ROCHEFORT-DU-GARD Martine Garofalo à la porte de chez elle au moins jusqu’au 31 mars
Nous vous avions parlé en septembre dernier de l’histoire kafkaïenne de cette rochefortaise de 75 ans, Martine Garofalo, à la porte de sa propre maison car un locataire refuse de la quitter malgré la non-reconduction de son bail.
Depuis son retour de Guyane en août dernier, où elle habitait avec sa nièce, Martine Garofalo vit un cauchemar. Celui de se retrouver à la porte de sa propre maison, et d’observer la décrépitude de ladite maison. Après un mois au Lemon hôtel de la Bégude de Rochefort, un hôtel à bas prix, la sage-femme à la retraite occupe depuis le 25 septembre dernier l’hébergement d’urgence de la mairie de Rochefort-du-Gard, en centre-village. À ce jour, elle y est toujours, et c’est dans cet appartement que nous l’avons rencontrée ce lundi en fin d’après-midi, pour faire le point sur les avancées de son dossier.
Car il y en a eu, des avancées. Sur la partie haute de la maison, si l’on ose dire : car le cas de Martine Garofalo ne concerne pas un, mais deux locataires indélicats. Le cas du second, qui louait l’étage de la maison, avant d’arrêter de verser son loyer il y a un an et demi et de disparaître de la circulation, a été jugé devant le tribunal d’instance d’Uzès le 20 octobre dernier. « J’ai eu l’autorisation de récupérer l’appartement du haut, mais il était dans un état lamentable car le locataire du bas l’a squatté », explique la septuagénaire.
« Il y avait du moisi, des déchets partout »
Il faut désormais remettre ledit logement en état. Martine et quelques bénévoles ont entrepris de le faire. « Il y avait du moisi, des déchets partout », explique-t-elle, elle qui y va plusieurs fois par semaine, « presque tous les jours », pour nettoyer l’étage. « Je préfère y aller la journée, quand il y a du monde avec moi », souffle-t-elle. C’est que le locataire du rez-de-chaussée est toujours là « et je ne sais pas comment il peut réagir », ajoute Martine Garofalo.
Elle affirme que l’homme passe ses journées volets fermés et ne répond à personne sauf à de rares exceptions. « Il m’a dit que je n’étais plus chez moi, mais chez lui », affirme-t-elle. Le cas de ce locataire doit être audiencé le 8 décembre devant le tribunal d’Uzès, et avant ça devant le médiateur de la République le 2 décembre à Avignon. Si toutefois le locataire daigne s’y rendre... Martine Garofalo espère que le tribunal décidera d’expulser le locataire devenu squatteur, « mais ce ne sera qu’à la fin de la trêve hivernale, le 31 mars 2021 au mieux, sinon ce sera aux calendes grecques », ajoute-t-elle.
La solidarité en marche
En attendant, la solidarité s’est mise en marche. Ému par les différents articles et les reportages télévisés passés sur TF1 et France 2 sur l’affaire, un groupe de motards de Vaucluse est venu ce dimanche pour débroussailler le grand jardin de la demeure, laissé totalement à l’abandon. Ils en ont profité pour récupérer des vêtements d’hiver de Martine qu’elle avait laissés dans sa maison. « Je n’avais pas de vêtements chauds. Je rentrais de Guyane. Alors les motards ont réussi à rentrer, ont vu le locataire et ont récupéré les habits et les chaussures d’hiver », raconte Martine Garofalo.
Elle aussi a revu le locataire. C’était ce dimanche. « Il avait une GoPro. Il filme tout. Il est maigre comme un clou et blanc comme un cachet d’aspirine », décrit la propriétaire. L’homme ne la menace pas « mais il me parle mal », précise-t-elle. Il a même prévenu les gendarmes que Martine était rentrée dans la maison et Martine a dû une nouvelle fois expliquer la situation à la maréchaussée. Quant au locataire, une fois les gendarmes sur place, « il n’a plus répondu », affirme-t-elle.
Les fêtes dans le logement d’urgence
Bref, on en est là : Martine a pu récupérer le haut de la maison qu’elle ne peut pas habiter pour le moment, tant qu’il n’est pas remis en état. De plus, la septuagénaire refuse de remettre du fioul pour le chauffage, d’autant plus qu’elle s’attend « à une note monstrueuse » d’électricité. Alors pour l’instant, et sans doute jusqu’au printemps, elle restera dans l’appartement de la mairie, où elle passera les fêtes, elle l’espère avec sa famille de Guyane.
En attendant, la mobilisation autour de son cas lui fait « chaud au coeur », affirme-t-elle, peu après avoir passé l’après-midi avec le député Anthony Cellier, son homologue de l’Hérault Patrick Vignal, l’attaché parlementaire du sénateur Laurent Burgoa et Patrick Bellet de la préfecture, venus s’enquérir du dossier. « Ça me donne un peu d’espoir, commente-t-elle. Mais c’est épuisant, il n’y a pas d’autre mot. »
Thierry ALLARD