Publié il y a 2 jours - Mise à jour le 29.06.2024 - Propos recueillis par Corentin Corger - 4 min  - vu 168 fois

L’INTERVIEW Jean-Charles Valladont : « On commence à faire peur »

jean charles valladont

Jean-Charles Valladont 

- Photo World Archery

Médaillé d’argent aux Jeux Olympiques de 2016, Jean-Charles Valladont va disputer sa troisième olympiade cet été à Paris. L’archer âgé de 35 ans, licencié depuis dix ans à l’Arc club de Nîmes, se livre avant ce grand événement.

Objectif Gard : Pour un athlète français, faire les JO à Paris, ça représente quoi ?

Jean-Charles Valladont : Une fierté et une chance, c’est merveilleux. Après j’essaie de ne pas trop mélanger les objectifs. Est-ce que l’on est là pour juste s’émerveiller de l’événement ou pour faire le mieux possible ? Je préfère mettre la deuxième option en avant. Oui on a de la chance que ce soit à Paris. Il y a des avantages d’être à la maison. La proximité de nos proches, les soutiens juste par SMS ou les réseaux sociaux, il faut que ce soit juste un facteur et que ça ne nous impacte pas négativement le jour J. Il faut vraiment rester focalisé sur ce que l’on à faire, après on enlèvera nos œillères.

Quel est votre objectif pour ces jeux ?

Je n’aime pas fixer un objectif et me dire que si derrière on n’y arrive pas avoir un bilan négatif. Le but c’est d’avoir aucun regret, que ce soit individuellement ou en équipe. Se dire que l’on a tout donné, que ce soit à l’entraînement ou durant la compétition. Si on a réussi à faire ça, tant mieux pour nous. C’est l’esprit même du compétiteur, quand tu arrives, tu veux gagner.

Par équipe, la France fait malgré tout figure de favorite. 

Oui, en plus il y en que 12 pour trois médailles. Si tu prends les statistiques, c’est possible sans problème. Surtout avec l’équipe que l’on a. On est champion d’Europe, on commence à faire peur aussi. Oui on a cet objectif-là, on fait partie des équipes attendues. Il faut que l’on vive notre compétition, on fera le bilan après.

Jean-Charles Valladont
Jean-Charles Valladont et sa médaille d'argent aux JO de Rio en 2016 • Photo World Archery

Sur le plan individuel, quand on a goûté l’argent en 2016, on rêve d’or n’est-ce pas ?

Envie d’or, surtout de remonter sur un podium olympique. On vise la médaille d’or mais peu importe la couleur, on sera satisfait aussi. Faire le mieux possible sans vouloir atteindre l’inatteignable non plus.

« J’ai envie de changer de vie »

À 35 ans, pensez-vous que ce sont vos derniers jeux ?

Je n’en sais rien ! L’année dernière, je me disais sans doute. J’ai envie de changer de vie. De ne plus être à l’Insep au quotidien, à faire que du tir à l’arc. J’ai envie de développer ma petite vie de famille, m’investir davantage dans le côté associatif notamment la vie du club à Nîmes. Quand ils organisent le tournoi international en janvier, moi je peux venir qu’une journée avant. Je ne suis jamais impliqué comme les bénévoles du club. La volonté est de se détacher de l’Insep tout en ayant la prétention de garder la possibilité de faire du haut niveau si la fédération nous le permet et ne nous impose pas d’être à l’Insep au quotidien comme cette année.

Jean-Charles Valladont
L'équipe de France avec Thomas Chirault, Jean-Charles Valladont et Baptiste Addis • Photo World Archery

En plus de Victoria Sébastian, remplaçante chez les femmes, deux des trois archers hommes de l’équipe de France viennent de l’Arc club de Nîmes. Comment expliquer que ce club performe ?

Moi je suis originaire de Franche-Comté. Quand j’ai eu l’envie et le choix de m’investir professionnellement dans un club, Nîmes était dans une démarche de m’accompagner au haut niveau. De professionnaliser tout ce qui tourne autour du tir à l’arc. Aujourd’hui je me rends compte que j’ai fait le très bon choix. Dix ans que je suis licencié, je n’ai rien à regretter, au contraire. Mon accompagnement est top. Que cela perdure. Si moi je suis une recrue lointaine, Victoria et Baptiste sont des gens issus du cru rattrapés par cette maison mère.

« Le soir, j’allais faire la plonge dans les restaurants »

Justement comment voyez-vous l’émergence de ces jeunes pépites ?

Quand j’étais jeune, j’étais à leur place. Aujourd’hui, c’est le vieux de la vieille qui parle. Ils ont de la chance. On est quand même dans des dispositions qui sont différentes par rapport à moi quand j’ai débuté il y a 15 ans. Aujourd’hui, ils ont des aides, on peut se consacrer à 100 % à faire du tir à l’arc. Nous on n’avait pas ça. Le soir, j’allais faire la plonge dans les restaurants à Vincennes pour pouvoir me payer mes sorties cinéma. Ils ont la chance de pouvoir vivre ça et tant mieux, ça prouve l’investissement dans le développement de notre sport au haut niveau. J’espère qu’ils feront une carrière aussi longue que moi, voire plus.

Au-delà de la France, vous allez aussi représenter le Gard en tant que Nîmois d’adoption ?

Je suis totalement Gardois d’adoption. Il y a le club et tout ce qui va à côté. Les premières fois ou j’allais faire des interventions, je disais : je suis licencié du club de Nîmes, ça se reconnait bien avec mon accent ! Ça se faisait rire les gens. Je suis fier d’avoir été totalement accepté et adopté. Petit à petit, c’est une région que je commence vraiment à connaître. Le lien devient de plus en plus fort.

Si vous faites face à Baptiste en final, le laisserez-vous gagner ?

Non c’est sûr, je ne le laisserai pas gagner (rires). C’est l’avantage et l’inconvénient de notre sport. Un jour on est coéquipier, le lendemain on est adversaire. C’est la beauté du sport. Peu importe qui se retrouve en face, le but c’est de gagner.

Pour Jean-Charles Valladont et Baptiste Addis, le tir de qualification aura le 25 juillet, la veille de la cérémonie d’ouverture avant une semaine complète d’épreuve. 

Propos recueillis par Corentin Corger

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