Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 30.03.2022 - corentin-migoule - 3 min  - vu 923 fois

GAGNIÈRES Après la résignation, les parents d'élèves entrevoient une lueur d'espoir

L'école de Gagnières est fermée par arrêté municipal depuis ce lundi 28 mars.

Alors qu'un arrêté municipal a acté la fermeture de l'école ce lundi, la mobilisation se poursuit à Gagnières. Reçue par les services du directeur académique des services de l'Éducation nationale (Dasen) ce mardi, une délégation de parents d'élèves est sortie dépitée de l'entretien. Mais dans le même temps, une nouvelle enseignante remplaçante a fait son arrivée pour une durée encore inconnue. Une lueur d'espoir à laquelle se raccroche tout un village.

C'est un drame qui devient hélas trop courant dans nos contrées cévenoles. La continuité pédagogique est rompue depuis déjà bien trop longtemps pour 25 petits Gagniérois (CM1-CM2) qui ne demandent qu'à étudier alors que se profile leur entrée au collège. En cause, des absences non compensées de l'enseignante initiale en arrêt maladie longue durée (relire ici).

Face à cette situation "inacceptable", c'est avec la ferme intention de mettre la pression sur l'Éducation nationale que l'expérimenté maire de Gagnières, Olivier Martin, a pris un arrêté municipal actant la fermeture de l'école publique communale fréquentée par 63 élèves ce lundi 28 mars. Une journée qui s'est révélée riche en rebondissements, puisque si la mobilisation des parents d'élèves prévue en soirée a bien eu lieu, elle a été précédée d'une mauvaise nouvelle.

"Ça leur a mis un coup de masse"

"Dans l'après-midi, sous la pression de l'inspection académique qui était mécontente de mon arrêté, les deux enseignantes restantes ont posé un arrêt de travail", rejoue l'édile gagniérois, évoquant des "pleurs" en abondance. Un coup dur de plus pour cette petite commune cévenole d'un millier d'âmes déjà meurtrie qui allait recevoir le véritable coup de grâce le lendemain.

Ce mardi, à l'initiative d'Olivier Martin, soutenu par de nombreux élus locaux et le sous-préfet de l'arrondissement d'Alès, une petite délégation de sept parents a en effet été reçue à Nîmes par les services du directeur académique des services de l'Éducation nationale (Dasen). Ne sachant pas encore que la situation venait de s'aggraver pour l'école gagniéroise, les parents espéraient faire le trajet retour avec de bonnes nouvelles dans l'escarcelle. Il n'en a rien été !

"Ils sont ressortis comme ils étaient rentrés. Déçus, dépités ! Ça leur a mis un coup de masse. Le désespoir les a envahis. Ils ne croient plus à la République", déplore le maire qui, en 40 ans d'expérience, n'a "jamais vu ça". Et d'enfoncer : "Les services du Dasen n'ont pas masqué leur impuissance. Les parents ont vu des gens en perdition, sans solution."

"On la dorlote, on la chouchoute"

Seulement voilà ! Un ciel gris finit toujours par s'éclaircir et une enseignante remplaçante a joué les rayons de soleil. "Son arrivée en remplacement de celle qui est en arrêt maladie longue durée a fait un bien fou à tout le monde. Ce mardi, c'était l'école du bonheur ! C'était magnifique et ça a procuré un apaisement total en moi", rejoue Olivier Martin. La veille, le dernier nommé dressait un tout autre tableau, évoquant des enfants "en pleurs" et des parents "inquiets et malheureux".

Cette petite victoire invite malgré tout l'édile gagniérois à la prudence : "La remplaçante doit revenir du 4 au 12 avril. Elle habite à Saint-Hilaire-de-Brethmas et ne semble pas trop perturbée par les déplacements. Mardi, on a mis le paquet pour l'accueillir en déployant huit employés communaux. On la dorlote, on la chouchoute. Comme on l'a fait avec notre médecin (relire ici)."

"Je suis devenu persona non grata"

En jouant la carte d'une ruralité charmeuse, Olivier Martin espère inscrire ce dépannage dans la durée : "L'objectif qu'on s'est fixé, c'est de la garder jusqu'à la fin de l'année pour qu'on ait enfin une continuité pédagogique." D'autant que celui qui est aussi président de la communauté de commune de Cèze Cévennes a donné de sa personne sur ce dossier, jusqu'à recevoir des visites de courtoisie de la gendarmerie, de deux agents de l'Éducation nationale, et même des renseignements généraux. "Je suis devenu persona non grata", commente le premier magistrat gagniérois, qui a malgré tout bénéficié du soutien de plusieurs élus.

"Nous ne voulons pas être condamnés à être les oubliés", s'émouvait en début de semaine la vice-présidente du Département, Cathy Chaulet, laquelle invitait les services de l'Éducation nationale à écouter la chanson de Gauvain Sers, Les oubliés, qui décrit "parfaitement" la situation de Gagnières. "Nos territoires ne sont pas des territoires de seconde zone", a quant à lui prévenu Ghislain Chassary, conseiller départemental du canton de Rousson, dans un courrier coécrit avec la même Cathy Chaulet, et adressé au Dasen.

Le président de l'association des maires ruraux du Gard (AMR30), Sylvain André, y est aussi allé de son courrier pour décrire à quel point il est "inacceptable de condamner des enfants à une scolarité en pointillé au gré des remplacements successifs des instituteurs". "Qu'on nous laisse l'enseignante remplaçante qui est d'accord pour rester et qui fait l'affaire. On n'est pas exigeant ! On ne demande que notre droit", conclut Olivier Martin, tout heureux d'avoir trouver un fil auquel se raccrocher.

Corentin Migoule

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