FAIT DU SOIR Le duende et le flamenco pour faire rayonner Nîmes
Du 9 au 18 janvier le Festival de Flamenco de Nîmes fêtera ses 35 ans. Ouverture de la billetterie le samedi 23 novembre 2024.
Le duende est assez difficile à définir mais c’est une sorte d’inspiration, un petit génie qui se dresse au moment de la création ou de l’interprétation, une quête vers l’essentielle beauté du geste et de la chose. Parfait pour le flamenco et le festival nîmois qui fête un anniversaire important.
C’est au bar du théâtre Bernadette Lafont de Nîmes qu’avait lieu la présentation du festival. Une salle bien garnie pour l’occasion. « Je vois que le flamenco intéresse de plus en plus de monde ! Bientôt nous allons présenter le festival off qui prend lui aussi une ampleur supplémentaire grâce au programme très ambitieux de cette 35e édition qui fera salle comble » explique Sophie Roulle, adjointe à la culture à la Ville de Nîmes, qui se satisfait également de la bonne tenue du théâtre.
Et l’élue de reprendre, « ce festival rayonne en national et à l’international et nous en sommes très fiers. Cette année, plus encore, il va se passer des choses au théâtre, à l’Odéon, à Carré d’Art, au musée des Beaux-arts, à celui de la Romanité, à Paloma, au Centre d’Art contemporain… »
Pour la directrice Amélie Casasole, « c’est un moment très important car nous fêtons les 35 ans du festival, une belle longévité et nous avons fait des efforts avec une quinzaine de spectacles en dix jours et un beau travail d’équipe et de partenariat car nous ne faisons jamais rien tout seul... »
Le festival sort du théâtre pour débarquer en ville et même ailleurs. Chema Blanco, conseiller artistique du festival, est lui aussi heureux de la session 2025. « Nous devons regarder l’avenir mais ce festival doit rester une référence en-dehors de l’Espagne. Cette année nous faisons un focus sur Andrés Marin et de nouveaux lieux sont investis par la programmation. Dès l’ouverture notamment avec une commande spéciale que nous avons passées à Andrés. Il sera accompagné d’un saxophoniste. »
Pour les amateurs de Marin, sachez qu’une rencontre est prévue avec l’artiste au bar du théâtre le 10 janvier.
En ouverture ? Une première en France. Le grand retour du Ballet Flamenco de Andalucía dirigée par Patricia Guerrero. Pour sa première année à la direction du prestigieux Ballet, elle relève le défi de donner corps et âme à une Mariana Pineda. Elle explore la force spirituelle et expressive du poème dramatique de Lorca et livre une Pineda vibrante, universelle et résolument flamenca.
Le 10 janvier, une autre figure emblématique du flamenco contemporain, un créateur hors norme, Niño de Elche. Son nouvel album est une réécoute du répertoire que le mythique Manuel Torre (1880-1933), à la personnalité artistique austère mais si particulière, a laissé à travers différents enregistrements.
Le groupe ZA ! est quant à lui une référence de l’underground européen. Leur musique combine musicalité agréable et noise, polyrythmie et polymétries, hardcore et free jazz… Enfin, Tomás de Perrate, un des grands chanteurs actuels du flamenco contemporain et expérimental, fermera ce trio qui s’annonce explosif. Un excellent double concert pour les jeunes dans l’esprit d’une petite soirée voyous mais très sérieuse !
Le 11 à 10h30, master class d’Ana Pérez « Por bulerías » au studio de danse du théâtre (20 euros). À 12h30, rencontre avec Rocío Molina la veille de son défi. Toujours le 11 mais à 18h, concert acoustique et gratuit donc sur réservation au musée des Beaux-Arts pour une première collaboration entre Perrate et Caracafé.
Andrés Marín viendra le 11 janvier avec une nouvelle création présentée à l'Odéon le samedi 11 janvier. C’est l’un des danseurs les plus singuliers de la scène flamenca. Autodidacte inclassable, l’expérimentation et le risque règnent en maître dans chacune de ses pièces. Avec Recto y Solo, il revisite par la danse les écrits d’une figure historique du flamenco, Vicente Escudero. Pour Chema Blanco, « Il faut voir ce spectacle en lien avec ceux de Rafael Ramirez et de Valeriano Paños ! »
Les 11 et 15 janvier en ville, la compagnie Dynamogène déambulera avec son tout nouveau CarmenCycletta, une création spéciale avec du flamenco mécanique à pédales qui partira le 11 du théâtre et le 15 de La Placette à 16h et 16h30.
