Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 09.04.2021 - corentin-corger - 3 min  - vu 780 fois

LE 7H50 de David Seve, président de la FDSEA du Gard : "On a perdu au moins la moitié du chiffre d'affaire de notre agriculture"

David Seve est forcément inquiet après la gelée survenue dans la nuit de mercredi à jeudi (photo Norman Jardin)

Dans la nuit de mercredi à jeudi une importante gelée a frappé l'ensemble des cultures arboricoles et viticoles du département. Pour David Seve, le président de la FDSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles) du Gard, près de "la moitié du chiffre d'affaire de l'agriculture du département" est parti en fumée. Il revient sur cet épisode qu'il n'avait plus connu depuis 1998.

Objectif Gard : Pouvez-nous raconter ce qu'il s'est passé dans la nuit de mercredi à jeudi ? 

David Seve : Il y avait quelques signes avant coureurs avec des gelées la nuit d'avant. Mais dans la nuit de mercredi à jeudi, il y a eu un gel généralisé que l'on appelle "gelée noire". C'est un froid qui arrive de bonne heure dans la nuit et qui détruit tout. Malheureusement, elle a recouvert toute la partie Sud-Est de la France. Des records de froid ont été battus et donc les arbres fruitiers ainsi que la vigne ont été touchés.

Est-ce que tout le Gard a été impacté ? 

Quasiment, même si on a l'impression que plus on remonte dans la vallée du Rhône plus les degrés baissent. À Bagnols on a constaté -5 degrés, c'est plus froid qu'à Aigues-Mortes qui a pourtant connu des records avec -3 degrés. Même avec des bougies ça ne suffit plus, les températures sont trop basses.

Quels sont les dégâts enregistrés et de quel ampleur ?

Les fleurs qui donnent les fruits sont assez sensibles au gel. Pour certains arbres nous étions au stade petit fruit mais d'autres comme les pommiers étaient encore à la fleur. L'arbre en lui-même n'est pas atteint mais les fleurs oui et ne donneront pas de fruits cette année. Je pense que l'on a perdu au moins la moitié du chiffre d'affaire de l'agriculture du département dans la nuit qui est d'environ 800 M€. Et peut-être plus car les retours que l'on a sont catastrophiques, toutes les vignes ont gelé. Toutes les espèces d'arbre ont ramassé : des cerises en passant par les pommes, les poires et les abricots.

Les agriculteurs ont-ils essayé d'anticiper cette gelée ?

Tout le monde a essayé de mettre en place des techniques de lutte contre le froid mais le problème c'est qu'à beaucoup d'endroits il était d'une telle intensité que les cultures n'ont pas résisté. Malgré les protections, cela n'a pas suffi.

L'exemple d'un pied de vigne qui n'a pas résisté au gel (Photo Norman Jardin)

Depuis quand un tel événement climatique ne s'était pas produit ?

Je suis installé dans le Gard depuis 23 ans. On avait eu un gel d'une intensité importante en 1998 mais moins que celui-là. Le problème que l'on a et je le souligne de plus en plus c'est qu'avec le réchauffement climatique on a gagné quasiment 15 jours d'avance de floraison. C'est paradoxal mais le réchauffement climatique accentue les gelées de printemps. Comme les arbres ou la vigne fleurissent plus tôt, on a une période beaucoup plus longue de sensibilité.

Dans quel état d'esprit étaient les viticulteurs et arboriculteurs gardois ce jeudi ?

C'est comme si je vous disais que vous n'allez pas toucher de salaires pendant un an. Je vous laisse deviner la réaction que vous auriez. Et encore ça peut être pire car parfois vous avez engagé des frais pendant un an, non seulement vous touchez rien mais vous devez de l'argent. Ça va être très compliqué.

Quelles sont les aides dont peuvent bénéficier les exploitants agricoles ? 

Tout ce qui est fruits et légumes, il faut que ce soit reconnu en calamité agricole. Par contre, la vigne ne rentre plus dans ce cadre et là il faut être assuré. Seulement 25% des gens le sont, à cause du coût et de la méthode de calcul pas forcément avantageuse, beaucoup ne s'assurent pas. Lundi, on a une réunion de tous les présidents d'organisations professionnelles agricoles pour voir ce qu'on va faire et ce que l'on va pouvoir mettre en place.

Faut-il craindre d'autres gelées dans les jours à venir ?

Le climat nous joue des tours sans arrêt. J'espère que l'on a subi le plus gros car je veux être optimiste. De toute manière, les dégâts sont déjà si importants qu'il y a plus grand chose à atteindre.

Propos recueillis par Corentin Corger

Corentin Corger

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