VERS-PONT DU GARD Un train pour voyageurs en rive droite pour... 2022 ?
Si les deux parties sont d'accord sur la réouverture de cette ligne aux voyageurs, les discussions portent encore sur la date de l'ouverture. 2022 comme le souhaite la région, ou 2025 comme le prévoit la SNCF. De plus, le budget, de 84 à 109 millions d'euros et quant à lui jugé trop élevé par la présidente de l'Occitanie.
Pour faire avancer ce dossier aux allures de serpent de mer, la région et SNCF réseau mettent en place une concertation pour un projet identifié comme prioritaire lors des États généraux du Rail et de l’intermodalité.
Une concertation, mais pour qui ?
Tout d'abord, il s'agit d'une étape obligatoire pour la concrétisation de cette réouverture de la ligne de la rive droite du Rhône. Ensuite, tous les Gardois peuvent participer, qu'ils soient étudiants, salariés et représentants du monde économique, responsables du secteur associatif, élus... Tous sont invités à s'informer, mais aussi à donner leur avis sur ce projet. Sachant que la fin de la concertation est prévue le 14 décembre prochain.
Actuellement, les éléments qui sont soumis à la concertation constituent des intentions d'aménagement, que les conclusions de la concertation pourront contribuer à affiner. Le projet final devra ainsi répondre au mieux à l'ensemble des attentes exprimées. Les avis et les propositions, recueillis pendant la concertation, seront donc examinés, puis synthétisés dans un bilan de la concertation rendu public sur le site internet du projet.
Un projet nouveau, mais ancien
Comme le souligné Olivier Sauzet, le maire de Vers-Pont-du-Gard, lors de la soirée d'ouverture mercredi dernier, au sein du Pont du Gard : « J'ai en mémoire le souvenir d'avoir vu les tout derniers trains de voyageurs en 1973 sur cette ligne !». Effectivement, c'est en 1973 qu'est prise la décision de réserver la ligne de la rive droite du Rhône au transport de marchandises. Alors qu’elle a constitué pendant plus d'un siècle un axe ferroviaire nord-sud de première importance, c'est la double concurrence de la voiture particulière et de la ligne Lyon-Marseille, qui va avoir raison d'elle. Une fermeture aux voyageurs remise en question dès 2006. Des études sont alors menées, puis approfondies, avant d'être stoppées en 2013 pour des raisons financières.
Au cœur du projet
La réouverture aux voyageurs de cette ligne ferroviaire, entre Pont-Saint-Esprit et Nîmes, répond aux besoins de mobilité d'un territoire en plein essor démographique et économique. Ses objectifs sont de renforcer la desserte en transports en commun, pour réduire l'usage quotidien de la voiture. Proposer aux habitants, salariés, étudiants... une offre de mobilité performante et respectueuse de l'environnement. Améliorer l'accessibilité du Gard rhodanien et, plus largement, la desserte de l'est du département du Gard. Relier les communes aux principaux lieux de vie et pôles d'activités et enfin accompagner le développement économique et touristique du territoire.
Concrètement, le projet soumis à la concertation concerne le tronçon de la ligne compris entre Pont-Saint-Esprit au nord, et Nîmes, au sud. Soit 82 km, qui desservent un bassin de plus de 683 000 habitants et 281 850 emplois. Un vaste territoire, ponctué de pôles urbains majeurs (Nîmes, Avignon, Bagnols-sur-Cèze) et de zones d'activités importantes. De nombreuses entreprises, à l'image de Sanofi à Aramon, ou du centre de recherche de Marcoule à Bagnols-sur-Cèze, font de l'est du Gard le 2e pôle industriel de la région Occitanie. Selon les prévisions, la réouverture de la ligne devrait séduire quelque 200 000 voyageurs par an.
Il s'agit de mettre en place environ 8 allers-retours par jour, avec des horaires adaptés aux salariés et étudiants. Cela nécessite 8 points de desserte à aménager avec la création de quais, passerelles, abris, accès... Le projet nécessite également le traitement de certains passages à niveau, ainsi que l'aménagement d'une voie ferrée supplémentaire à Pont-Saint-Esprit, afin de permettre le retournement des trains. Tout cela en étant accessible aux personnes à mobilité réduite.
Un projet de grande envergure, les gares concernées sont, Pont-Saint-Esprit, Bagnols-sur-Cèze, Laudun-l'Ardoise, Roquemaure, Villeneuve-lez-Avignon, Avignon-centre, Aramon, Remoulins, Marguerittes et Nîmes-centre.
Pour Carole Delga, présidente de la région : « les études préliminaires, intégralement financées par la région à la hauteur de près d'un million d'euros, ont permis d'avancer pour aboutir au projet qui est aujourd'hui soumis... », toutefois pour elle : « la région considère le calendrier du projet trop long et le coût des travaux trop élevé, avec mon vice-président chargé des transports Jean-Luc Gibelin, les élus du territoire ainsi que les associations partenaires, nous demandons à la SNCF de revoir ses délais ».
Pour Emmanuèle Saura, directrice territoriale Occitanie SNCF réseau : « Je souhaite que cette , période de dialogue qui s'ouvre soit la plus riche possible, afin de guider les équipes SNCF Réseau pour les études à venir. L'ouverture de cette concertation marque une avancée majeure dans la conduite de ce projet, que nous construisons ensemble, avec le territoire ». Sur place pour l'ouverture de la concertation, elle a entendu les souhaits de la région portant sur le budget et le calendrier.
Quels coûts pour ce projet
Le coût total, estimé varie de 84 à 109 millions d'euros. Il comprend la création de 8 points de desserte, comprenant la construction et l'équipement des quais et leur accès. Les aménagements ferroviaires de Pont-Saint-Esprit pour en faire le terminus et le point de départ de la ligne. La rénovation de certaines voies et le déploiement d'un nouveau dispositif de signalisation. Enfin, l'enveloppe provisionnée pour le traitement des passages à niveau demandera à être affinée lors des études ultérieures, en tenant compte de l'évolution des orientations nationales en la matière.
C'est bien là un point important de ce dossier, après un premier diagnostic, l'évolution du trafic sur la ligne nécessite de mener une analyse de risques approfondie sur chacun des 27 passages à niveau concernés. Il s'agit de regarder précisément les risques que peut représenter la réintroduction de trains de voyageurs.
Ainsi, le passage à niveau n°38, situé sur la commune de Laudun-l'Ardoise et croisant la RN580, fait partie des 155 passages à niveau inscrits au programme de sécurisation national, qui recense les passages à niveau les plus préoccupants en termes de sécurité routière et ferroviaire.
Pour le projet global, aujourd'hui, les principales pistes d'optimisation peuvent être, une réalisation par étapes, la simplification du programme d'aménagement ou encore l'affinement du programme de traitement des passages à niveau.
Le rendez-vous est désormais pris pour la fin de la concertation qui devra apporter des réponses à la région.
Franck Chevallier
franck.chevallier@objectifgard.com