La reine des arènes, Rocío Molina, a fait l’affiche en tant qu’égérie du festival et qu’artiste associée du Théâtre de Nîmes pour les trois prochaines saisons. Pour la première fois elle présente une trilogie évoquant la guitare qu’elle n’a fait qu’à Séville et Barcelone. Sur la journée pleine du 12 janvier, trois spectacles pour les amateurs et les curieux. Le premier volet Inicio (Uno), est un dialogue envoûtant avec le maestro Rafael Riqueni. Une partition chorégraphique qui va de l’ombre à lumière.
Dans un deuxième volet, Rocío Molina a convié les guitares expertes de Yerai Cortés et Óscar Lago. Ensemble, elles entament un dialogue puissant, explorant les possibilités polyphoniques de l’instrument. Dans cet ultime épisode de la trilogie, plus audacieux que les précédents, Rocío Molina dialogue en duo avec Yerai Cortés. Auréolée d’un décor rose fushia, la chorégraphe livre une danse incandescente, avec une énergie folle et une technique impeccable.
Mais, ce même 12 janvier à 11h, c’est au Musée de la Romanité qu’il faudra aller pour voir un récital en déambulation dans lacollection de Gregorio Ibor-Sanchez, Paco Santiago et El Misto.
Le 13 janvier sera organisée la projection de La gran mentira de la muerte au Sémaphore à 18h30 en présence de la réalisatrice Wu Tsang et de Rocío Molina qui joue aux côtés de El Oruco, Yinka Esi Graves ou encore la torera Vanessa Montoya. Ce documentaire de 40 minutes a un son immersif multicanal et est visuellement en quête d’images impossibles.
Israel Galván, le mardi 14 janvier, interprétera La Edad de Oro – traduire « l’âge d’or » du flamenco et fait référence à cette période qui va de la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 30, et durant laquelle le cante et le baile sont en plein essor. La Edad de Oro célèbre aujourd’hui son 20e anniversaire, l’occasion rêvée de présenter une nouvelle fois ce classique du répertoire, avec une nouvelle distribution. Un évènement qui impose définitivement le chorégraphe comme un génie du flamenco d’hier et d’aujourd’hui.
Pour le jeune public, le 15 janvier à 18h au théâtre Christian Liger, Maria et Manuel, un couple de vieux artistes, immigrés espagnols, ne cessent de se disputer. Avec leur ami Gigi, ils décident de répéter une alegría et d’en faire découvrir les rouages aux enfants, quand tout à coup… une voisine mystérieuse fait son apparition !
Grande dame du flamenco, Maria Pérez propose ici une pièce interactive à la fois musicale, théâtrale et chorégraphique pour initier les plus petits à la solea, ce palo colonne vertébrale du flamenco.
Retour d’Andrés Marin le 15 janvier avec son Matarife Paraíso pour une rencontre au sommet de deux grandes figures de la danse flamenca, dans une aventure entre mythe et réalité, inspirée des écrits de la Divine Comédie de Dante.
Pour cette nouvelle création qui inaugure la Biennale de Séville 2024, Andrés Marín et Ana Morales livrent ensemble une performance artistique qui brise les codes du flamenco traditionnel. Matarife Paraíso met en lumière les désirs qui nous poussent dans notre quête d’idéal emplie d’illusions et de désillusions. Sur scène, les deux interprètes, au style très personnel, offrent une émotion brute entre prise de risque et expérimentation, ne laissant personne indifférent.
Le 16 janvier à 16h30 au bar du théâtre, moment d’émotion et de remerciements avec la conférence de José María Velázquez-Gaztelu (qui recevra la médaille de la ville) dédiée à son amour à Nîmes et au flamenco qui la rend toujours plus belle. À18h à l’Odéon. Fille d’une bailaora et d’un chorégraphe contemporain, la Marseillaise Ana Pérez cultive ce double héritage depuis toujours. Passionnée de musique et fascinée par les sons produits par sa danse, elle décide d’écrire un « concerto pour chaussures » à la manière des zapateados, pour révéler la force lyrique d’un choc sur un plancher. Elle chausse du 37,5, c’est le titre de son spectacle (concerto en 37 1/2).
