développement des espaces naturels se crée également. Soit, avec le Campus connecté actuel, 120 à 130 étudiants à l'année dans la deuxième sous-préfecture du département, qui pourront profiter de vfrais pocaux étudiants, avec salles de TD, de visio, espace restauration, espace divertissement, CDI, etc. Le tout pour un budget de rénovation/création de 1,8 M€ (dont 440 000 € de la part de la commune, 660 000 € du Département, 270 000 € du conseil régional et 514 000 € des fonds verts de l'État).
Mais si la structure grandit, "nous ne devons pas en faire un fourre-tout, prophétise le coordinateur. Il y a des besoins spécifiques en matière de formation." Celui des soins médico-sociaux, qu'apportent les deux instituts, personne n'en conteste le besoin sur le territoire, avec une population vieillissante et des personnes vulénrables. Un plan de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) sera entamé en septembre, sur l'ensemble du territoire. Ses résultats amèneront peut-être les formations de demain au sein du nouveau pôle d'enseignement supérieur. Mais déjà, en septembre, la centaine d'étudiants supplémentaires devrait apporter un surplus de vie dans la sous-préfecture.