SAINT-LAURENT-LE-MINIER La cascade de la Vis, point noir d'un bassin bien préservé
Temah, cabinet lunellois, a travaillé tout l'été sur les gorges de la Vis pour en détailler les attraits, les menaces et les mesures de protection. L'étude a notamment porté sur la fréquentation du site de la cascade, à Saint-Laurent-le-Minier, géré difficilement par la commune en raison d'une fréquentation trop importante, et surtout du manque de respect du site de la part de certains. L'étude a proposé quelques solutions de délestage au syndicat mixte du Grand site du cirque de Navacelles.
La vallée de la Vis, ce sont avant tout ses habitants. Soit 498, entre Gard et Hérault, auxquels il faut ajouter 1 000 lits de résidences secondaires et 300 d'hébergements marchands. "Si tout est plein en même temps, explique une chargée de mission du cabinet Temah, on compte donc 1 800 personnes dans la vallée". Pour une cinquantaine d'emplois, dont la moitié dédiée à l'activité touristique.
C'est finalement peu pour un "bassin versant assez énorme", même si le diagnostic paysager du cabinet n'a porté que sur les 17 kilomètres de rivière, entre la résurgence du moulin de la Foux et la jonction avec l'Hérault. Dix-sept kilomètres au cours desquels "la rivière est visible et invisible", sachant que quand l'eau passe dans la partie souterraine, elle peut y rester jusqu'à 33 jours.
La qualité et la fraîcheur de ses eaux pourraient d'ailleurs rendre la Vis éligible au statut de "rivière sauvage". Dans le "défilé de la Vis", où s'enchaînent châteaux et ponts, la rivière reste accessible grâce à de petits accotements sur le bord de la route. "Mais les séquences paysagères disparaissent sous l'envie de baignade", poursuit le cabinet Temah. Pourtant, la ripisylve est encore en bon état et les gorges sont couvertes par une série de reconnaissance et de dispositions réglementaires : Natura 200, au titre des oiseaux et de l'habitat, un périmètre de Plan national d'action pour l'aigle de Bonelli, ou encore des ZNIEFF (zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique).
Ces protections sont mises à l'épreuve, en été, avec l'afflux massif de touristes, même si l'étude de fréquentation relève qu'en 2024, les gorges ont vu passer plus de monde lors des week-ends de mai qu'au mois d'août. Un jour moyen, on compte environ 360 visiteurs dans la vallée, contre 650 à 700 le dimanche. Et dans ce paysage, le joyau qu'est la cascade de Saint-Laurent-le-Minier, victime de sa fréquentation, que les réseaux sociaux n'ont pas contribué à faire baisser.
42 000 personnes fréquentent la cascade en été
Pour drainer et limiter, la mairie contraint les visiteurs à utiliser un parking, payant à la journée en été, d'une capacité de 275 places. "Sur dix jours de comptage, on a observé une moyenne de 245 véhicules cet été, détaille le cabinet Temah, dont 48 en stationnement interdit ou gênant". L'étude a aussi montré quatre jours réellement saturés, "où la capacité est dépassée de 50%". La fréquentation est estimée à 42 000 personnes qui fréquentent la cascade sur l'ensemble de la saison, contre 25 000 pour l'ensemble des gorges, hors cascade.
55% des visiteurs proviennent de leurs lieux de vacances, 45% de leur domicile. 80% viennent de l'Hérault - dont 40% de la métropole de Montpellier - et 20% du Gard. Seuls 10% des visiteurs habitent à proximité, signe que la cascade est plutôt fuie par ceux qui connaissent le mieux les lieux. Sept usagers sur dix passent entre trois et six heures sur place. Neuf baigneurs sur dix disent avoir vu les règlements de baignade, mais seulement six sur dix les ont lus.
Constatant le peu d'espaces pour l'ensemble des visiteurs, dans une zone qui ne fait que 3 600 m2, et le danger que représente l'aqueduc qui va de la cascade au château - proche de s'effondrer - le cabinet préconise d'esssayer d'étirer la fréquentation du site, en créant un cheminement vers le Grenouillet, au pied de l'ancien site minier des Avinières. "Ouvrir d'autres sites ne créerait-il pas, au contraire, un appel d'air ?", s'est interrogée Corinne Bouvier, première adjointe de Saint-Laurent, qui doit gérer, chaque été, les abus et incivilités d'une partie des visiteurs.
L'interrogation s'est poursuivie sur le site des Avinières, qui ne présente pas vraiment de lieu de baignade, au pied d'un site pollué par l'exploitation minière et dont quelques galeries subsistent, éventuellement dangereuses. Tout en s'accordant sur le fait qu'il faut "travailler sur des points potentiellement aménageables, vers une gestion concertée de la fréquentation". Cette étude doit y aider et servir de base de travail aux élus.