FAIT DU JOUR L'EPIDE à Nîmes : "Une maison magique" pour la directrice générale Nathalie Hanet
L’Etablissement Public d'Insertion de la DEfense a accueilli près de 30 000 jeunes depuis sa création en 2005. L’EPIDE contribue à la lutte contre l’exclusion professionnelle des jeunes éloignés de l’emploi et, par-delà, à la cohésion sociale. Présent dans de nombreuses villes de France, l'établissement va prochainement ouvrir ses portes à Nîmes. La directrice générale Nathalie Hanet nous explique le fonctionnement de l'EPIDE et fait quelques révélations sur son arrivée dans la capitale du Gard.
ObjectifGard : Pouvez-vous nous présenter plus précisément L’EPIDE ?
Nathalie Hanet : L’EPIDE est un établissement public administratif crée il y a une dizaine d'années. Aujourd'hui, cela représente 18 centres répartis dans toute la France, demain ce sera 20. L'objectif est de proposer à des jeunes de 18 à 25 ans, un parcours de retour à l'emploi sur une durée de 8 à 9 mois en moyenne. On fonctionne sous le principe d'un internat de semaine, du lundi au vendredi. Les jeunes bénéficient d'un accompagnement global par des équipes pluridisciplinaires durant tout leur séjour.
OG : Quelles sont les compétences précises de ces équipes pluridisciplinaires ?
N. H. : Nous avons des formateurs en informatique, en sport, en mobilité... Pour les tâches quotidiennes, des moniteurs sont présents et accompagnent les jeunes. Enfin, des conseillers éducatifs sont chargés de l'accompagnement social notamment pour toutes les questions de santé, d'éducation civique, de prévention mais aussi pour tout ce qui concerne les problèmes d'addictions. Toutefois, chaque parcours est unique et une grande part est consacrée à la personnalisation de l'accompagnement. Des jeunes sortent du dispositif au bout de 4 mois et d'autres en 11 ou 12 mois. C'est pour cela que l'on parle de moyenne de parcours de l'ordre de 8 à 9 mois.
OG : En quoi l'EPIDE est différent de l'Ecole de la deuxième chance ?
N. H. : Les jeunes sont généralement dans des situations similaires. Le contenu des parcours est aussi assez semblable pour toutes les questions de remise à niveau, mais il y a deux grosses différences. D'abord, sur le dispositif de l'école de la deuxième chance, l'accueil est en journée. Sur les centres EPIDE, on propose un internat sur la semaine. Et nous avons opté pour un parcours citoyen fort qui sensibilise le jeune homme sur l'apprentissage du vivre ensemble, sur le respect de soi et des autres et sur les questions de motivation.
OG : A ce stade, peut-on mesurer l'efficacité ?
N. H. : Bien entendu, on constate après une dizaine d'années que les résultats sont probants. Plus d'un jeune sur deux est de retour à l'emploi ou a bénéficié d'une formation qualifiante. Et c'est important de le préciser : 60% d'entre eux à la base n'avaient aucun diplôme même pas le Brevet des collèges.
OG : Combien de jeunes sont présents dans les établissements ?
N. H. : Les chiffres diffèrent d'un établissement à un autre. Dans les plus petits, nous avons une soixantaine de jeunes. D'autres peuvent aller jusqu'à plus de 200. Je peux vous annoncer que nous allons augmenter d'ici la fin de l'année 2015 nos capacités d'accueil à hauteur de 25% supplémentaires, c'est très important et cela prouve que ces parcours fonctionnent.
OG : Quelle sera la configuration de l'établissement à Nîmes ?
N. H. : Nous travaillons sur le dossier très activement mais je peux vous dire qu'il devrait pouvoir accueillir de l'ordre de 150 jeunes.
OG : Quelle est la date d'ouverture à Nîmes ?
N. H. : Les travaux démarrent et comme vous le savez, nous ne maîtrisons pas parfaitement l'agenda. Nous avons bon espoir d'ouvrir dans un an, à la fin de l'année 2016 ou au plus tard, tout début 2017.
OG : Comment sont financés les différents EPIDE dans toute la France ?
N. H. : 60% est financé par le ministère de l'emploi et 40% par celui de la ville. Nous ferons le nécessaire afin que la région participe aux investissements de l'établissement nîmois. Nous sommes d'ailleurs en partenariat avec 3 régions à ce jour mais plutôt sur des questions d'accès aux formations. Les modalités de coopération avec la nouvelle grande région Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées seront à définir.
