L’INTERVIEW Jean-Marc Pontvianne : « Une fois dans le top 8 tout est possible »
Le Nîmois de 29 ans fait partie des deux athlètes sélectionnés pour représenter la France à l'épreuve du triple saut aux Jeux Olympiques de Paris. Préparation, motivation, ambition... Il fait le point avant ce grand rendez-vous.
Objectif Gard : Comment vous êtes-vous qualifié pour ces Jeux ?
Jean-Marc Pontvianne : On connaît les critères de sélection depuis déjà deux ans : soit atteindre les minimas avec un saut à 17,22 m, soit être dans le top 24 mondial. J’étais déjà entre le top 10 et 15, je me suis toujours baladé à peu près dans ces eaux-là. Donc ma volonté et celle de mon entraîneur était de préparer la saison pour ne pas avoir deux pics de forme et pouvoir tout donner le jour J aux Jeux Olympiques. On a vraiment travaillé pour conserver ma place au niveau du ranking sans forcément aller chercher une grosse performance, même si j’ai essayé au championnat d’Europe (saut à 17,04 m).
Est-ce qu’à un moment donné vous avez eu peur de ne pas être retenu ?
Sincèrement non, parce que je savais que je n’allais pas sortir du top 24, ça c’était une certitude et que je suis le meilleur classé au niveau français. Après les championnats d’Europe, je savais que ma place était déjà assurée.
On est à environ un mois de l’épreuve du triple saut aux JO, le 7 août, comment va se dérouler votre préparation ?
Alors là je suis vraiment en pleine préparation. Je viens d’attaquer deux semaines, « un stage commando », comme mon entraîneur aime bien dire. Donc là il y a beaucoup de séances, on fait tout un travail spécifique pour vraiment consolider le travail fait en amont. Ça sera très intense et les deux semaines suivantes on va alléger. Je suis déjà sur Paris et j’y reste jusqu’à la fin des Jeux.
« Le minimum syndical c’est de rentrer dans le top 8 »
Ce sont vos deuxièmes JO, quel est votre objectif pour Paris ?
Ce qui est sûr, c’est que le minimum syndical c’est de rentrer dans le top 8. Il va y avoir déjà des qualifications à passer (le 7 août). On a vu au championnat d’Europe, le niveau du triple saut mondial est à son paroxysme parce que ça a été, en termes de densité de performance, le meilleur championnat d’Europe. Sur 32 athlètes, il faudra finir dans les 12 premiers pour être qualifié en finale (entre 17m et 17,15m). Chacun a trois sauts et trois supplémentaires pour les huit meilleurs. Une fois que je suis dans le top 8 tout est possible. Le soutien du public c’est quelque chose qui me transcende donc à partir de là je me dis que tout est possible.
Est-ce que l’on se prépare à cette attente particulière du public à domicile ?
C’est sûr que je m’y prépare. Mais pour moi ça a toujours été un plus d’avoir le public derrière moi avant de me lancer. Nous, les triples sauteurs, on aime bien rythmer notre course d’élan avec ce qu’on appelle le clap où on tape dans les mains et le public nous suit. Cela m’a toujours porté. J’ai juste hâte de le faire au stade de France avec 80 000 personnes, ça va être incroyable et je me fixe aucune limite.
« Sûrement mes derniers Jeux Olympiques »
Votre expérience à Tokyo en 2021 s’était mal passée, il y a une volonté d’effacer ce mauvais souvenir ?
C’est vrai qu’à Tokyo, ça ce n’était pas bien passé. À Paris, ce sera totalement différent, l’expérience aussi va jouer. J’ai montré que j’étais capable de rentrer dans n’importe quelle finale européenne ou mondiale et même aller chercher une médaille sur le plan européen. Ce seront sûrement mes derniers JO, j’ai vraiment le couteau entre les dents et je suis prêt à aller au sommet.
Pourtant vous êtes encore jeune…
J’ai 30 ans, 2028 c’est encore loin. J’ai commencé l’athlétisme à six ans donc voilà ça fait long. Pour les articulations, le triple saut est une discipline traumatisante. Ce n’est pas défini encore mais je pense que ce seront mes derniers jeux donc ce serait bien de finir en beauté sur les Jeux Olympiques à la maison.
"Une immense fierté de représenter la ville"
En termes de sacrifice, qu’est-ce que ça représente de préparer un tel événement ?
Franchement les Jeux Olympiques, je les prépare depuis au moins huit ans. Même encore avant car on a failli avoir les jeux en 2012, qui ont été donnés à Londres, et déjà j’étais focus. Ça m’a été bénéfique de les avoir quelques temps plus tard, en 2024, parce que ça me permet d'arriver à maturité. On sait en plus que le triple saut c’est une discipline à maturité tardive et que moi j’arrive vraiment à mon apogée à 30 ans. D’ailleurs, j’aurais 30 ans la veille des qualifications. Tout s’est bien imbriqué pour que j’arrive à ces Jeux Olympiques en pleine possession de mes moyens et avec beaucoup d’envie. Je n’ai clairement pas du tout eu la même adolescence que mes camarades. C'était beaucoup de sacrifices. Tout cela a été choix et j’en suis très content. Et je veux concrétiser tout ça aux JO.
Au-delà de la France, vous allez représenter Nîmes, on imagine que c’est une immense fierté, n’est-ce pas ?
C’est une immense fierté de représenter la ville et le département. Je tiens à les remercier car ils me soutiennent depuis un certain nombre d’années. Le Conseil départemental est venu me chercher car il voulait valoriser ce que je faisais. En me disant qu’il me soutiendrait quoi qu’il arrive jusqu’aux Jeux de Paris. Pour les remercier, mon but est de porter ce maillot bleu le plus haut possible. En tant que Nîmois pure souche, licencié encore à l’Entente Nîmes Athlétisme, soyez sûrs que je ferais le maximum pour aller le plus loin possible.