Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 19.09.2015 - abdel-samari - 2 min  - vu 188 fois

LES SPÉCIALISTES Stéphane Roos, chef du centre Météo France du Gard, décrypte les épisodes orageux

Photo d'illustration Saint-Laurent-le-Minier après les inondations du 18 septembre 2014. (photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard).

Saint-Laurent-le-Minier après les inondations de l'automne 2014. (photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

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Cette semaine, retour sur les phénomènes climatologiques qui secouent notre département à chaque fin d'été avec Stéphane Roos, délégué territorial Météo France pour le Gard et la Lozère.

ObjectifGard : Comment expliquer les phénomènes de fortes pluies et orages chaque année dans notre département ?

Stéphane Roos : Il s'agit avant tout de conjonction géostrophique, ce sont les différences de températures dans les océans qui influent sur les grands centres d'actions et se répercutent dans le climat notamment en Europe.

OG : On a beaucoup parlé à l'automne dernier d'une dizaine d'épisode cévenole sur le Gard, est-ce bien le cas ?

S. R. :  Pour la plupart, c'est exact. Nous subissons très souvent une forme de blocage au niveau des Alpes. Une barrière anticyclonique des pays baltes jusqu'au nord de l'Italie se forme et bloque les masses d'air chaud poussées par les perturbations atlantiques. L'air chaud s'échappe par la vallée du Rhône, ce qui crée un appel d'air. Et les vents forts poussent ensuite l'ensemble vers nos territoires en apportant de l'humidité. Mais on confond souvent l'épisode cévenole, le vrai nom d'ailleurs devrait être "pluies cévenoles". Ce phénomène ne concerne que les Cévennes et les contreforts. En fait, les flux chauds et humides venant de Méditerranée sont soulevées par les Cévennes et créent des précipitations quasi stationnaires. D'un coup, on subit des épisodes de pluie de 10h, 20h ou 30h. Dans le reste du Gard, moi, je parlerais davantage de "système orageux méditerranéen". Ce sont finalement des pluies de plaine cette fois-ci qui se forment à partir de flux d'air chaud et humide qui sont surmontés par un flux d'air froid d'altitude. La rencontre entre les deux provoque ainsi une convection intense et les gros orages que l'on connaît.

OG : Est-ce que ces épisodes ont tendance à être plus récurrents qu'il y a quelques années. Et de manière plus globale, est-ce que le réchauffement climatique est en cause ?

S. R. :  En 2014, nous avons connu 13 épisodes majeurs. Météo France n'a jamais observé de tendance aussi lourde depuis que nous mesurons le climat. Le scénario de 2014 correspond exactement au modèle d'évolution climatique que l'on attend pour les décennies à venir. Il est trop tôt de conclure que le réchauffement climatique est en cause, il nous faut un recul de 30 ans mais j'ai tendance à penser que ces turbulences vont à nouveau se reproduire et pourquoi-pas cette année.  En deuxième partie de ce siècle, nous aurons finalement la même quantité de pluie chaque année sur le Gard mais elle sera de plus en plus concentrée sur un segment temporel plus court.

OG : Que peut-on craindre de pire pour les années à venir ?

S. R. : Nous allons tout droit vers des périodes de sécheresse durable en alternance avec des épisodes violents de pluies et orages exclusivement concentrés sur l'automne. L'étape suivante mais nous n'y sommes pas encore fort heureusement, c'est une élévation de la température qui conduira à des étés très très chauds sur le modèle de canicule de 2003 et des automnes rudes du type de celui de 2014 en terme de pluies. Nous sommes face à de vrais enjeux politiques avec des décisions rapides qui doivent être prises. Mais, tout cela dépasse mes compétences d'ingénieur météorologique.

Abdel Samari

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