FAIT DU JOUR "Les maires ruraux sont de plus en plus fragilisés"
Sur les 36 000 communes que compte notre pays, 33 500 sont rurales, avec des problématiques souvent différentes des zones urbaines et des élus qui se retrouvent de plus en plus souvent dans des situations délicates.
Des maires dont la situation préoccupe l’Association des maires ruraux de France, présidée dans le Gard par le maire de Saint-Etienne-des-Sorts Didier Bonneaud.
Les raisons de la colère
« Les maires ruraux sont de plus en plus fragilisés », s’inquiète le directeur de l’association au niveau national Cédric Szabo, de passage à Saint-Etienne-des-Sorts. Et le directeur, qui trouve ce phénomène « très préoccupant », dénonce « le cortège des évolutions législatives qui ne s’arrête jamais, avec au moins une loi par an qui impacte les communes. » Un aspect difficile à gérer pour les édiles de communes souvent isolées, et trop petites pour être équipées de services municipaux ad hoc, d’autant que « 60 % des maires ruraux travaillent à côté, ce qui complique les choses », note Cédric Szabo.
A cela s’ajoute les transferts de compétences parfois mal perçus. Ainsi, alors que les préfets ont dû adopter le mois dernier les nouveaux Schémas de coopération intercommunale, avec souvent des regroupements forcés d’intercommunalités, « la majorité des communes de France ne l’ont pas approuvé, les maires ruraux se voient en majorité imposer une carte », affirme Cédric Szabo.
Par ailleurs, les communes rurales doivent faire face, comme toutes les communes d’ailleurs, à la baisse importante des dotations de l’Etat. « Mais pour elles c’est une double peine, lance Cédric Szabo. Les dotations sont calculées selon un mécanisme très défavorable aux communes rurales au profit des métropoles. Plus la commune est petite, plus la dotation par habitant est petite. » Un système que l’Association des maires ruraux de France dénonce depuis très longtemps : « il n’est pas normal qu’un habitant de Saint-Etienne-des-Sorts valle moins qu’un habitant de Nîmes ou d’Alès. »
Et si sur ce dernier point « on est en train de gagner, l’Etat a pris l’engagement en 2016 de considérer tous les habitants de la même manière, se réjouit le directeur national de l’AMRF, il faut encore que les parlementaires aient le courage de défendre cette égalité. »
« On a des idées, des solutions »
Si tous les voyants ne sont pas au rouge, l’ambiance n’est pas à la fête chez les maires ruraux : « on constate une forme de résignation, avec un grand nombre d’élus qui démissionnent », note Cédric Szabo. Ainsi, près de 700 élus municipaux avaient rendu leur écharpe tricolore au début de l’année dans le Gard, moins de deux ans après les dernières élections municipales. Alors l’AMRF tire la sonnette d’alarme : « on est allés au ministère de l’Intérieur, à l’Elysée, on est là pour leur dire de faire attention, qu’ils sont en train d’affaiblir la commune et l’élu. La démocratie est notre bien commun, et si on affaiblit le premier contact que la population a avec la République, le maire, ce n’est pas bon. »
Des maires ruraux qui restent encore « pour beaucoup hors des écrans radars, selon la formule de Cédric Szabo. Alors on vient les sortir de leur isolement, on les invite à s’exprimer, on fait beaucoup d’information. » Si au niveau national 10 000 maires sont membres de l’association, dans le Gard ils ne sont qu’une petite cinquantaine. « Ce n’est pas suffisant, pour le président gardois Didier Bonneaud. Alors nous travaillons sur un plan d’actions. » Un plan qui passe notamment par le recrutement d’un permanent pour chercher et fédérer les maires ruraux et la mise en place d’une structure régionale.
Le tout pour « devenir des acteurs importants dans les décisions de demain, affirme Didier Bonneaud. On a des idées, des solutions. On est une réserve de croissance. Et qui connaît le mieux les territoires que les maires ? »
Thierry ALLARD