FAIT DU JOUR Une nouvelle directrice et un institut de l’économie circulaire au CEA Marcoule
Le centre du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Marcoule vient de changer de tête, avec la nomination de Catherine Fillet. La nouvelle directrice va notamment avoir pour mission de mettre sur pied le tout nouvel institut de l’économie circulaire du CEA.
Directrice adjointe du centre CEA Marcoule depuis fin 2017, Catherine Fillet succède à Philippe Guiberteau à la tête du site nucléaire gardois, qui compte 1 500 salariés dont 700 chercheurs. Un nouveau poste pour celle qui est entrée au CEA en 1983 en tant qu’ingénieur sur la recherche et développement dans le domaine des déchets, et de nouveaux défis.
Le premier va être de mettre en oeuvre la nouvelle organisation du CEA entrée en vigueur en février dernier. De la cuisine interne - pas forcément très compréhensible pour le profane - qui voit le centre CEA, ses missions régaliennes comme la sécurité et la sûreté et ses missions de support, rattaché à la direction générale du CEA à Saclay, et les missions recherche et développement et assainissement-démantèlement rattachées à la direction des énergies. « Mais aujourd’hui les équipes se connaissent bien, ça ne change pas grand chose », estime la nouvelle directrice, tout en rappelant que les différentes entités « sont partenaires. »
« Développer une vision intégrée de l’énergie »
Le second sera de mettre sur les rails le tout nouvel institut autour de l’économie circulaire et du recyclage sur lequel le CEA mise beaucoup. Car le CEA a pour volonté « de développer une vision intégrée de l’énergie, dans le nucléaire, les énergies renouvelables et les enjeux du stockage et des réseaux », avance Catherine Fillet.
Cette ambition passe par Marcoule, un centre spécialisé dans le recyclage, « dans le sens du traitement du combustible », précise la directrice. Des compétences que le CEA veut « ouvrir sur d’autres thèmes hors du nucléaire, notamment sur l’économie circulaire, toujours pour les enjeux de l’énergie », poursuit-elle. En clair : le CEA veut sortir du monde du nucléaire, et mettre ses compétences au service de l’énergie bas carbone. « Des analyses qui existent dans le domaine du nucléaire peuvent être utiles dans d’autres domaines, comme la décontamination », ajoute Catherine Fillet.
Pour cet institut, le CEA met les moyens : environ 500 salariés du site y travaillent, plus de 600 si on ajoute les thésards, post-doctorants et stagiaires. « Leur métier reste le nucléaire, mais ils ont cette ouverture à construire sur des domaines en dehors du nucléaire », précise la directrice. C’est cette vision globale qui est nouvelle, et qui s’imbrique parfaitement dans la Cleantech Vallée, l’association qui rassemble les acteurs privés et publics du territoire, comme le CEA, pour porter des actions autour de l’industrie des technologies propres.
300 millions d’euros réinvestis dans l’économie locale chaque année
« Nous sommes impliqués dans la Cleantech vallée et nous avons pour objectif de continuer à le faire », ajoute Catherine Fillet. La même logique vaut pour le campus des métiers du lycée Albert-Einstein de Bagnols « que nous souhaitons renforcer », ajoute la directrice. C’est que l’ancrage local du CEA, notamment dans l’économie locale, est très important. « Sur l’assainissement-démantèlement, les volumes de commande vont se poursuivre, affirme Catherine Fillet. Ces chantiers sont importants, dans les priorités du CEA. » Concrètement, le CEA Marcoule réinvestit 300 millions d’euros par an dans l’économie locale, notamment chez les sous-traitants gardois.
Et que ce soit sur l’économie circulaire, le recyclage du combustible, l’assainissement et le démantèlement, « Marcoule peut être la vitrine du CEA », estime la directrice du site de Marcoule. Un site qui continue également la recherche et le développement sur le cycle du combustible : « C’est un des enjeux forts pour le cycle actuel et pour commencer à préparer le futur, en partenariat avec Orano », présente Catherine Fillet.
L’enjeu in fine est de contribuer à fermer le cycle, pour réduire le volume des déchets ultimes. Les déchets, c’est une des autres priorités du CEA Marcoule, « qui est un acteur très fort dans les domaines de la vitrification et de la cimentation des déchets, avec une recherche et développement très importante », souligne-t-elle. Une compétence « qui a de l’écho avec l’institut et qui nous permettra de gérer des déchets autres que nucléaires », estime la directrice, toujours dans cet objectif de valorisation des compétences « marcouliennes ».
Thierry ALLARD