BAGNOLS Les Escanaux et trois autres grands ensembles au cœur d’une exposition unique
Nous sommes à l’aube des années 1960, et l’Occitanie (qui n’existe alors pas administrativement) s’apprête à connaître d’importantes mutations démographiques.
La guerre d’Algérie provoque une arrivée massive de rapatriés d’Afrique du Nord dans plusieurs villes de la région, comme Nîmes, Montpellier et Béziers. Pendant ce temps, à Bagnols, le site nucléaire de Marcoule, ouvert à la fin des années 1950, amène ce qui n’est alors qu’un petit village à se transformer en ville pour loger les personnels du nucléaire.
Des situations différentes auxquelles des projets urbanistiques ont dû répondre. Ainsi sont nés les grands ensembles : les Escanaux à Bagnols, Pissevin à Nîmes, la Mosson à Montpellier et la Devèze à Béziers. Quatre grands ensembles au coeur d’une exposition-événement actuellement proposée à Bagnols, réalisée par l’École nationale supérieure d’architecture de Montpellier (ENSAM) en coordination avec la Maison de l’architecture Occitanie avec le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles.
« Cette exposition a été conçue dans un esprit de partage », explique l’architecte, maître de conférence à l’ENSAM et commissaire de l’exposition, Laurent Duport. Un accrochage visible jusqu’au 7 février prochain au centre d’art rhodanien Saint-Maur de Bagnols. Une exposition ouverte à tous et pas seulement aux initiés, avec des maquettes, des grands panneaux explicatifs et des films, pour tout savoir et tout comprendre de ces quartiers. Des quartiers « peu identifiés comme des éléments marqueurs de notre patrimoine », note avec un art consommé de l’euphémisme le directeur du pôle patrimoine et architecture à la DRAC Occitanie, Michel Vajinay.
Pourtant, ces quartiers renferment des trésors architecturaux. Ainsi, pour ne parler que des Escanaux, le quartier a été conçu par l’architecte et urbaniste grec Georges Candilis, « dont on ne sait pas assez qu’il a été un très grand architecte, qui a beaucoup travaillé avec le Corbusier », rappelle Laurent Duport.
Les Escanaux recevront d’ailleurs le premier Grand prix d’urbanisme en 1960 puis, bien plus tard, le label Architecture contemporaine remarquable et ne cesseront ensuite d’être disséqués par des étudiants en architecture et en urbanisme. De nombreuses innovations urbanistiques ont été mises en place à Bagnols, où un projet de centre administratif, qui n’a jamais vu le jour, a aussi été pensé par Candilis. D’ailleurs, une maquette de ce projet est exposée au centre Saint-Maur.
Pour autant, l’exposition ne s’intéresse pas qu’à la genèse des quartiers, mais aussi à leur actualité : les quatre quartiers font partie de la Politique de la ville, et vont connaître d’importantes transformations dans le cadre de la Rénovation urbaine. « Il nous faut rénover, mais garder en mémoire ce qui a été fait », affirme dans ce cadre le maire de Bagnols, Jean-Yves Chapelet. « L’idée est de montrer la diversité des approches et les spécificités régionales », relève pour sa part Michel Vajinay. Elle est aussi de montrer au plus grand nombre que ces grands ensembles font aussi partie du patrimoine de nos villes.
L’exposition, déjà passée par Nîmes, est ensuite amenée à être exposée à Béziers et Montpellier, avant de voyager en dehors de la région.
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
Exposition visible jusqu’au jeudi 7 février au centre d’art rhodanien Saint-Maur, rue Fernand-Crémieux à Bagnols. Ouvert tous les jours sauf le dimanche de 10 heures à midi et de 14 heures à 18 heures. Entrée libre et gratuite.