LUNEL/SOMMIÈRES/AIMARGUES VAUVERT Plus d'une centaine de personnes hébergée en urgence
Philippe Crouzet, directeur général des services de la Ville de Lunel (Hérault) n'avait jamais eu l'occasion de monter un hébergement d'urgence pour des naufragés de la route suite à des chutes de neige.
Depuis hier, c'est chose faite. "On avait déjà dû préparer des dispositifs d'urgence pour les victimes des inondations au début des années 2000, mais ça c'était inédit !" Reconverti en professionnel quasi-savoyard, grâce à la mobilisation de divers services communaux et intercommunaux et à l'aide des bénévoles de la Croix-Rouge locale, le responsable a pu superviser un accueil digne des départs en vacances au ski en zone de montagnes. "Avec la sortie de l'autoroute et les routes secondaires, c'était assez prévisible que cela converge sur notre territoire", analyse-t-il. Ce matin, les routes et autoroutes du département voisin se dégageaient encore très lentement.
En vigilance rouge au milieu de la nuit, la ville de l'Hérault, située entre Nîmes et Montpellier, a vu arriver dès 18 h-19 h les premiers galériens de la route, contents de trouver un lit de camp, un sandwich et un café. Entre services techniques, des sports, la police municipale, les services sociaux, Lunel a pu mobiliser pour l'hébergement et la prévention une soixantaine de personnes.
Dans le Gard, à Aimargues, la ville a ouvert le Foyer, en centre historique et a accueilli neuf naufragés pour la nuit. Ce matin, les automobilistes en galère se sont vus offrir croissants et pains au chocolat par la boulangerie voisine. "On a eu peu de monde victimes de sorties de route ou de casse et on a pu, avec les 4x4 communaux, aller récupérer les personnes. Certaines ont préféré rester dans leurs véhicules et les hôtels du secteur étaient pleins", explique le maire d'Aimargues, Jean-Paul Franc.
À quelques kilomètres, dans un souci de prévention, la mairie de Vauvert a par ouvert deux lieux d'accueil hier soir : le Foyer communal de Gallician et la salle Raimu du Centre Gourdon. Les points délicats se situaient surtout entre Saint-Gilles et Vauvert, avec la montée du bois de Beck en direction de Gallician sur la RD6572, seul dénivelé marquant d'un territoire plutôt plat. Des camions s'étaient arrêtés sur le côté car la chaussée a été un temps impraticable et une dizaine de voitures a été également immobilisée à cet endroit. Deux familles ont été accueillies quelques heures sur Vauvert, mais comme les naufragés très temporaires de Gallician, elles ont pu repartir avant la nuit. Deux jeunes engagés sur le trajet Marseille/Montpellier sont allés au fossé sur la route des canaux, vers le giratoire de Beauvoisin, et ont finalement été les seuls accueillis au milieu de la nuit.
Ce matin, Jean Denat, le maire de la Ville, s'apprêtait à fournir le meilleur accueil à 54 personnes bloquées dans un bus entre Aimargues et Vauvert pendant la nuit. "Je voudrais donner un coup de chapeau au service public car sur Vauvert on a eu du personnel de la crèche qui a dormi avec des enfants cette nuit. Leurs parents n'ont pas pu les récupérer hier car ils étaient bloqués chez eux. D'autres interventions salutaires ont eu lieu concernant des compteurs d'eau gelés hier à Gallician."
Vers 23 heures 30, à Aigues-Mortes, l'adjoint à la Culture, Jean-Claude Campos a dû héberger sept personnes dans un local réservé l'été aux gendarmes en renfort : un adulte et six adolescents ou enfants, tombés en rade vers la Porte de la Gardette. Le matin, les services sociaux leur ont apporté une collation chaude. Ils devaient repartir en début d'après-midi.
À Sommières, où 20 cm de neige sont tombés hier, trente personnes sont restées bloquées sur la commune cette nuit. Plusieurs ont dormi chez l'habitant ou dans les nouvelles chambres de l'espace Lawrence Durrel, la Résidence des Artistes. Pas de casse, mais là aussi des adjoints et un maire avertis par les pompiers au fil de la journée d'hier. Si deux réfugiés ont tenté de rejoindre Montpellier ce matin, ils ont vite à nouveau été coincés sur la chaussée entre Lunel et Lunel-Viel.
Là encore, si le maire de Sommières, Guy Marotte, avait l'habitude d'un dispositif d'urgence pour les inondations, c'est la première fois que cela s'adressait aux réfugiés de la route hivernale. "On a recueilli des gens en partance pour Barcelone, l'île d'Oléron ou la Corse. Beaucoup passeront sans doute une nuit de plus chez nous. On les encourage d'ailleurs à le faire", commente l'élu, qui doit faire un point avec ses hôtes vers 16 heures. Pour lui, c'est l'occasion, plaisante-t-il, de tester la nouvelle offre d'hébergement locale, avec petit-déjeuner et déjeuner fournis, de manière certes intempestive ! Les voitures des hébergés n'ont pas subi trop de dégâts. Certaines ont été sorties des fossés. Une solidarité interdépartementale routière parfaitement bien accueillie par les bénéficiaires.
Florence Genestier