LES ANGLES Face à l'augmentation des prix à la pompe, chacun s'adapte
"Il n'y a plus de SP95". Françoise raccroche le pistolet d'essence. Sa jauge est dans le rouge, mais elle devra aller à la station suivante pour faire le plein. Celle du E.Leclerc Les Angles est en rupture et ne propose plus que du gazole à 2,290€/L ce dimanche en début d'après-midi.
C'est un prix moyen actuellement. Il devient extrêmement difficile de trouver des stations affichant du carburant à moins de 2 € le litre, tandis que dans d'autres, le ratio frôle les 2,50 €. "Face à cette hausse, on essaye d'optimiser les déplacements, de faire moins d'allers-retours", explique Françoise en rebouchant son réservoir.
Elle n'est pas la seule à changer ses habitudes de déplacements. Jean-Paul roule en Peugeot Partner la semaine et sortait de temps en temps le week-end avec sa belle voiture "histoire de pouvoir promener, mais en ce moment, c'est plus tendu." Ça ne l'empêche pas de mettre le plein qu'importe le tarif : "Il faut vivre le moment présent. Demain est un autre jour", philosophe-t-il.
Sébastien, qui habite Sauveterre, remplit entièrement son réservoir aussi : "On a déjà vécu des crises pétrolières, avec une hausse des prix. Pour les gens, c'est compliqué car c'est brutal aujourd'hui. Heureusement qu'on a déjà enclenché la mise sur le marché de voitures électriques ou hybrides, même si on a pris un peu de retard." Il ne compte pas se restreindre malgré un prix au litre qui a considérablement augmenté : "Je ne vais pas arrêter d'aller faire mes courses, d'acheter mon pain ou d'aller au cinéma. Mais quand on fera une sortie sur la Côte le week-end, il faudra le prévoir dans le budget." La borne essence s'arrête avant même qu'il ait atteint son plein : "Ça se bloque à 150 € et j'ai mis 64,50 L. D'habitude, je paye 120 € mon plein de 70L."
"Aujourd'hui, je fais le plein car le prix de la veille sera toujours moins haut que celui du lendemain"
Autre raisonnement pour Pierre, trentenaire anglois : "Avant je mettais 30 € par 30 €. Aujourd'hui, je fais le plein car le prix de la veille sera toujours moins haut que celui du lendemain." Lui qui est contre le télétravail envisage d'y consacrer un jour par semaine pour économiser un aller-retour au boulot, soit 50km. Quant aux 15 centimes de remise sur le litre à partir d'avril annoncée par le Premier ministre, Jean Castex, Pierre estime que "c'est bien, ça limite un peu la hausse". Mais cela ne lui enlève pas la crainte d'un nouveau seuil : "J'ai peur que dans le futur, on se réjouisse quand le litre d'essence passe en dessous des 2 €. Que les 1,90 € deviennent la norme et qu'on ne voit plus des tarifs à 1,30 €/L comme avant."
A contrario, Mika, étudiant de 20 ans, se contente de remplir de seulement quelques dizaines d'euros le réservoir diesel de son Audi A4. "Ça consomme comme voiture en plus. Là, j'ai mis 30 €, j'ai 13 L, c'est rien...", déplore le jeune homme habitant à Tavel et suivant ses études en Courtine à Avignon. Il a largement changé ses habitudes à la pompe depuis la hausse des prix : "Je ne fais plus le plein. Je ne peux pas sortir tout l'argent d'un coup, faut aussi que je mange la semaine. (...) J'ai même téléchargé une application sur mon téléphone qui permet de savoir autour de soi quelle station est la moins chère." Malheureusement, l'offre en transport en commun ne correspond pas à ses horaires et ne lui permet pas de prendre le bus jusqu'à Avignon. Mika trouve "désespérant" la remise de 15 centimes annoncée par le Premier ministre : "Seulement 15 centimes ? J'espère m'en sortir..."
Marie Meunier