GARD Contre le moustique-tigre, "chacun peut et doit agir"
Videz tout ! S’il n’y avait qu’une chose à retenir de la réunion d’information organisée par les conseillers départementaux Pascale Bories et Jean-Louis Banino mercredi soir à Villeneuve sur le moustique-tigre, ce serait celle là.
C’est que, comme l’a présenté le chef de l’agence gardoise de l’Entente Interdépartementale pour la Démoustication (EID) Méditerranée Didier Caire, seules quelques gouttes d’eau peuvent abriter des œufs puis des larves de ce pénible insecte : « une capsule peut suffire. »
« On ne s’en débarrasse pas, mais on peut réduire la nuisance »
Et là où son collègue le moustique « traditionnel » a l’habitude de pondre dans les eaux saumâtres, l’aedes albopictus de son nom savant « peut vivre dans des eaux pures, claires et propres », explique le professionnel. Pour ce faire, il lui suffit que l’eau ne soit pas remplacée dans les quatre à cinq jours dans les journées les plus chaudes. Sachant qu’une femelle moustique-tigre peut pondre jusqu’à 800 œufs au cours de sa (probablement pas assez) courte vie, ça peut vite devenir invivable.
Invivable et potentiellement inquiétant, le moustique-tigre étant un vecteur potentiel de maladies tropicales comme la dengue, le chikungunya et le petit nouveau, le virus zika. Pas de panique toutefois pour les gardois, puisque ces virus ne sont pas présents sous nos latitudes.
Comment lutter contre le moustique tigre, qui en à peine plus de dix ans a colonisé 30 départements, dont 128 communes du Gard ? Déjà, « on ne s’en débarrasse pas, mais on peut réduire la nuisance », explique Didier Caire, douchant les espoirs de ceux qui comptent éradiquer complètement l’enquiquinant rayé. « Si on voit un moustique-tigre, c’est qu’il y a un gîte dans les 150 mètres » poursuit le professionnel, avant de préciser qu’un gîte est un endroit dans lequel des œufs ont été pondus.
« Faisons équipe avant qu’il pique »
Et des gîtes, il y en a des millions : une capsule donc, une coupelle sous un pot de fleurs, un pied de parasol, un pli dans une bâche, une gouttière mal nettoyée… autant dire que si vous êtes pris d’assaut par les moustiques-tigres, une inspection minutieuse est à prévoir. « Il faut vider partout où l’eau n’est pas indispensable, explique Didier Caire. Les œufs sont pondus sur le récipient, donc si vous remettez de l’eau ensuite, il y aura de nouvelles éclosions », et ce même sans nouvelle ponte, les œufs restant viables. Il convient donc de bien nettoyer le récipient incriminé.
Les piscines bien entretenues ne sont pas concernées, au contraire des puits, qui peuvent abriter des gîtes. Il faut donc les recouvrir, le plus hermétiquement possible, le moustique-tigre étant capable de se faufiler dans le moindre interstice.
Et Didier Caire de donner quelques conseils : « on peut mettre du sable dans les coupelles sous les pots, l’humidité reste mais pas le gîte potentiel, on cure les gouttières et les toits-terrasses et on range tout ce qui peut garder un peu d’eau », comme cette brouette au fond du jardin qu’il vaut mieux retourner contre un mur.
Des conseils importants, puisque le moustique-tigre déjoue les techniques traditionnelles de démoustication. Là où le moustique « traditionnel » nichait principalement dans les points d’eau en pleine nature, comme en Camargue, le moustique-tigre est « un moustique urbain », explique Didier Caire. Problème, 80 % de ses gîtes sont dans des propriétés privées. L’EID ne peut donc pas rentrer chez monsieur et madame Tout-le-Monde pour démoustiquer. Bref, « chacun peut et doit agir », résume le professionnel avant de présenter le slogan de la campagne annuelle de l’EID, qui sera notamment diffusée dans les revues municipales : « faisons équipe avant qu’il pique. »
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Thierry ALLARD