MARDI ÉCO Apprentissage : filières en danger ?
Emmanuelle Gazel, vice-présidente de la Région Occitanie en charge de l’emploi, de la formation professionnelle et de l’apprentissage accompagnée des conseillers régionaux, Françoise Bons, Jean Denat et Fabrice Verdier, a rencontré à la Maison de Région à Nîmes, l’ensemble des acteurs gardois de l’emploi et de la formation.
Nîmes était la 8e étape des rencontres territoriales organisées par la Région Occitanie autour de l’emploi et de la formation. Sur chaque territoire, Emmanuelle Gazel est allée à la rencontre des acteurs locaux afin d’échanger avec eux notamment sur les enjeux du projet de réforme de l’apprentissage qui vient d’entamer son parcours législatif à l’Assemblée Nationale. " Face à la réforme qui se prépare, nous voulons être force de proposition afin que les choix se fassent avec les Régions et les territoires et pas sans eux", affirme Emmanuelle Gazel. Et d'appuyer, "les bons résultats que nous enregistrons en Occitanie avec près de 8% d’apprentis supplémentaires en un an, sont le fruit d’un travail partenarial mené en étroite collaboration avec l’ensemble des acteurs locaux de l’orientation, de la formation et de l’emploi, sous le pilotage de la Région. Avec des mesures pour les jeunes, les employeurs, les CFA, et 140 nouvelles sections d’apprentissage ouvertes dès la rentrée prochaine, la Région agit concrètement, au quotidien, pour développer cette voie de formation d’excellence et compte porter les propositions issues du terrain pour aboutir à une réforme au service de l’emploi et des jeunes."
Priorité à la formation
L’emploi et la formation sont des priorités pour la Région Occitanie qui y consacre cette année plus de 500 M€ dont près de 143 M€ pour le développement de l’apprentissage. Depuis 2017, la Région met en œuvre un ambitieux plan de développement de l’apprentissage avec des aides nouvelles et renforcées à destination des apprentis, des employeurs et des Centre de formation des apprentis (CFA). L’objectif : atteindre le cap des 40 000 apprentis d’ici 2021. L'Occitanie compte près de 36 500 apprentis au 1er janvier 2018. C'est-à-dire, près de 8% supplémentaires en un an. 85% d'entre eux réussissent leurs examens et 75% d'entre eux trouvent un emploi ou poursuivent leurs études. Aujourd'hui, dans le Gard, près de 1 800 formations du niveau CAP à Ingénieur sont proposées dont 140 nouvelles formations pour la rentrée 2018. Dans notre département, on compte 4 160 apprentis, 9 CFA, 2.6% d’apprentis supplémentaires en un an et 14 nouvelles formations mises en place à la rentrée 2018.
Que changera la réforme ?
La réforme de l'État prévoit un versement de la taxe d'apprentissage à l'Ursaff. Selon la Région, cette centralisation est une pénalité grave sur le terrain. Notamment parce qu'elle alimente en partie les sections techniques des collèges et lycées professionnels, qui n'en bénéficieront plus. D'autre part, les financements des organismes de formations se feront au contrat sur dossier depuis Paris. Le danger ? Que seules les filières rentables soient alimentées au détriment des filières dites de niche, qui forment à des métiers spécifiques en demande dans une région (palefrenier par exemple). Plus grave encore, elle mettra en péril les CFA situés en zones rurales, nombreux dans notre région. Avec, pour certains d’entre eux, de réels risques de fermeture. Inquiétude aussi pour nos entreprises locales qui pourraient être privées d’une main d’œuvre qualifiée, alors que de nombreux secteurs peinent déjà à recruter.
Comprenons que la Région défend une politique de proximité qui ne prenne pas seulement en compte la rentabilité des centres de formation mais les particularismes de chaque région. En échappant à un pilotage public, les financements seront distribués en fonction du profit, alors que dans la logique d'un service public de proximité, les formations rentables permettent de financer les centre ruraux et les formations de niche.
Président de la Chambre des métiers et de l'artisanat du Gard, Henry Brin, venu assister à la rencontre, n'a caché ni son soutien, ni son inquiétude. "Depuis que je suis en poste, déplore -t-il, je ne cesse de le répéter : une formation pour tous, partout. Je ne pourrai plus le dire…" Pour les acteurs locaux de la formation c'est donc clairement l’accès des jeunes à une formation professionnelle de qualité et de proximité qui est menacé et, au bout du compte, leur accès à l’emploi. Malgré un pessimisme palpable, les élus régionaux ne baissent pas les bras. Au total, 13 réunions se tiendront ainsi dans tous les départements de la Région Occitanie jusqu’à la fin de l’été, tandis que d'autres Régions de France s'y colle sur leurs territoires respectifs.
Véronique Palomar