PONT-SAINT-ESPRIT Le secrétaire de l’Association culturelle musulmane : « il faut un discours qui rassemble »
Un peu plus d’une semaine après l’attentat commis contre le professeur Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine, Yassine Taleb, le secrétaire de l’Association culturelle musulmane de Pont-Saint-Esprit, association qui gère la mosquée de la ville, lance un cri du coeur.
Si Yassine Taleb a tenu à s’exprimer, c’est qu’il a des choses à dire suite à cet attentat islamiste, et « pas au nom de la communauté musulmane de Pont-Saint-Esprit, même si beaucoup se reconnaîtront dans mon discours, mais en tant que citoyen musulman, et responsable associatif », précise-t-il. S’exprimer dans ce contexte est, pour lui « une responsabilité, un devoir. »
D’abord pour « condamner fermement et totalement cet acte de barbarie », ensuite pour se dire « choqué et doublement triste. » Choqué d’abord « car on ne peut pas imaginer que de tels actes se produisent en France », lance Yassine Taleb. Triste « car Samuel Paty était un citoyen français, un confrère car j’ai travaillé dans l’Éducation nationale, mes pensées accompagnent sa famille. » Et triste enfin car « l’islam est encore souillé par cet acte. »
Plus globalement, le secrétaire de l’association qui compte 300 adhérents dénonce « les gesticulations » politiques qui ont précédé et suivi l’attentat. « Gérald Darmanin (le ministre de l’Intérieur, ndlr) a un double discours et gesticule pour préparer la présidentielle, et ceux qui en pâtissent, ce sont les musulmans », estime Yassine Taleb, qui constate qu’« il y a un clivage entre les Français. »
« On veut nous faire croire que l’islam est incompatible avec la République, reprend-t-il. Or ici tout le monde travaille. Quand on prie, est-ce qu’on gêne qui que ce soit ? Et quand on fait l’aumône ? Et le pèlerinage ? » Yassine Taleb estime également que « certains ont du mal à concevoir et à comprendre qu’aujourd’hui on peut être Français et musulman, catholique, bouddhiste, chacun a le droit d’avoir ses convictions. » Lui rappelle qu’il se sent « purement français, je suis né ici, j’ai grandi ici, je suis allé sur les bancs de l’école de la République et je n’ai pas à prouver quoi que ce soit. »
Yassine Taleb a le sentiment que certains essaient de faire des musulmans des boucs-émissaires : « quand le pays est malade, on essaie de trouver des coupables. » Et dans ce contexte, il appelle à l’unité et estime qu’« il faut un discours qui rassemble, qui unit. » C’est aussi dans ce sens que son association compte « favoriser les échanges. »
Thierry ALLARD