OG : Quelles sont les critères d'intégration des jeunes ?
N. H. : Les critères de recrutement sont simples mais essentiels à la fois : il s'agit de recruter des jeunes volontaires et motivés. Il faut déjà accepter le principe de l'internat, être prêt, à s'investir tout au long des longues journées de travail qui débutent souvent des 6h30 du matin et se terminent vers 23h le soir, participer très activement aux différents ateliers de réinsertion. Nous avons un processus de recrutement drastique pour détecter la motivation à ces jeunes. Il leur faut candidater par Internet, participer aux visites de l'établissement, rencontrer des volontaires déjà présents, se rendre disponible pour la série d'entretiens d'évaluation, à la visite médicale sur les aptitudes sportives, ...
OG : Est-ce gratuit pour les familles de ces jeunes ?
N. H. : C'est gratuit, mais en plus chaque jeune bénéficie d'une allocation de 210 euros par mois. En sus, 90 euros par mois sont capitalisés et restitués en fin de parcours à condition d'avoir trouvé un emploi. S'ils sortent les mains dans les poches, la prime de 90 euros n'est pas remise.
OG : Quel est le coût pour l'Etat ?
N. H. : L'ensemble des dépenses par jeune dans ce dispositif est de 23.000 euros. C'est vraiment peu si l'on considère la situation d'échec de ces jeunes et les éventuelles ressources qu'ils bénéficiaient jusque-là que ce soit l'allocation chômage, les aides sociales, ...
OG : Quelques mots sur vous pour terminer. Quel est votre regard sur la réussite de l'EPIDE ?
N. H. : Je suis directrice générale de l'EPIDE depuis un an très précisément. Après avoir été au cabinet du ministère du travail, à la direction de Pôle Emploi à sa création et avant cela à la tête de plusieurs groupements d'associations, je peux dire que ce nouveau challenge m'épanouit pleinement. Cette maison est magique, j'ai le sentiment de participer avec mes équipes à l'accomplissement d'une mission d'État essentielle et indispensable. Et puis, avec les agents, c'est une véritable gratification à chaque fois qu'un jeune s'en sort ! La plus belle réussite, je crois, c'est d'avoir 40% des jeunes qui intègrent cette école par le bouche-à-oreille.
Et aussi :
Pour la députée du Gard, Françoise Dumas : "Dans une région confrontée à un fort taux de chômage, en particulier chez les jeunes, la création d’un nouveau centre EPIDE à Nîmes permettra de compléter les dispositifs déjà en place, dont l’École de la 2e chance. Des jeunes volontaires de 18 à 25 ans, issus du réseau Éducation nationale et missions locales seront accueillis pour être accompagnés dans la réussite de leur projet social et professionnel grâce à un parcours adapté et individualisé et un encadrement renforcé. La République reconnaît ses enfants et tend ses bras. Cette décision prise par le gouvernement démontre, si besoin en est, l’attention qu’il porte à la question de l’emploi. Cette mesure est un signal fort envers les jeunes gardoises et gardois."
Pour le président de Nîmes Métropole, Yvan Lachaud : "Ces établissement publics d’insertion pour l’emploi offrent aujourd’hui une deuxième chance à des jeunes qui retrouvent en plus d’une formation, trouvent des repères, la confiance en eux, et la conscience de leur utilité au sein de notre société. Offert à des jeunes volontaires, ce dispositif propose un cadre strict et rassurant qui permet de garantir l’estime de chaque individu par la valeur de son travail et de ses efforts. Des valeurs qui bien souvent sont loin d’être mises en avant dans le cadre d’une société de la consommation où seul l’argent et l’attitude comptent. Dans le rapport parlementaire sur le traitement judiciaire de la délinquance des mineurs, j’avais défendu la nécessité de redonner à notre jeunesse, les outils pour sortir de la spirale de la délinquance et rappeler qu’elle n’était pas une fatalité. Je suis heureux que Monsieur le Préfet du Gard ait positionné Nîmes, avec Toulouse, et après Marseille et Bordeaux, sur ce terrain de l’insertion qui va, encore un peu plus, renforcer les liens entre l’armée et la population de notre territoire. La communauté d’agglomération, compétente en matière d’insertion, est prête à s’engager dans ce projet."
Propos recueillis par Abdel Samari