MIALET Le Chemin Camisard, une route chargée d'histoire
Hier, le musée du Désert a inauguré le Chemin Camisard, une randonnée de 7 à 9 jours à travers les Cévennes, qui retrace la route empruntée par les Huguenots pour fuir le Royaume de France au XVIIIe siècle. Un itinéraire chargé d'histoire.
De Mialet au Pont de Montvert, en passant par St-Jean-du-Gard et St-Etienne-Vallée-Française, le Chemin Camisard est une boucle de 140 km qui passe par les principaux lieux emblématiques des Camisards. "Cette randonnée met en valeur la résistance et offre, à son échelle, une réflexion sur la liberté. Ce n'est pas un pèlerinage, c'est un parcours historique", souligne Hubert Pfister, ancien Président de la Fédération de l'Entraide protestante.
En 1685, le roi Louis XIV signe la révocation de l’Edit de Nantes, interdisant la religion protestante en France. Les hérétiques sont alors persécutés et plusieurs dizaines de milliers de croyants fuient le Royaume vers "les Pays du Refuge", Suisse, Allemagne, Hollande. "Un exil au nom de la liberté religieuse. Chez les protestants, nombreux en Cévennes, l'église romaine est attachée au matériel et empêche l'âme de s'élever. Il faut partir pour la sauver", explique Folco Peyrussan, enseignant d'histoire, spécialiste en théologie. Artisans et riches, tous choisissent l'exil. Ils vendent tout, établissent de faux passeports. "Certains, plus fortunés que d'autres parviendront plus facilement à passer les points critiques : le Rhône et Genève", ajoute-t-il. Un réseau de passeur et de guides se crée et se professionnalise. On estime à 44 000 le nombre de Huguenots qui atteignent l'Allemagne et un nombre équivalent qui parviennent en Angleterre. Quelques uns rentreront. D'autres fonderont une famille sur place.
Le Chemin Camisard est un morceau de l'itinéraire "Sur les pas des Huguenots", qui part de Mialet pour rejoindre Die, dans la Drôme. "C'est le plus grand mouvement populaire du genre. Des personnes ont choisi d'exprimer leur refus que le pouvoir ne s'immisce dans leur conscience", répète Hubert Pfister. Le parcours sera reconnu "Itinéraire culturel du Conseil de l'Europe" l'an prochain.