FAIT DU SOIR Des chevaux à Marcoule pour entretenir un terrain en attente de construction
Ils sont un peu devenus les mascottes du site nucléaire Marcoule et des habitants de Codolet. Depuis janvier, des chevaux ont fait leur apparition sur un terrain, de l’autre côté de la RD 138, en face de Centraco.
L’emplacement est plutôt original pour un parc mais finalement, autant que ces 7 hectares servent en attendant d’être bâtis. Cyclife, filiale d’EDF dédiée aux enjeux du démantèlement et du traitement des déchets radioactifs, a passé une convention d’éco-pâturage avec l’association de protection animale Equi’libre, basée au Garn.
À l’origine, ce terrain devait accueillir l’extension SoGard de Cyclife pour étendre ses activités industrielles. Finalement, le projet a été déplacé sur une autre parcelle, laissant celle-ci inoccupée. « Un salarié de chez nous a alors évoqué cette possibilité de faire venir des animaux. On a rapidement adhéré. […] Ça fait sens pour nous. On a des industriels, mais on a une tête et un cœur », explique Éric Villatel, directeur général de Cyclife France.
Ravi que les équidés puissent « être réintégrés au paysage local », le directeur général y voit aussi un pas de plus vers la transition énergétique. En effet, les animaux vont pouvoir désherber le terrain de manière totalement écologique.
Un bel écrin vert pour des chevaux au passé difficile
Et ce ne sont pas n’importe quels chevaux qui sont sur ce terrain. Il s’agit de quelques pensionnaires de l’association Equi’libre. Depuis 2000, elle recueille principalement des équidés qui ont eu un passé difficile : « Ça va du cheval qui a été retiré pour mauvais traitement ou abandon par les services vétérinaires, mais aussi rendu par leur propriétaire car trop âgé ou des personnes qui ne peuvent plus les garder après un accident de vie, une perte de travail ou un déménagement… », liste Anne Batailler, présidente d’Équi’libre.
Depuis deux ans, elle reçoit de plus en plus de demandes de placement de chevaux. Mais pour cela, la présidente a besoin qu’on lui prête des prés pour loger toute sa petite troupe. « C’est un véritable coup de pouce ce qu’a fait Cyclife avec le soutien du maire de Codolet », tonne Anne Batailler. La filiale a même aidé financièrement à acheter les abris mobiles et à installer l’eau. Ses sept hectares supplémentaires ont permis de libérer de la place au Garn pour accueillir d’autres chevaux plus en détresse : « Ce partenariat nous a permis de faire quatre nouvelles prises en charge. »
Colonel, Paloma, Melina ou encore Gitane coulent désormais des jours heureux en troupeau dans un grand espace, à Codolet. Des ovins pourraient les rejoindre selon la repousse de l’herbe. Ils devraient rester là encore de longs mois voire plusieurs années, le temps que soit trouvée une solution pour construire ce terrain.
Un terrain bloqué par un passage en aléa fort risque inondation
En effet, ce terrain a été au départ acheté par Cyclife pour y développer ses projets. Classé zone d’aléa modéré pour le risque inondation, il était tout à fait possible de construire dessus. « Mais quand il y a eu le permis de construire, on a eu un porté à connaissance nous signifiant que le terrain était passé en zone d’aléa fort, donc inconstructible », déplore Sébastien Bayart, maire de Codolet.
Depuis mairie et industriel préparent des arguments et se battent auprès des services de l’état pour que le terrain revienne en aléa modéré. Sébastien Bayart avance pour exemple significatif des épisodes exceptionnels de crue : « J’étais là en 2002-2003 quand il y a eu les inondations. À l’endroit même où il y a les chevaux aujourd’hui, les hélicoptères de la Sécurité civile déposait les gens évacués. S’il y avait eu de l’eau, je pense que les hélicoptères ne se seraient jamais posés ici. »
Le combat va se poursuivre jusqu’à l’approbation du PPRI (plan de prévention risque inondation), probablement pour juillet 2022. « Cyclife doit pouvoir continuer ses projets et par la même, créer des emplois », atteste le maire.
Mais l’association Equi’libre peut se rassurer, ses pensionnaires à sabots ne se trouveront pas à la porte du jour au lendemain. « S’il y a besoin de reclasser d’ici là les chevaux, on a quelques morceaux de terrains sur la commune et on les accueillera favorablement. Mais on est parti pour au moins un an et demi - deux ans de bataille juridique », conclut le maire. Les animaux pourront brouter en toute quiétude sous le regard bienveillant des équipes de Cyclife France qui rejoindront à l’été leur tout nouveau bâtiment basse consommation, juste en face.
Marie Meunier
Pour préserver la santé des animaux, l’association demande aux passants de ne surtout pas les nourrir. Elle s’en charge.
Equi’libre cherche des terrains toute l’année pour offrir un cadre de vie paisible et vert à ses pensionnaires. Vous pouvez la contacter au 06 56 82 00 98 ou au 06 13 23 00 07.