LES SPECIALISTES Nîmes - Montpellier, des aéroports complémentaires selon J-C Gayssot
L'aéroport de Nîmes-Alès-Camargue-Cévennes connaît depuis quelques années des chamboulements d'importance. Après le départ de la Base Aéronavale de Garons et l'arrivée de la Sécurité Civile sur ce même site en 2017, l'aéroport pourrait ne plus accueillir des vols commerciaux.
Coincé entre deux aéroports de taille, celui de Montpellier et celui de Marseille un peu plus éloigné et dans une autre région administrative, l'aéroport de Nîmes est peut-être en train de vivre ses dernières heures sous la forme qu'on lui connaît. 200000 petits passagers chaque année, c'est très bien mais comparés au 1,5 million de voyageurs montpelliérains, le Gard ne semble plus faire le poids. Pourtant, pour Jean-Claude Gayssot, ancien Ministre des Transports sous le gouvernement Jospin entre 1997 et 2002 puis, conseiller régional sous l'ère de Georges Frêche, les deux aéroports peuvent coexister.
La débat sur la coexistence entre les aéroports de Nîmes et de Montpellier semble être relancé, qu'en pensez-vous?
Les aéroports sont importants dans notre région mais il n'y a pas que creux de Nîmes et de Montpellier, celui de Béziers est aussi confronté à ce problème et les autres le seront prochainement. Je suis toujours dans l'état d'esprit d'une relation étroite entre les aéroports de Nîmes et de Montpellier pour avoir un maximum de destinations différentes et complémentaires. Je suis sûr qu'il y a la place pour les deux structures. Pour Béziers aussi, ça n'est pas juste que tout le trafic soit retiré au profit de Montpellier même s'il est normal que Montpellier veuille accroître son trafic et développer ses services.
La France est un petit pays mais notre Région se porte bien, malgré cela, n'y a-t-il pas trop d'aéroports?
Nous habitons une région qui connaît une forte croissance démographique. Notre territoire, en tout cas celui de l'ancienne région Languedoc-Roussillon, compte parmi les plus attractifs de France et d'Europe. Tous les trois ans, c'est comme si nous avions une nouvelle ville de 100000 habitants supplémentaires sur le territoire. Ce phénomène est encore plus vrai quand on s'approche du littoral que l'on soit dans l'Hérault ou dans le Gard. Il faudra faire voyager ces nouveaux arrivants, leur permettre d'aller à l'étranger, en Europe, dans le monde entier mais aussi à l'autre bout de la France s'ils le veulent. Il y a de la place pour tout le monde!
Quelle serait la meilleure manière de contenter les déçus et d'apaiser les débats?
Je pense que l'on peut développer le trafic dans certains aéroports mais aussi le maintenir dans les autres structures. Quand nous étions en poste à la Région, nous avions suggéré une coordination vers une sorte d'aéroport commun entre Nîmes et Montpellier mais nous avions également dit qu'à l'échelle de la région, il fallait une réelle cohérence entre la totalité des aéroports, incluant ceux de Carcassonne, Béziers et Perpignan. Il serait préférable que tout le monde s'entende car les compagnies low-cost jouent beaucoup sur les relations entre les aéroports et sur la concurrence qui existe entre eux. Cette concurrence n'a pas lieu d'être sur un territoire aussi vivant que le notre.
En 2017, année de l'arrivée définitive de la Sécurité Civile à Nîmes, c'est Jean-Paul Fournier qui devrait quitter la tête de la présidence du Syndicat Mixte qui gère l'aéroport Nîmes-Alès-Camargue-Cévennes. Il était un temps question d'adapter la piste, plus longue et solide que celle de Montpellier à l'arrivée de vols longs-courriers à Garons. Dans le cas inverse, l'aéroport gardois verrait son trafic commercial s'arrêter peut-être au profit d'autres services.
Carole Delga, nouvelle présidente de la Région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées va devoir trancher sur la cohérence proposée par l'ensemble des aéroports de la Région car elle est en possession de deux d'entre eux (Perpignan et Carcassonne) sur les cinq que compte la Région.