FAIT DU JOUR Nîmes Olympique : Stade de Reims, le rival de toujours
Même si les deux équipes sont géographiquement éloignées, elles se sont souvent retrouvées sur les mêmes champs de bataille. Retour, en cinq matches, sur une histoire commune où le bonheur de l’un a souvent fait le malheur de l’autre.
Si ces deux équipes étaient voisines, les derbys seraient chargés d’anecdotes, de grands moments et de mémorables désillusions. Nîmes et Reims ont croisé le fer à de multiples reprises pour : le titre de champion de France (1951, 1958, 1959, 1960 et 1962), la finale de la Coupe de France (1958), une place en Coupe d’Europe (1971), le maintien en D1 (1964, 1965 et 1978), la montée en D1 (1968, 1983, 2017 et 2018) et le maintien en Ligue 2 (2009). Voici cinq rencontres que nous avons retenu dans la grande liste des affrontements entre Reims et Nîmes.
1958, finale idéale et scénario catastrophe
En cette année de Coupe du Monde en Suède, la finale de la "Vieille Dame" oppose le champion de France au vice-champion. C’est l’affiche idéale entre les deux meilleures équipes françaises de la saison. Les Rémois sont favoris mais ils n’ont pas oublié leur défaite (3-0) au stade Jean-Bouin, en championnat. Ce match est prometteur mais il va tourner court. À la 13e minute, alors qu’il fait une passe à Emilio Salaber, le demi-droit (milieu de terrain) nîmois André Schwager se blesse au genou gauche et doit quitter ses partenaires. Les remplacements n’étant pas encore autorisés, les Crocodiles doivent jouer 77 minutes en infériorité numérique. Même s’ils résistent bien, les Gardois craquent en seconde période. Nîmes perd sa première finale de Coupe de France, frustré de ne pas avoir pu la jouer à armes égales et Reims s'offre le doublé coupe championnat, mais sans gloire.
18 mai 1958. Finale de la coupe de France. Stade de Reims – Nîmes Olympique 3-1. Stade : Yves du Manoir (à Colombes). Mi-temps : 1-0. Spectateurs : 56 523. Arbitre : M. Le Menn. Buts pour Reims : Bliard (42e et 89e) et Fontaine (56e). But pour Nîmes : Mazzouz (49e).
Reims : Colonna – Zimny, Jonquet, Giraudo – Penverne, Siatka – Lamartine, Bliard, Fontaine, Piantoni, Vincent. Entraîneur : Albert Batteux.
Nîmes : Roszak – Bettache, Lafont, Venturi – Schwager, Barlaguet – Salaber, Akesbi, Skiba, Mazzouz, Rahis. Entraîneur : Kader Firoud.
1959, Champagne dans les vestiaires
Le Stade de Reims est encore très bien parti en ce début de saison 1959/1960. Les joueurs d’Albert Batteux sont leaders de la D1 et invaincus. Il n’y a qu’une équipe qui s’accroche au train infernal imposé par les Champenois, c’est Nîmes Olympique avec seulement un point de retard. Le choc Nord/Sud passionne la France et il fait la Une de la presse nationale. Ce jour-là, les Rémois disent adieu à leur invincibilité puisque Nîmes s’impose 2-1 au stade Auguste-Delaune grâce à des buts de Bernard Rahis (6e) et Hassan Akesbi (55e). Les Crocos, solides et sans complexe, prennent le pouvoir. Et si cette fois c’était la bonne ?
8 novembre 1959. 16e journée de D1. Stade de Reims – Nîmes Olympique 1-2. Stade : Auguste-Delaune. Mi-temps : 1-1. Spectateurs : 19 062. Arbitre : M. Fauquembergue. But pour Reims : Kopa (15e). Buts pour Nîmes : Rahis (6e) et Akesbi (55e).
Reims : Colonna – Wendling, Jonquet, Siatka – Leblond, Baratto – Berard, Muller, Kopa, Fontaine, Vincent. Entraîneur : Albert Batteux.
