LE 7H50 de Charly Abed de la Croix-Rouge du Gard : "C'est une année compliquée"
À 24 ans, Charly Abed cumule déjà 11 ans d'engagement comme bénévole à la Croix-Rouge. Aujourd'hui, il est à la fois directeur local adjoint de l'antenne bagnolaise mais aussi responsable "communication, urgence et secourisme" et chargé de mission covid à échelle départementale. Il nous en dit plus sur les actions menées par la Croix-Rouge gardoise et ses 800 bénévoles depuis mars 2020, alors que le doute plane au-dessus d'un troisième confinement.
Objectif Gard : Depuis mars 2020, la Croix-Rouge est très engagée pour lutter contre la pandémie. Vous avez dû arrêter plusieurs de vos principales actions pour en mener d'autres spécifiques à la crise sanitaire ?
Charly Abed : Seules la distribution alimentaire pour les personnes bénéficiaires et les actions de Samu social ont été maintenues et même renforcées pendant le premier confinement sur Nîmes, Alès et Bagnols. Sinon d'autres actions ont été réalisées. "Croix-Rouge chez vous", toujours effective, a été mise en place dès le premier jour du premier confinement. Elle permet de venir en aide aux personnes isolées en leur apportant à la fois une écoute et la possibilité de se faire livrer des paniers alimentaires à domicile. [...] Il y a eu une activité importante sur le département. Ce qui est marquant aussi, c'est qu'on a eu une augmentation du nombre de bénéficiaires de la distribution alimentaire. Pour des raisons de chômage partiel, des licenciements... On a des gens qui se sont retrouvés en difficulté, notamment des étudiants, de plus en plus nombreux.
Vous avez aussi mis en place une cellule territoriale d'appui à l'isolement (CTAI), en quoi cela consiste-t-il ?
À partir du mois de mai, on l'a lancée à la demande de la préfecture. Quand vous êtes positif au covid, la CPAM vous appelle et vous pose une question : "Est-ce que vous avez besoin d'aide pour l'isolement ?". Les personnes qui répondent oui ont le numéro de la CTAI et un de nos bénévoles répond tous les jours de 9h à 18h et essaye de trouver des solutions. Pendant un moment, on a eu un hôtel réquisitionné par la préfecture à Nîmes et aussi un centre de vacances. [...] Actuellement, des bénévoles sont formés pour aller chez les gens qui ont été positifs pour leur expliquer le dispositif d'aides qui peut être mis en place et évaluer les besoins au cas par cas. L'idée, c'est de faire un peu de prévention et de rappeler les gestes barrières.
Vous venez également en appui logistique et administratif sur le centre de vaccination de l'hôpital de Carémeau depuis janvier...
Oui. Ils avaient besoin de personnes pour de l'administratif. On est aussi venu en aide au Samu pendant le premier confinement, puisqu'on a participé à la cellule d'appels covid. C'était à la fois des bénévoles de la Croix-Rouge, des assistants de régulation médicale et des médecins qui répondaient aux appels en leur indiquant ce qu'il fallait faire. On a aussi aidé au transfert de six patients en réanimation depuis la région Grand-Est sur le Gard. Sur le tarmac, on a aidé à passer les patients de l'hélicoptère à l'ambulance. C'était des gens inconscients, intubés... Il faut beaucoup de bras pour les porter avec l'oxygène, les tuyaux... tout en étant précautionneux. On a aussi signé une convention avec l'Agence régionale de santé et la Région Occitanie pour l'action "Proxytest", pour aider les professionnels de santé qui se trouvaient en difficulté dans les déserts médicaux ou dans les lieux avec un taux d'incidence élevé. On a dépisté 400 personnes dans trois communes et un centre d'hébergement. Vendredi, on est allé renforcer des lignes de dépistage à l'école de police de Nîmes où un cluster est apparu.
Pour l'instant, il n'y a pas de 3e confinement annoncé mais la vérité d'aujourd'hui n'est pas forcément celle de demain... Est-ce que c'est une décision à laquelle vous vous préparez ?
Il y a quelques années, le slogan de la Croix-Rouge, c'était "Préparez-vous à être prêts". Donc oui, on se prépare à toute éventualité. On se prépare à des clusters, à des personnes qui pourraient être encore plus dans la précarité, à aider en termes de vaccination, à aider le Samu... S'il y avait un troisième confinement, on aura sûrement des demandes en matière d'action sociale et renforcer encore les maraudes et la distribution alimentaire. [...] On prépare la Feria de Pentecôte de Nîmes comme si tout allait se faire normalement. On attend d'avoir des consignes. On pense que ça arrivera au dernier moment.
Il y a un grand flou sur les festivités en effet...
Dans le Gard, c'est normalement 1 000 postes de secours annuels sur des événements dont au moins, la moitié l'été. Là, il y en a eu beaucoup moins. C'est financièrement compliqué pour la Croix-Rouge parce c'est une source de revenus pour l'association. Aider les autres, ça coûte de l'argent et c'est une dépense sur laquelle on ne lésine pas. Heureusement, on a touché une enveloppe du ministère de l'Intérieur et des dons de nos partenaires. Mais les projets d'investissement sont décalés. Nos véhicules doivent tous être changés d'ici quelques années puisqu'il y a une nouvelle norme européenne qui est sortie sur les véhicules de premiers secours. Une ambulance, ça coûte 70 000 € et on en a une dizaine sur le département. Le matériel de secourisme se périme aussi très vite... C'est une année compliquée.
Propos recueillis par Marie Meunier