Publié il y a 10 mois - Mise à jour le 10.01.2024 - Propos recueillis par Corentin Corger - 3 min  - vu 487 fois

L’INTERVIEW Pierre Martin, président FFB : « Il y a une crise profonde du logement neuf »

Pierre Martin FFB Gard

Pierre Martin est le nouveau président de la FFB 

- Photo Corentin Corger

Élu président de la Fédération Française du Bâtiment (FFB) en novembre dernier, Pierre Martin, âgé de 52 ans, a officiellement pris ses fonctions le 1er janvier 2024 prenant la succession de Pascal Lacosta, contraint de quitter son poste après avoir réalisé deux mandats de trois ans. Ce directeur régional de Sogea Sud Bâtiment, filiale de Vinci, revient sur la crise actuelle du logement neuf et les enjeux à venir.

Objectif Gard : Pourquoi avoir voulu devenir président de la FFB ?

Pierre Martin : Depuis 2010, je fais partie de la FFB, que ce soit au conseil d’administration, puis au bureau et en 2023 j’ai décidé de me présenter comme président. Je suis profondément attaché à mon département, cela fait 25 ans que je travaille ici donc je connais bien le milieu économique. C’est une démarche complètement personnelle, il y a de vrais combats à mener et j’ai l’habitude de défendre l’intérêt collectif. Pour faire face à une crise, c’est une force.

À quelle crise faites-vous référence ?

La crise la plus profonde aujourd’hui concerne la construction neuve de tout type avec un recul de 8 % au niveau national, de la villa au collectif et même aux bâtiments publics. Quand on est proche d’échéances électorales locales, tout ce qui est programmé ne démarrera pas avant les élections car il y a peu de chances que les rubans soient coupés. Dans le Gard, en 2023 c’est -23 % de logements mis en chantier et -19 % de permis accordés. Cette année, seulement 286 000 logements ont été construits en France, c’est le niveau le plus bas relevé depuis le début des années 1990. On en annonce 260 000 pour 2024 alors que l’on estime que la France a besoin de 500 000 logements par an. Cela s’explique par des taux d’intérêt haut à 4 %, l’envolée des prix du foncier - il y a cinq ans à Nîmes, on était à 250 euros du m2, on est aujourd’hui à 600 euros – et l’augmentation de 13 % des matières premières depuis le début de la guerre en Ukraine. Donc beaucoup de projets ne se font pas. À noter que l’emploi salarié a baissé de 1,8 % et le nombre d’intérimaire de 3,9 %.

"C’est une présidence à quatre personnes"

Concernant la rénovation, quelle est la tendance ?

C’est une activité qui reste assez porteuse. La rénovation énergétique progresse de 3 % portée principalement par la dynamique du dispositif MaPrimeRénov’. Notre crainte c’est une réforme de la PrimeRénov‘ dans les tuyaux qui remet en cause le principe de la rénovation par geste, c’est-à-dire par étape et vise une rénovation globale qui doit concerner six corps de métier. Tout faire d’un coup demande plus d’argent au particulier donc peut-être qu’il n’effectuera pas des travaux et ne sollicitera aucun artisan.

Quelles sont les premières actions que vous souhaitez mettre en place ?

Dans cette période compliquée, les artisans vont avoir besoin d’une grande proximité. Je n’ai pas voulu être le président de toute la fédération, c’est le sens de mon projet. Ce que l’on a mis en place dans cette mandature, c’est que je suis accompagné de trois vice-présidents. C’est une présidence à quatre personnes pour être au plus près des adhérents.

"Une enveloppe complémentaire pour assurer la sécurité"

Dans le cadre des chantiers de la rénovation urbaine, certaines entreprises sont victimes de racket. Comment pouvez-vous lutter ?

Ce n’est pas aux entreprises d’assurer leur propre sécurité, cela dépend de l’État. On doit pouvoir travailler sereinement en plus pour réaliser des travaux indispensables pour ces habitants. On a rencontré le préfet, la difficulté qu’il a soulevée c’est que pour lutter il faut déposer plainte. Tous les acteurs concernés par la rénovation urbaine, comme le premier adjoint de la ville de Nîmes Julien Plantier, sont allés à Paris pour tenter d’obtenir une enveloppe complémentaire pour assurer la sécurité. Quelque chose sera fait même si ce n'est pas à hauteur de ce qui a été demandé. On veut que cette sécurité passe par des marchés indépendants des travaux et non pas par le budget d’investissement car ce sera autant de travaux en moins pour les habitants pour payer des sociétés de gardiennage.

Quel message souhaitez-vous adresser aux artisans pour 2024 ?

Cela va être une période très compliquée car tout se succède depuis le covid, la guerre en Ukraine, maintenant le logement neuf. Ce qui nous donne espoir, c’est la rénovation et la réhabilitation, le Gouvernement a toujours cette volonté de l’accélérer. Il faut être vigilant, ne pas rendre trop compliqué les choses. Il faut que les artisans soient confiants, la Fédération est à leur côté et va se battre pour la défense de leurs intérêts.

Les trois vice-présidents de la FFB

Laurent Bonnefoi, dirigeant d’une entreprise de génie climatique d’une vingtaine de salariés sur Alès, Denis Rodriguez, artisan électricien de quatre salariés à Sommières et Céline Torres, représentante des constructeurs de maisons individuelles, promoteurs et aménageurs. La FFB dans le Gard compte 1 000 adhérents dont 90% d’artisans.

Propos recueillis par Corentin Corger

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