NÎMES Les Journées méditerranéennes des saveurs : c'est l'heure du bilan
Lancée vendredi, l'édition 2020 des Journées méditerranéennes des saveurs s'est achevée dimanche en fin d'après-midi. L'heure est désormais au bilan.
Bien sûr, la crise sanitaire est venue mettre son grain de sel dans l'organisation de ces Journées méditerranéennes des saveurs (JM'S) qui traditionnellement, ont lieu au printemps. Repoussé à ce week-end du 11 au 13 septembre, l'événement a tout de même attiré des visiteurs, au-delà des prévisions données par la Chambre d'agriculture du Gard, à l'initiative de ces JM'S en partenariat avec Nîmes métropole.
"Par rapport au contexte, nous tablions sur 400 personnes sur site simultanément (sur le Parvis des arènes, l'Esplanade et l'avenue Feuchères, Ndlr). Sans avoir de données précises, on peut dire que nous sommes au-dessus de ce chiffre", lançait Lydia Vautier, directrice de la Chambre d'agriculture du Gard, ce dimanche matin, lors du "P’tit déjeuner des saveurs" offert par la Chambre de métiers et de l’artisanat du Gard.
L'édition 2020 des JM'S a donc été adaptée au contexte sanitaire. Entre autres mesures, le port du masque était obligatoire pour les visiteurs comme pour les exposants. Ces derniers étaient moins nombreux, une quarantaine au lieu de 60. Qu'ont-ils pensé de ces deux jours - le vendredi était réservé aux scolaires, 400 cette année contre un millier en 2019 - de fête dédiés aux agriculteurs, aux produits et aux producteurs locaux ?
Pour Sébastien Duboz, gérant des Caprices des Cévennes à Saint-André-de-Valborgne, "le bilan est satisfaisant". L'éleveur de chèvres et fabriquant de Pélardons et de glaces, n'avait sur son stand plus aucun fromage à vendre dimanche après-midi. Une belle performance pour une première participation aux JM'S, une belle vitrine pour se faire connaître.
Même constat pour Johanna Elami, gérante de la micro-brasserie Bellegar'Elfe. Seule ombre au tableau : un homme a été pris en flagrant délit de vol de bouteilles de bières, par les agents de sécurité dans la nuit samedi à dimanche. Une partie des bouteilles lui a été restituée, "mais il en manque encore quatorze", se désole la brasseuse.
Johanna Elami participait pour la troisième fois aux JM'S. Et par rapport aux années précédentes, "j'ai vendu plus de bouteilles, mais moins de pressions. Je pense qu'au vu du contexte, les gens préfèrent consommer chez eux plutôt que sur place. On ressent une certaine crainte de leur part." Ceux qui ont consommé sur place n'avaient pas le droit de s'accouder au comptoir des buvettes mais devaient obligatoirement s'installer à une table.
Un changement d'habitude qui, selon Ludivine Verlaguet, présidente des Jeunes agriculteurs du Gard, et Christopher Robert, animateur, a fait perdre un peu de convivialité à l'événement. Les deux jeunes gens ont constaté une baisse de fréquentation par rapport aux années précédentes, mais ils avaient tout de même le sourire. "C'est une bonne chose que ces JM'S aient été maintenues. Cet événement familial montre le joli visage de l'agriculture sur le département et permet de maintenir le lien entre les agriculteurs et les consommateurs." Un lien qui, pour certains, s'est créé pendant le confinement.
Dans la famille Mouton, nous demandons la fille. Bonne pioche. Les yeux rieurs de Bérénice trahissaient sa bonne humeur. "Cette édition a été aussi bonne que les précédentes. Il faut dire que le temps a été avec nous." Une chaleur difficile à supporter tout de même, le visage à moitié recouvert d'un masque toute la journée. La famille Mouton a su s'adapter aux mesures sanitaires, jusque dans sa façon de travailler en supprimant par exemple les dégustations offertes aux clients.
Sylviane et Éric Dubois, fondateurs de Délice de Madeleine, se sont également adaptés aux mesures sanitaires et ont opté pour une présentation de leurs madeleines moins esthétique, mais plus hygiénique. "Elles sont enfermées dans des boîtes hermétiques. Ce n'est pas très attrayant, mais les clients ne s'en plaignent pas, au contraire ça les rassure", indique Éric Dubois. Et d'ajouter : "Notre bilan est satisfaisant, on n'a pas fait le déplacement - depuis Beaucaire, Ndlr - pour rien." Des mots qui sonnent comme un "ouf de soulagement", après une période compliquée. "Cet été, sur le marché d'Uzès, nous avons eu une baisse d'activité de 30% par rapport à l'an passé", témoigne le fabricant de biscuits.
"Vu le contexte, le bilan est satisfaisant. Mais les gens ne consomment pas comme d'habitude", a constaté Anne-Marie Riboulet, à la tête d'un élevage de taureaux et d'une exploitation céréalière, Les Délices de Scamandre à Saint-Gilles. Elle en veut pour preuve ses sacs de riz et de pois chiches. "D'habitude, je prends des sacs de 25 kilos pour la vente en vrac et je les passe. Là, j'ai pris des sacs de 15 kilos et il m'en reste encore."
Le Self'ermier a enregistré une baisse d'activité de 40% par rapport à l'édition 2019 qui avait eu lieu au printemps. Selon Thomas Auguste (élevage des Coureges à Saint-Laurent d'Aigouze) et Alexandre Floutier (ferme du Puech Cabrier à Uchaud), les co-responsables de ce point de restauration pour le compte de Bienvenue à la ferme, "il a manqué le concert le samedi soir pour garder les gens sur le site". Le duo espère pouvoir se rattraper le week-end prochain, puisque le Self'ermier sera de retour pour la feria.
Stéphanie Marin