Nîmes : Roszak – Bettache, Charles-Alfred, Venturi – Barlaguet, Schwager – Salaber, Akesbi, Skiba, Constantino, Rahis. Entraîneur : Kader Firoud.
1960, le triomphe rémois à Jean-Bouin
Depuis le match aller et la victoire nîmoise, les choses ont évolué. Si les Crocos n’ont perdu que quatre rencontres (Nice, Toulon, Valenciennes et Racing Paris), les Rémois ne se sont inclinés qu’à deux reprises (Valenciennes et Angers). Du coup les Marnais sont en tête de la D1 avec trois points d’avance sur Nîmes. Les joueurs de Kader Firoud n’ont pas le choix : s’ils veulent conserver une chance d’être champion, ils doivent impérativement s’imposer. Mais dans un stade Jean-Bouin à guichets fermés, les Champenois livrent une véritable démonstration et ils l’emportent 3-0. C’en est fini des espoirs gardois et Reims remporte son cinquième titre de champion de France. Pour les Nîmois, c’est encore raté !
1e mai 1960. 35e journée de D1. Nîmes Olympique – Stade de Reims 0-3. Stade : Jean-Bouin. Mi-temps : 0-1. Spectateurs : 15 500. Buts : Biernat (22e) et Piantoni (75e et 86e).
Nîmes : Roszak – Bettache, Charles-Alfred, Bandera – Barlaguet, Djebaïli – Rahis, Salaber, Constantino, Skiba, Akesbi. Entraîneur : Kader Firoud.
Reims : Jacquet – Wendling, Jonquet, Siatka – Leblond, Rodzik – Biernat, Muller, Kopa, Piantoni, Vincent. Entraîneur : Albert Batteux.
1983, Un duel pour le paradis
En 1983, les années fastes sont loin pour les deux anciens grands de la D1. Ils sont embourbés dans le marécage de la D2. Néanmoins, ils terminent chacun deuxième de leur groupe. Cela leur donne le droit de s'affronter en matches de barrages (D2/D2) aller retour, avant de pouvoir défier le 18e de la D1 en barrage (D1/D2). Si Nîmes est arrivé avec un retard de cinq points sur Rennes, le Stade de Reims n’a raté la montée directe qu’au goal-average au profit de Toulon. Nîmes remporte la première manche 3-1 avec des buts de Juan Herrero (1e), Christian Perez (14e) et Claude Goudard (88e).
« Un match fantastique, c'est un de mes meilleurs souvenirs de joueur »
Pour le match retour, c’est la grande explication et tout Reims attend de remonter dans l’élite quatre ans après l’avoir quitté. Il suffit aux Champenois de gagner 2-0. La rencontre est âpre et tendue. Le SR domine mais ne trouve l’ouverture qu’à la 82e minute. La fin de la rencontre est étouffante et crispante. Si les joueurs locaux marquent un second but, ils élimineront les Crocos. Rémi Fontanelli portait les couleurs nîmoises ce soir-là et il n’a pas oublié : « c'est un bon souvenir car de la famille qui était à Reims était venue me voir jouer. Le match était engagé, un match d'hommes avec une grosse domination de Reims. On arrive à bien tenir et la fin était très très chaude.»
Le Nîmois rentre dans les dernières minutes à la place de Perez pour renforcer la défense gardoise, « c’était dur de rentrer dans un match pareil et pour finir un arrêt exceptionnel de Morisseau qui nous sauve et nous envoie jouer Tours pour une montée inoubliable ». Nîmes écarte Reims de la course à la montée. « Un match fantastique, c'est un de mes meilleurs souvenirs de joueur. Nous avions beaucoup souffert mais nous avions tous été héroïques » se souvient Gilles Morisseau. Les Crocodiles sont promus quelques jours plus tard après une victoire mémorable contre Tours. Quant aux Rémois, ils doivent attendre 2012 pour retrouver le plus haut niveau français.
3 juin 1983. Barrage D2/D2 (match retour). Stade de Reims – Nîmes Olympique 1-0. Stade : Auguste Delaune. Mi-temps : 0-0. Spectateurs : 16 141. Arbitre : M. Lartigot. But : Kiefer (82e).
