On est loin du simple marché de potiers. C'est pourtant par ce biais que le festival de la céramique a commencé, déjà sous l'impulsion de l'association Planète Terre. "On a fait le marché environ dix ans, avec des gens qui sont encore dans l'association, témoigne Karine Lopez de Planète Terre. Et puis, on s'est dit que ce serait pas mal de voir plus grand, d'avoir une ambition plus importante, de faire de l'animation et être, en même temps, transmetteurs de savoir-faire, grâce à la démonstration ou aux ateliers." 

Autour de "Zozo" - le regretté Roland Zobel - Denis Caussat ou encore Nicole Le Fur sont "les piliers de départ. Puis, des potiers de Lasalle, Monoblet ou Saint-Hippolyte-du-Fort se sont amalgamés." Aujourd'hui, l'association anduzienne tourne avec 30 bénévoles, tous mobilisés pour installer le parc des Cordeliers aux couleurs du festival depuis jeudi 8 août. 

"On voulait s'élargir au maximum de techniques, et montrer la richesse de la céramique, que ce ne sont pas que des pots, des assiettes et des vases, mais qu'elle est désormais beaucoup utilisée en art contemporain, poursuit Karine Lopez. La céramique est multi-usages." La volonté locale a séduit et on se bouscule désormais pour exposer à Anduze. Des céramistes viennent de Belgique, d'Espagne ou d'Italie en plus de ceux provenant d'autres régions.

En dix-neuf éditions, le succès d'affluence n'a fait que croître. "Historiquement, c'est un territoire de céramiques, explique Karine Lopez, qui voit un lien entre passé et succès populaire. La rue des potiers était la rue Basse, ça faisait partie du quotidien des gens. Et puis, le festival est devenu une des références." Au point d'accueillir, désormais, entre 6 000 et 7 000 personnes dans le week-end. "Les potiers savent qu'ils vont bien travailler en venant", confirme Karine Lopez. 

L'invité d'honneur, cette année comme les autres, reste un artiste contemporain. C'est l'Angevin Benoît Pouplard qui remplit ce rôle pour la 20e édition. "Il exposera une quarantaine de pièces d'un travail qui porte principalement sur la porcelaine", explique Karine Lopez. Ancien chercheur en géologie, l'artiste "travaille avec du céladon pour donner une atmosphère polaire à ses sculptures. La matière est alors un prétexte à montrer quelque chose". 

Pour marquer les 20 ans du festival, Denis Robert tournera un très gros vase d'Anduze au cours de la manifestation, qui devrait être acheté par la commune. Enfin, dimanche recevra la soirée anniversaire : à 19h, les fleurs exécutées par des potiers, et rassemblées dans le bassin du parc, seront vendues aux enchères. La soirée, à 21h, promet un cocktail d'art plastique et de musique au cours d'un spectacle raku punk. "Un mélange de musique, éclairage et cuisson, détaille Karine Lopez. Les pièces prennent feu, c'est une chorégraphie de fusion dans la nuit." 

Au cours du week-end, des ateliers initieront enfants et adultes à la terre. Un concours de tournage aura également lieu entre les potiers inscrits, qui seront jugés sur la réalisation elle-même, leur vitesse d'exécution, et auront même droit à une épreuve à l'aveugle. Enfin, quatre totems seront mis en jeu au cours d'une tombola solidaire, dont les bénéfices iront au collectif Solidarité, qui vient en aide aux céramistes en difficulté, et à la Croix Rouge.

Avec un tel programme, on en oublierait presque que le festival de la céramique est avant tout un moment de rencontre passionnant avec un artisanat, un art, et ceux qui le font tout au long du "marché" des allées du parc des Cordeliers. Et qu'une concentration d'autant de talents est suffisamment rare pour ne pas venir en profiter. 

Ouvert de 9h à 19h, sauf le dimanche, fermeture après les spectacles. Plus d'informations sur www.festival-ceramique-anduze.org