FAIT DU JOUR Vols de nuit et balles perdues à Pissevin : priorité à la sécurité des chantiers
Alors que deux programmes immobiliers devraient sortir de terre à la rentrée dans les quartiers ouest de la ville de Nîmes, à Pissevin, les entrepreneurs du bâtiment expriment leurs préoccupations au sujet de la sécurité autour des futurs chantiers situés en plein cœur du trafic de stupéfiants.
Les 13 000 habitants du quartier de Pissevin bénéficient d’une grande partie du programme de renouvellement urbain initié à Nîmes ces dernières années, d'un coût estimé à environ 300 millions d’euros.
Jeu de chaises musicales à Wagner
Deux lots de bâtiments abritant des logements et des commerces devraient sortir de terre au mois de septembre. « Le projet est énorme, tout est un jeu de chaises musicales dans ce quartier. On va casser la galerie Wagner, et les trois niveaux de dalles de parking situés sous la place Debussy qui sont des coupe-gorges. Mais on doit d’abord reloger les commerçants. Si on n'y arrive pas, tout est planté », explique Olivier Bonné, adjoint délégué au suivi de la Rénovation urbaine à la mairie de Nîmes. Mais les événements du mois d'août 2023 ont refroidi les entrepreneurs désignés par l'appel d'offres. C’est la raison pour laquelle il faut assurer les entrepreneurs au sujet de la sécurité autour des chantiers et construire les deux nouveaux bâtiments très rapidement.
Deux programmes d'envergure
Dans le secteur "Kennedy sud", à l’emplacement de l’ancien supermarché Carrefour, sur un terrain de 3 800 m² acquis par la SPL Agate pour le compte de la ville de Nîmes, le groupe GGL (Guiraudon, Guipponi, Leygue) a été désigné afin d'aménager 1 000 m² de commerces, 84 logements ainsi qu’un sous-sol connecté au réseau d’eau chaude sanitaire et chauffage de la ville. Un ensemble situé à proximité des deux tours du Crous, de l’avenue Kennedy et du futur poste de police. Les démolitions et le gros-œuvre devrait être finalisés à la fin du mois de mai 2024, les travaux de second œuvre devaient démarrer au mois de septembre, juste après les Jeux Olympiques.
Au bord du périphérique ouest, sur le côté droit du début de la route d'Alès, un deuxième programme immobilier verra le jour dans le même temps, La porte des arts. Le promoteur nîmois STS aménage deux bâtiments et des commerces en rez-de-chaussée. Et puis une maison médicale, en face de la station-service, posée sur une pharmacie. Le démarrage des travaux est prévu au mois de juin 2024 et la livraison fin 2025.
Chantier sensible
Un programme de reconstruction est donc en cours à Pissevin, initié par la destruction des immeubles Petit et Grand Pollux ainsi qu’un parking de 120 places et la mise en route de programmes immobiliers et de relogement. Des entrepreneurs ont été choisis par appel d’offres, mais la mort de Fayed, 10 ans, survenue le 21 août 2023, victime collatérale des trafics de stupéfiants qui gangrènent le quartier populaire nîmois, et puis celle d’un jeune homme de 18 ans 48 heures plus tard, ont suscité de vives inquiétudes chez les entrepreneurs et artisans.
« L’État sera à vos côtés. »
Mathias Nieps
Deux mois plus tôt, on était passé à deux doigts de la catastrophe, à la suite d’un incendie qui s'était déclaré dans l'immeuble Li Bécarut, parti des poubelles situées à proximité d’un point de deal, l'une des quatre tours Wagner où réside la famille du jeune Fayed. Ainsi, plusieurs entrepreneurs et artisans ont suspendu leurs travaux invoquant des conditions de sécurité insuffisantes dans les chantiers.
Vols de nuit et balles perdues
C’est la raison pour laquelle Olivier Bonné a sollicité une aide financière de l’État afin de sécuriser les futurs chantiers qui ouvriront avant l'été lors de la construction de deux projets importants qui comprennent quatre bâtiments, abritant des logements et des commerces. Balles perdues ou vols de nuit sur les chantiers, les entrepreneurs du bâtiment, ont demandé des garanties.
Lors d’une réunion qui s’est tenue ce vendredi 1ᵉʳ mars au siège de la Fédération française du bâtiment (FFB) du Gard, le sous-préfet en charge de la Politique de la ville, a rassuré les entrepreneurs. En plus des patrouilles quotidiennes de la BAC ou des escadrons de gendarmerie mobile, de l’argent a été mis sur la table : « L’État sera à vos côtés. Une enveloppe conséquente a été débloquée, ce qui n’arrive quasiment jamais dans ce cas précis. Elle permettra d’engager des sociétés de gardiennage, d’installer de la vidéosurveillance ou des alarmes sur certains chantiers », a expliqué Mathias Nieps, accompagné d’un policier en charge de la sécurité.
Sécurisation des chantiers
La police nationale propose une assistance aux entrepreneurs afin d’organiser une présence policière et la sécurisation des alentours des chantiers ainsi que la mise à disposition de trois numéros de téléphone disponibles en cas d’urgence. Un dispositif qui a porté ses fruits à Marseille ces derniers mois, notamment autour de la campagne « Ras le Vol », explique le fonctionnaire de police.
Des travaux devraient commencer cet été afin d’ouvrir un poste de police au mois de septembre, qui sera situé place Roger-Bastide, au pied d'un des immeubles aménagés par le groupe GGL (projet Kennedy). Les appels d’offres concernant les deux programmes seront lancés dans les prochains jours vers les entreprises dans le but de démarrer les travaux avant l’été.