LE 7h50 de Michel Perez : "Nous étions le deuxième plus grand pèlerinage de France"
Michel Perez est le président de l'association des Amis de Notre-Dame de Santa Cruz. Avec l'annulation du pèlerinage qui devait se tenir aujourd'hui sur les hauteurs du Mas de Mingue à Nîmes, c'est toute une communauté qui pleure.
Objectif Gard : Que signifie le culte à Notre-Dame de Santa Cruz ?
Michel Perez : En 1849, il y a eu une grosse épidémie de choléra à Oran (Algérie). La science étant impuissante. Avec 1 700 morts en une semaine, le général Pélisier qui commandait la place d'Oran, a rencontré un prêtre et lui a dit " Faites votre métier, foutez une vierge là-haut et priez ! " Ils l'ont fait et dans la foulée une procession a été organisé au pied du fort. Il y a eu un gros orage qui a nettoyé les rues et l'épidémie a cessé d'exister. Reconnaissants, les Oranais ont construit un sanctuaire au pied de ce même fort.
Comment a débuté le culte nîmois ?
Le père Louis Hébrard, aumônier de la Base Aérienne 726 et curé de Courbessac, a un peu été le maître d'oeuvre du sanctuaire nîmois car à leur arrivée ici, il a rencontré les pieds-noirs (*) et leur a trouvé une ancienne carrière offerte par un Nîmois qui n'était pas pied-noir, monsieur Denis. Toujours sous la houlette du père Hébrard, l'association des Amis de Santa Cruz a été créée en 1963 et le premier pèlerinage s'est tenu devant un millier de personnes en 1965. Dans les années 1990, il y a eu jusqu'à 140 000 pèlerins ! C'était le deuxième pèlerinage le plus important de France, après Lourdes. Ici nous avons réuni Notre-Dame d'Afrique, Saint-Augustin et Notre-Dame de Santa Cruz qui est arrivée convoyée par la Marine Nationale. Ce sont les trois saints d'Algérie, c'est une union catholique.
Aujourd'hui le sanctuaire est complet mais comment était-il dans les années 1960 ?
Avant ? Il n'y avait qu'un simple autel en bois puis le sanctuaire construit petit à petit grâce à des dons et des subventions. La fin des travaux date de 1997 grâce au legs de 100 000 euros de Monseigneur Lacaste, dernier évêque d'Oran. La communauté des Oranais a elle aussi beaucoup donné.
L'annulation de 2020 vous semble-t-elle normale ?
C'est un crève-cœur mais tout est fermé donc le sanctuaire aussi... Nous allons peut-être organiser notre première messe pour la Pentecôte, en extérieur, avec des masques et des distances à respecter. Chaque fidèle pourra y participer mais nous verrons si cela sera accepté par les autorités.
Vous avez des frais d'entretien. Comment allez-vous faire sans ressources annexes ?
Notre association compte un millier d'adhérents, cela représente 65 % de notre recette. Ne pas avoir de pèlerinage cette année nous ôte cet apport et nos dépenses seront forcément plus élevées que nos recettes cette année. J'ai essayé de voir avec l'émission Le Jour du Seigneur pour qu'ils organisent le culte ici, à Santa Cruz, mais il y avait trop de demandes et une longue liste d'attente.
Déception et année sans retrouvailles ?
Tout le monde est déçu, forcément... Avec l'aspect religieux il y a aussi le côté convivial des rencontres et des retrouvailles. Nos avons des gens qui viennent de loin et qui se réunissent chaque année. Tout est mêlé et on mange bien, même l'anisette est bonne ! On va essayer de mettre l'accent sur le 15 août pour notre troisième rassemblement. J'ai créé cette date en 2016 il y avait pour la première 300 personnes, essentiellement venues de la paroisse de Nîmes.
Propos recueillis par Anthony Maurin
Pour faire un don - " C'est la maison de tous et de chacun ", comme le dit Michel Perez -, envoyez à l'association des Amis de Notre-Dame de Santa Cruz, 100 montée Monseigneur Lacaste, 30 000 Nîmes. Renseignements par téléphone au 04.66.28.09.99.
* On appelle familièrement "pieds-noirs" les Français d'origine européenne installés en Afrique du Nord jusqu'à l'époque de l'indépendance.