Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 24.02.2020 - marie-meunier - 3 min  - vu 1410 fois

UZÈS Les parents d'élèves et professeurs du lycée Charles-Gide manifestent contre les E3C

L'équipe enseignante du lycée Charles-Gide d'Uzès comptait une vingtaine de grévistes ce lundi matin, début des E3C. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Ce lundi matin, parents d'élèves et professeurs se sont donnés rendez-vous devant le lycée Charles-Gide pour manifester contre la tenue des E3C (épreuves communes de contrôle continu), nouvelles venues de la réforme du baccalauréat loin de faire l'unanimité. Toutes les organisations syndicales de l'établissement ont déposé un préavis de grève et certains enseignants n'ont pas assuré la surveillance de l'examen.

Dès 7 heures, les manifestants ont commencé à se mettre en place. Pas de blocage, le mouvement s'est déroulé dans le calme. Un peu trop au goût de certains notamment Léa (*), 16 ans, qui comptait ne pas se rendre à l'épreuve d'histoire-géo ce matin pour marquer le coup. Mais personne ne l'a suivie, pas même ses copines, alors elle s'est résignée à se rendre en salle d'examen pour ne pas risquer le zéro pointé.

Cette bonne élève ressent les effets négatifs de la réforme : "C'est très compliqué. Quand on pose une question aux professeurs, ils ne savent pas nous répondre. Il y a énormément de travail. Notre prof de philo nous donne des polycopiés ou des devoirs maison car elle n'a pas le temps de faire tout le programme. Pour la leçon d'histoire-géo, j'ai dû toute la refaire pendant les vacances car c'est allé trop vite en cours, je n'ai pas eu le temps de comprendre."

Même discours pour Chloé (*), 17 ans, qui a vu chuter sa moyenne de plusieurs points cette année. Fini les 17/20 malgré de longues heures de bachotage : "Je le vis très mal. On est tout le temps sous pression. J'ai l'impression d'être une machine à contrôles. Les profs sont stressés et sans le vouloir nous refilent leur stress. Ils ne savent pas nous rassurer." Elle a même renoncé à un week-end entre amies pendant les vacances pour travailler : "Je ne fais que ça", déplore la lycéenne.

Les parents d'élèves déplorent un stress continu chez leurs enfants. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Sa mère a elle aussi choisi de manifester devant les grilles du lycée ce matin parce qu'elle ne veut plus voir sa fille angoissée : "C'est une réforme trop vite faite qui manque de préparation. Ma fille qui était excellente, je la retrouve avec des difficultés." Ce stress vient aussi du contrôle continu : toutes les notes aux contrôles sont prises en compte dans l'évaluation finale du bac. Ce qui sonne chez les élèves comme un "non-droit à l'erreur".

Et cette crainte de faire une erreur se ressent dès la fin de la Seconde, selon la représentante des parents d'élèves, qui souhaite rester anonyme : "Ils ont un choix déterminant pour leur avenir à faire à un moment où ils ne savent pas encore qui ils sont. S'ils ne choisissent pas les bonnes spécialités, il y a des portes qui peuvent ne pas s'ouvrir au moment de Parcoursup." Elle avait aussi rédigé avec d'autres parents une lettre ouverte au ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, pour lui demander le report des E3C à la fin de l'année scolaire.

"C'est une épreuve raccourcie, moins difficile mais

avec un programme énorme. Ça ne rime à rien"

Le lycée Charles-Gide compte 70 enseignants pour 900 élèves. Une vingtaine de professeurs était gréviste ce lundi matin ce qui a amené l'établissement à faire appel à des personnes extérieures pour surveiller. Parmi les manifestants, se trouvait Philippe Calbo, professeur d'histoire-géo depuis 8 ans au lycée Gide. "C'est une épreuve raccourcie, moins difficile mais avec un programme énorme. Ça ne rime à rien", s'exclame-t-il.

D'autant qu'il a eu le programme tardivement fin juin et les méthodes d'évaluation que fin novembre. Le programme est si conséquent que Fabrice Cabane, également professeur d'histoire-géo au lycée, annonce d'emblée : "C'est impossible de le boucler. J'ai calculé, il me reste 15 chapitres et 30 heures de cours..." Il déplore aussi beaucoup d'efforts pour une épreuve "perçue comme plus simple que le brevet".

Ce n'est Léa (*) qui le contredira puisqu'elle est tombée sur un sujet dont elle a potassé le corrigé sur Internet. C'est l'avantage d'être un des derniers établissements à faire passer les E3C. Pour l'égalité des chances, on repassera... "Au moins, ils vont bien réussir", conclut ironiquement Franck Tichadou, élu au conseil d'administration du lycée.

Marie Meunier

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