Puisant son inspiration dans la musique minimaliste des années 70 et dans les palos du flamenco, elle a composé cette partition avec le guitariste José Sanchez et le musicien électronique Matthieu Pernaud. Une pièce d’un engagement total et d’une virtuosité étourdissante !
Même jour à 21 au théâtre, c’est Antonio Rey, le guitariste virtuose, qui a acquis une maturité musicale et une capacité d’expression unique, qui déboule sur Nîmes. Antonio Rey est l’un des guitaristes les plus marquants de sa génération. Très attendu, son cinquième et dernier opus Historias de un Flamenco est sorti au printemps 2024. Celui-là même qui sera joué à Nîmes, soutenu par la guitare de Manuel Pinto et les percussions d’Ane Carrasco.
Le 17 à 18h, Rafael Ramirez offre sa création, une première mondiale, au public de l’Odéon. Rafael Ramírez rend hommage à Antonio Gades (1936-2004) pour le 20e anniversaire de sa mort. Récemment accueilli à Nîmes avec la compagnie de David Coria, c’est en son nom propre que le danseur chorégraphe revient pour finir d’asseoir sa réputation et faire briller, comme il se doit, un des plus grands d’autrefois.
À 21h, autre première mondiale. Rarement dans l’histoire du flamenco, une artiste aussi jeune n’aura connu une telle consécration… Issue d’une dynastie de chanteurs qui a marqué l’histoire du flamenco, María Terremoto revient à Nîmes présenter en première mondiale son nouvel album, signé chez Universal.
Plus jeune artiste consacrée à 16 ans à la Biennale de Flamenco de Séville, la fille du cantaor disparu Fernando Terremoto, elle-même prodige du chant, a reçu de nombreux prix. Son parcours atypique la mène sur les grandes scènes internationales, dont Nîmes en 2019.
Mais, le 17 sera aussi l’occasion d’aller faire un tour à la grande journée d’études et de recherches qui se déroulera dans l’auditorium de Carré d’Art de 10h à 17h. Toujours à Carré d’Art mais à 16h, place au Flamenco Queer avec le centre national de dense.
Le 18 janvier à 10h30, c’ets au tour de Rafael Ramirez d’offrir sa mater class au studio de danse du théâtre (20 euros).16h à Carré d’Art, Yinka Esi Graves, pour une première en France, prépare une belle session accessible à tous mais sans doute sur réservation. À 18h à l’Odéon, nouvelle première française pour le tandem composé des danseurs chorégraphes Valeriano Paños et Rafael Estévez qui célèbre ses 20 ans de carrière avec sa nouvelle création Danza para guitarra. Une nécessaire révision de la danse classique espagnole. Sous la forme d’un concert dansé, on assiste à un dialogue entre Valeriano Paños et le guitariste Miguel Trápaga. Le danseur, unique dans son style, expose ici avec fantaisie les danses espagnoles : folkloriques ou régionales, classiques et flamencos… Une proposition parfois classique, parfois nationaliste, à la fois écrite et improvisée, expérimentale et baroque.
En soirée au théâtre Bernadette Lafont, rencontre au sommet de deux chorégraphes aux parcours exceptionnels. Paula Comitre et Alfonso Losa, deux monstres sacrés du flamenco actuel, interprètent ce duo dans lequel réel et abstrait laissent place à notre imaginaire.
Dans cette nouvelle création, ils laissent apparaître leur « autre moi ». À leurs côtés, le guitariste Francisco Vinuesa sera accompagné au chant par Sandra Carrasco et Ismael « El Bola » pour un dialogue intime et profond. Alter Ego est le flamenco dépouillé. C’est la passion pure, le mouvement viscéral et l’exploration sans entrave. Un défi partagé, ouvert et libre !
Enfin et tout au long du festival, deux expositions sont é découvrir. Celle de Marjorie Nastor (qui a fait l’affiche) au CACN et celle, justement, qui réunit quelques affiches des 35 ans du festival, à l’Office de Tourisme de Nîmes.
Ouverture de la billetterie du Festival flamenco de Nîmes le samedi 23 novembre de 9h à 18h en ligne ou au théâtre, 1 Placede la Calade à Nîmes, puis du mardi au samedi de 11h à 13h et de 14h à 18h.