NÎMES Immersion dans un cours de théâtre amateur au Télémac
Tous les mardis, de 18h à 20h, Marion Notte, metteur en scène professionnelle retrouve 14 lycéens au Télémac, pour un cours de théâtre. Cette année, les adolescents travaillent sur la pièce de Philippe Bardin, « L’antimanuel de l’embauche ». Prévue ce soir-là en répétition « La conseillère d’orientation ».
Salle sombre, lumières tamisées, bancs recouverts de coussins rouges… C’est dans cette atmosphère que les étudiants répètent tous les mardis soirs. Une fois entrés dans la salle, les 14 adolescents retirent leurs chaussures et s’installent sur les bancs. Marion Notte, intervenante depuis bientôt un an au théâtre Télémac, leur rappelle que le 26 mars, une italienne (*) est prévue pour contrôler leur apprentissage du texte : « Je compte sur vous pour bien apprendre votre texte », insiste la jeune femme, avant de passer à l’échauffement.
Les jeunes se mettent en binôme et se placent en cercle dans la pièce. « La marionnette se détend », lance Marion. Ils se tapotent les bras, les mains et les jambes. Quelques rires se font entendre dans la pièce, lorsqu’il est l’heure des grimaces et des articulations. « Il faut se laisser aller », poursuit l’intervenante. Pour terminer l’échauffement, un exercice d’occupation de l’espace est exécuté par les comédiens amateurs. « Quand je tape des mains vous arrêtez »… Clap !
Scène 1. " On dirait un cochon avec trois paires de… "
Margot et Yann sont les deux premiers à se lancer. Ils vont jouer la scène de « La conseillère d’orientation ». Très à l’aise, ils se dirigent vers les coulisses afin de faire leur entrée comme au jour J. Margot, dans la peau de Florence Vachemolle, s’adresse au public expliquant qu’elle est « COP », grossissant le trait, elle articule avec excès ces mots ajoutant quelques mimiques : « Conseillère d’orientation psychologue ». Elle s’installe ensuite sur une chaise, invitant son premier candidat à s’asseoir face à elle. Yann, mains dans les poches et désinvolte, joue le rôle d’un jeune sans formation qui « traîne » la journée. Marion finit par les interrompre et conseille à Yann d’être plus nonchalant et à Margot d’adopter le ton de « l’École des fans ».
La scène se poursuit et Florence Vachemolle demande au jeune de lui dessiner un arbre afin de cerner, dit-elle, sa personnalité. Le ton de « l'École des fans », très avenant, change du tout au tout et résonne dans la pièce : « C’est un arbre ça ?! On dirait un cochon avec trois paires de… » Tandis que les jeunes assis sur les bancs rient à la vue de cette scène cocasse, Marion interrompt à nouveau les comédiens et demande à Margot si elle peut « l’engueuler plus ? », la jeune blonde rejoue la scène et l’intervenante insiste d’un ton rieur : « Encore un peu plus ? » La scène reprend du début et tels des professionnels, ils enchaînent les répliques au même rythme que les rires dans le « public ».
Scène 2. " La série des zozos qui continue "
Il est 19h30 et quelques bâillements se font entendre. La fatigue gagne peu à peu les lycéens et cela se fait ressentir par les rires frénétiques des deux comédiennes amatrices qui viennent de monter sur scène. Zoé désormais dans le rôle de Florence Vachemolle et Mila dans le rôle d’une jeune venue pour s’informer, ne semblent pas réussir à contrôler leurs rires. Après quelques minutes, elles reprennent leur sérieux. Dans cette scène, Florence Vachemolle, arrive au terme de sa journée, lassée, blasée.. Zoé doit jouer le rôle d’une personne désagréable.
Lorsque son interlocutrice lui annonce qu’elle veut devenir cascadeuse, Florence Vachemolle, lance un tonitruant : « C’est la série des zozos qui continue ! » Avachis sur la table, Zoé tente de jouer son rôle à la perfection sous les recommandations de Marion. Elle lui conseille de ne pas avoir peur de faire de l’improvisation lorsqu’elle ne se souvient pas de ses répliques. Les étudiants restent attentifs dans les gradins, bien qu’ils n’aient pas tous joués aujourd’hui. « Ils apprennent également en regardant », informe Marion.
Il est 20h, et avant de laisser les jeunes comédiens s’en aller, Marion distille une ultime recommandation : « Apprenez bien votre texte pour le 26 mars ! »
Kelly Peyron
* Au théâtre, une italienne est une répétition sans mettre le ton, d'une voix neutre qui permet aux acteurs de mémoriser leur texte sans se fatiguer.