Reims : Velud – Weis, Arribart, Haution, Prince – Abreu, Vercruysse (Gianetta, 55e), Jaffres, Lechantre – Bertolino, Kiefer. Entraîneur : Pierre Phelipon.
Nîmes : Morisseau – Fournier, Decilia, Deledicq, Lopez – Castagnino, Nygaard, Justier – Perez (Fontanelli, 84e), Van Gool (Herrero, 78e), Goudard. Entraîneur : Pierre Barlaguet.
2009, la bagarre du siècle
Plus les années passent et plus les deux équipes se rencontrent pour des enjeux de plus en plus bas. Cette fois c’est pour se maintenir en Ligue 2. Au matin de la 32e journée : les deux équipes sont respectivement 19e (Reims, avec 30 pts et un match en retard) et 20e (Nîmes avec 30 pts et trois points de retard sur le 17e). Comme prévu, les débats sont très serrés. Les locaux ouvrent le score en première période par l’intermédiaire de Cédric Fauré et Nîmes égalise en fin de match grâce à Jean-Jacques Mandrichi. Mais dans le temps additionnel, la partie s’embrase. Monsieur Guillard, l’arbitre, oublie une faute du Rémois Brahim Thiam qui s’en va marquer le but de la victoire champenoise.
« Je me sens violé ! »
C’est l’étincelle et les provocations de Fabrice Harvey, le directeur commercial de Reims, font exploser la colère des Nîmois qui crient à l’injustice. Une bagarre générale est déclenchée devant les caméras et les images font le tour des journaux télévisés. Des supporters nîmois tentent même de pénétrer sur la pelouse pour en découdre. Dans le journal "L’Équipe", Jean-Michel Cavalli, l’entraîneur nîmois, s’emporte : « Je me sens violé ! J’ai été attaqué dans le dos et jeté à terre ». La commission de discipline a la main lourde et les sanctions pleuvent dans les deux camps.
À Nîmes, Jérôme Arpinon, l’entraîneur adjoint, est interdit de banc de touche, de vestiaire d’arbitre et de fonctions officielles jusqu’au 31 décembre. Mickaël Colloredo, Mehdi Mostefa, Jean-Jacques Mandrichi et Johan Cavalli sont suspendus pour les deux derniers matches de la saison. Jean-Michel Cavalli écope de deux matches avec sursis et le NO doit payer une amende de 75 000€. Ce soir-là, Reims gagne une bataille mais perdra la guerre. Car à la fin de la saison, Nîmes se maintien en L2 et les Champenois tombent en National.
17 avril 2009. 32e journée de Ligue 2. Stade de Reims – Nîmes Olympique 2-1. Stade : Auguste Delaune. Mi-temps : 1-0. Spectateurs : 12 302. Arbitre : M. Guillard. Buts pour Reims : Fauré (24e) et Thiam (90e+4). But pour Nîmes : Mandrichi (78e). Avertissements à Reims : Tacalfred (40e), Giraudon (78e) et Thiam (78e). Avertissements à Nîmes : L. Liron (55e), Mostefa (84e), Bayod (86e) et Keita (90e+6).
Reims : Agassa – Tacalfred, Thiam, Barbier (cap), Giraudon – Gamiette, Fontaine (Didot, 64e), Kamissoko, Y. Sankharé – Arrache (Kermorgant, 60e), Fauré (Fortes, 69e). Entraîneur : Luis Fernandez.
Nîmes : Puydebois – Bayod, L. Liron, Roumégous, Zarabi, Sidibé – Mostefa (cap), Keita, Ech-Chergui (Cavalli, 63e) – Ayité (Colloredo, 82e), Mandrichi (Malm, 90e+2). Entraîneur : Jean-Michel Cavalli.
Après toutes ces années à se disputer les mêmes objectifs, Nîmois et Rémois se retrouvent ne nouvelle fois, cet après-midi. Mais il n'est plus question de titre de champion de France ou de Coupe, mais juste de pouvoir se maintenir dans la cour des grands.
Norman Jardin