ROQUEMAURE "Une antenne de 12m de haut à 60 m des fenêtres" : des riverains lancent une pétition
Depuis un peu moins d'un mois, les riverains du chemin Saint-Joseph font entendre leur mécontentement : un projet d'implantation d'antenne-relais est prévu tout près de leurs maisons. Ils ont lancé une pétition il y a une quinzaine de jours. Une rencontre entre eux, la mairie et les représentants de l'opérateur Bouygues est prévue en fin d'après-midi, ce jeudi, pour essayer de négocier.
C'est un peu par hasard que les habitants du chemin Saint-Joseph ont pris connaissance de ce projet. Le 7 mars, l'un d'eux tombe sur cette information, via l'application mobile Politeia. En mairie, un dossier d'informations est consultable et indique que cette nouvelle antenne-relais Bouygues-Télécom va mesurer 12 mètres de haut et offrira une couverture des réseaux 2G, 3G, 4G et 5G aux alentours. Le projet va s'implanter sur un terrain privé, en haut du chemin, près de l'autoroute, grâce à un bail locatif. Soit à une centaine de mètres des maisons des habitants. Dans le dossier, il est indiqué que la date prévisionnelle du début des travaux est fixée au 12 avril prochain et que la mise en service de l'antenne devrait intervenir au 12 juin.
"On a le sentiment d'être mis devant le fait accompli. On n'a pas été consultés", déplore Joël, qui habite la maison la plus proche de la future construction. Il ajoute : "Je vais me retrouver avec une antenne de 12 mètres de haut à 60 mètres de mes fenêtres." Au-delà du visuel, ce papa ignore quels effets peuvent générer les ondes pour ses enfants âgés de 6 et 10 ans. Dans la pétition, les riverains arguent d'ailleurs : "Il serait peut-être judicieux d'appliquer le principe de précaution car sans le recul suffisant sur le sujet, la santé de tous pourrait être impactée. Selon la situation scientifique actuelle, il n'est pas possible d'affirmer clairement que ces ondes soient inoffensives."
Le risque de dévaluation du prix des maisons
Dans le dossier d'informations, plusieurs photomontages du futur site ont été réalisés. Mais les riverains estiment que les images ne correspondent pas à ce que sera la réalité : "La photo n'est pas à l'échelle. L'antenne sera plus grande. Les clôtures, les armoires électriques n'apparaissent pas sur le montage." Les habitants s'inquiètent aussi de la dévaluation du prix de leur maison : "Personne ne nous a consulté pour la perte financière. Qui va acheter un bien où on voit une énorme antenne quand on ouvre ses volets ?", pointe Joël.
Entre la pétition papier et la version numérique, le collectif informel cumule plus de 400 signatures. Ses membres se sont rapprochés de plusieurs associations mais aussi d'un avocat. Ils ont aussi réussi à obtenir un rendez-vous avec les représentants de Bouygues-Télécom et la mairie, ce jeudi soir. Ils sont bien décidés à faire entendre leurs arguments : "Si on laisse faire cela devant chez nous, ils en implanteront n'importe où. On ne veut pas que notre cas fasse jurisprudence."
Permettre "des conditions optimales de communication téléphonique et de navigation Internet"
Selon le site Ariase, recensant sur une carte les différentes antennes mobiles, il existerait déjà trois antennes Bouygues sur la commune de Roquemaure. Dans son dossier d'informations, l'opérateur justifie l'implantation de cette nouvelle antenne pour permettre "des conditions optimales de communication téléphonique et de navigation Internet".
Il est également écrit : "L'augmentation du volume des communications simultanées (voix et/ou data) et des usages ont des conséquences sur la qualité de service. C'est pourquoi, les opérateurs de la téléphonie mobile sont dans la nécessité d'adapter continuellement le réseau à la réalité de la consommation. (...) Concrètement, cela se traduit sur le terrain par la construction de nouveaux sites 2G, 3G, 4G et 5G permettant d'assurer la qualité de couverture, de maintenir un bon niveau de débit."
Aucune demande d'urbanisme à formuler pour implanter des antennes de 12m et moins
La maire de Roquemaure, Nathalie Nury, comprend le désarroi des riverains : "Ils ont raison, j'ai même signé leur pétition. Il faut des antennes pour avoir Internet et du réseau. Oui, mais il faut regarder le positionnement. Là, à 60 mètres des maisons, ce n'est pas acceptable", affirme-t-elle. Ce jeudi, à 16h, elle va rencontrer les représentants de Bouygues en mairie, puis à 16h30, le collectif les rejoindra. "On veut trouver une solution avec eux et on espère un dénouement favorable mais ce n'est pas nous qui tenons la corde", déplore l'édile.
En effet, toute implantation d'antenne de 12m et moins n'est soumise à aucune demande d'urbanisme. "En tant que maire, on ne peut rien faire. Plein d'autres communes sont dans le même cas", insiste-t-elle. Avant ce projet d'implantation, la mairie avait déjà refusé une première demande au même endroit pour une antenne de 18m, où là, elle avait son mot à dire. Nathalie Nury va essayer de trouver un arrangement en proposant un autre emplacement sur la commune, où "il n'y aura aucune visibilité avec les maisons". Car là aussi, la législation n'impose pas de distance minimum avec les résidence : "Il y a seulement une distance à respecter avec les écoles, les crèches mais pas les maisons", conclut la maire.