GARD RHODANIEN Au CEA Marcoule, une grève pour revaloriser les salaires
Ce mardi matin, il y avait de forts ralentissements sur la route menant à Marcoule. Et pour cause ! l'ensemble des organisations syndicales du CEA (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, UNSA/SPAEN) ont appelé les salariés à faire grève. L'objectif : une revalorisation des salaires au sein de l'organisme.
"Ça fait douze ans que le point d'indice est gelé au CEA. Et avec l'inflation, on a perdu environ 20% de pouvoir d'achat", tonne Nicolas Le Vern, secrétaire général de la CGT Marcoule. Le mouvement de grève a touché les neuf sites CEA français, notamment celui de Marcoule. À l'entrée, entre 250 et 300 salariés étaient présents de 8h à 10h ce mardi matin. Toutes les catégories étaient représentées (cadres, ingénieurs, chercheurs, ouvriers, techniciens, employés administratifs) pour défendre leurs revendications.
À savoir une revalorisation salariale. Depuis le mois de novembre, les tensions se sont encore cristallisées au sein du CEA, comme nous l'explique Nicolas Le Vern : "La direction s'est rendue compte que les salaires n'étaient pas au bon niveau et peinait à embaucher. Pour pallier ce défaut de candidatures, ils ont décidé d'augmenter les salaires des nouveaux embauchés mais pas ceux qui sont déjà en place. Certains se retrouvent presque au même niveau."
Pour Christian Perrier du syndicat autonome SPAEN, cette légère hausse du salaire des embauchés fait partie "de quelques mesurettes" qui ne comblent pas "les problèmes de recrutement" et de "salaires qui ne sont pas attractifs aux yeux des jeunes." Et c'est une complication dans certaines tâches qui nécessitent une présence continue sur site.
"Il y a quinze ans, il n'y avait pas de désavantages à rester au CEA. Aujourd'hui, ce n'est plus vrai"
"Dans une période où la recherche est plus que nécessaire afin de se préparer au monde de demain, [...] la France a besoin de compétences de haut niveau et de toujours plus de technicités pour mettre au point les solutions aux défis du futur", indiquait dans un communiqué commun l'ensemble des organisations syndicales. Après cette mobilisation, toutes espèrent des avancées. Au CEA Marcoule, les représentants syndicaux n'ont pas été reçus par la direction ce mardi. "On va faire le bilan de cette journée et on réfléchira à savoir si on reproduit l'exercice en fin d'année ou si on mène un mouvement plus large à la rentrée", conclut Nicolas Le Vern.
Sollicité par Objectif Gard, Michel Bedoucha, directeur du CEA Marcoule, assure tout d'abord que "le point d'indice est bloqué depuis plus de dix ans, mais grâce aux promotions, 98% des salariés sont gagnants par rapport à l'inflation." Il reconnaît que le CEA souffre de problème d'attractivité. "C'est pourquoi la direction générale a décroché une enveloppe supplémentaire. La décision a été de revaloriser les personnes à l'embauche et les bas salaires. Cela représente 4 000 personnels. Forcément, cela crée une insatisfaction chez les autres qui sont de l'autre côté du seuil."
Ce choix, la direction l'a fait aussi pour éviter que les jeunes se tournent vers d'autres entreprises : "Il y a quinze ans, il n'y avait pas de désavantages à rester au CEA. Aujourd'hui, ce n'est plus vrai. Et c'est pour cela que l'on a du mal à attirer les jeunes", tonne Michel Bedoucha. Ce dernier souhaite que la grille salariale vieillissante de cet organisme public soit reprise entièrement et espère que les représentants syndicaux s'associeront à cette réflexion.
Marie Meunier