Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 18.12.2018 - thierry-allard - 4 min  - vu 407 fois

GARD RHODANIEN Démographie et habitat : la trajectoire de l’Agglo en débat

Lundi soir, lors du conseil communautaire de l'Agglo du Gard rhodanien, à Saint-Gervais (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Outre la question du projet de musée du Gard rhodanien, le dernier conseil communautaire de l’Agglo du Gard rhodanien de 2018, qui se tenait lundi soir à Saint-Gervais, a aussi vu le Schéma de cohérence territoriale (SCoT) et le Programme local de l’habitat (PLH) revenir à l’ordre du jour. Deux documents de planification à moyen et long terme qui participent à l’élaboration de la trajectoire du territoire, et qui n’ont pas manqué de faire débat dans l’assemblée.

La France est décidément un pays de sigles et d’acronymes. Ainsi, ce lundi soir il était question du DOO, qui s’inscrit dans le SCoT, avant de parler du PLH. En français, le Document d’orientation et d’objectifs fait partie du Schéma de cohérence territoriale et fixe les objectifs et les orientations dudit document à l’horizon 2035 en termes de politique d’aménagement. Autant dire un document crucial pour l’avenir du Gard rhodanien.

Un document dont nous vous parlions en détail la semaine dernière (voir ici), qui fixe notamment une évolution démographique d’1,1 % à l’échelle de l’Agglo, pour gagner environ 15 000 habitants d’ici 2035. Une évolution qui serait principalement fléchée vers les trois villes de l’Agglo (Bagnols/Cèze, Pont-Saint-Esprit et Laudun-l’Ardoise). « Or, quand on regarde la démographie de Bagnols entre 1975 et 2015, c’est plus 700 habitants, mais là on en prévoit plusieurs milliers en plus, a ainsi soulevé le maire de Saint-Nazaire, Gérald Missour. À Pont-Saint-Esprit c’est presque pareil et Laudun-l’Ardoise a des difficultés d’assainissement qui empêchent ses permis de construire. Pourra-t-on tenir de tels engagements ? Et que met-on en face comme projet économique ? »

Le DOO, colonne vertébrale du SCoT

L’élu en charge du dossier José Rieu lui répondra que si les trois villes étaient privilégiées, c’était parce qu’elles concentrent « les services, les écoles, les Ehpad », et que les chiffres prenaient en compte « le développement économique avec des hypothèses dans le tourisme, l’industrie et l’agriculture. » « Évidemment il s’agit de choses ambitieuses, mais si on n’a pas d’ambition, on ne peut pas structurer le territoire, sachant que les territoires voisins sont sur des taux équivalents voire légèrement supérieurs », a poursuivi José Rieu.

« L’État voulait qu’on mette 0,7 %, on a dû se battre pour avoir 1,1%, a ensuite affirmé le président de l’Agglo, Jean-Christian Rey. Il s’agit d’objectifs, non contraignants. » Et côté développement économique, le président rappellera que « en 2017, il y a eu 600 créations d’entreprises sur le Gard rhodanien », avant de reconnaître que la « grande majorité » de ces entreprises n’avaient pas de salarié.

Reste que le Gard rhodanien, dont l’industrie est tournée notamment vers le nucléaire, pourrait « subir les conséquences de la PPE (la programmation pluriannuelle de l’énergie, ndlr) qui prévoit une réduction de la part du nucléaire », soulignera le Bagnolais Christian Roux. Jean-Christian Rey lui répondra en évoquant le Contrat de transition écologique et ses projets, et en sortant la carte de la formation pour « anticiper les difficultés. » Le maire de Tresques, Alexandre Pissas, reviendra sur ses réserves sur le DOO, notamment « un excessif morcellement des parcelles ». Ce à quoi José Rieu répondra, comme mardi dernier en réunion publique, que « les portes ne sont pas fermées. On essaiera de trouver des marges de manœuvre. »

Revenant sur les fameux 1,1 % d’objectif de croissance démographique, le maire de Saint-Étienne-des-Sorts Didier Bonneaud demandera « une flexibilité, une variable d’ajustement pour les communes qui souhaiteraient être au dessus de ce qui est annoncé », notamment pour des questions de potentiel fiscal. « C’est une fourchette, il y a un peu de souplesse déjà, et il y aura une clause de revoyure dans le SCoT », affirmera José Rieu.

Le quart d’heure des marottes sera ouvert par l’élu communiste de Pont, Jean-Marie Daver, sur la question du transport, notamment la réouverture de la ligne de TER, suivi par l’élu bagnolais LR, Serge Rouquairol, sur la ressource en eau à chercher éventuellement dans le Rhône. Comme souvent, la ligne TER provoquera des débats, la conseillère régionale Catherine Eysseric affirmant que « le sujet avance », Alexandre Pissas que « la SNCF ne veut pas rouvrir ». Il n’en reste pas moins que la délibération n'étant pas soumise au vote, puisqu’il s’agissait d’un point d’étape, les élus sont ensuite passés au Programme local de l’habitat.

« Qu’est-ce que c’est compliqué ! »

Un autre document de planification, qui définit la politique de l’habitat de l’Agglo pour les six ans à venir. On y retrouve un diagnostic, notamment sur la concentration du logement social dans les trois villes principales (92 % dont 70 % pour la seule Bagnols), des besoins importants en logement social, et « des logements à la limite de l’insalubrité » dans les centres anciens, dixit le vice-président de l’Agglo, Robert Pizard-Deschamps.

Au chapitre actions, le PLH prévoit la construction de 3 380 logements d’ici six ans, dont 45 % pour Bagnols, Pont-Saint-Esprit et Laudun. Le document prévoit également de requalifier le parc ancien, ou encore de lutter contre l’habitat indigne. Le tout piloté par le pôle habitat de l’Agglo, comme l’a précisé Robert Pizard-Deschamps suite à une question de l’élu bagnolais Christian Roux, qui évoquait également la ventilation dans les villages du logement social. « On ressent une volonté des maires de la majorité des petites communes qui nous ont présenté des projets à l’échelle de leur commune. Jai bon espoir qu’on atteigne l’objectif », poursuivra le vice-président.

« Qu’est-ce que c’est compliqué, qu’est-ce que l’État nous met sur le dos !, s’exclamera ensuite le maire de Saint-Nazaire, Gérald Missour. On s’éloigne aussi des habitants comme ça. C’est très difficile à comprendre et ça coûte cher. » « Justement, il est d’autant plus important de ne pas être dans la caricature, mais dans la pédagogie, estimera Jean-Christian Rey. C’est très difficile car il s’agit d’outils à long terme. » Le Programme local de l’habitat sera voté avec deux voix contre, celles de Didier Bonneaud et, par procuration, de Gilbert Baumet.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

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