FAIT DU SOIR Nîmes, cœur britannique et irlandais d’un ciné résistant

Tous en faveur du festival des Écrans britanniques et irlandais (Photo Anthony Maurin)
Du 14 au 23 mars dans divers lieux de Nîmes, la 28e édition du festival des Écrans britanniques et irlandais débarque en ville !
Les « Écrans britanniques et irlandais » est un festival, certes, mais c’est aussi une association de bénévoles fondée en 1997 à Nîmes et qui s’est donnée pour mission de faire connaître le cinéma britannique, au public du sud de la France en créant ce festival dont elle est productrice. Le festival est un vrai festival qui se tient chaque année sur dix jours. Pourquoi ? « Pour mettre en lumière le cinéma britannique passé et présent, surtout le plus innovant et le plus créatif, permettant de lui offrir un public plus large dans la région », explique l’actuel président Bernard Raynaud.
Comment ? Par le biais d’expositions, d’actions éducatives, de publications et, bien sûr, grâce au Festival, manifestation-phare des Écrans Britanniques et seul événement culturel de ce type pour tout le Sud de la France. « Rendre accessible à tous ce cinéma qui a été, et demeure, un cinéma innovant qui a son public en France. En effet, une partie du cinéma britannique se construit en dehors des grands studios qui dominent la production et la distribution », indique Bernard Raynaud.
Comme il n’est pas toujours facile en France de voir ces films, le travail de l’association consiste à les rendre plus accessibles au grand public, ainsi qu’aux jeunes, par le biais de ses actions éducatives, notamment auprès des classes étudiant l’anglais, la littérature, la culture et la société britanniques. Bernard Raynaud reprend : « Notre festival a aussi pour vocation de faire découvrir au plus large public le cinéma de patrimoine, ainsi que des films rares qui ne passent jamais dans les circuits habituels, comme par exemple la production d’un Terence Davies ou certains films de Peter Watkins, tous deux grands cinéastes, auteurs de films forts, auxquels des hommages ont été consacrés et, plus tard, Kevin Brownlow Andrew Kötting,… »
On peut les découvrir au cinéma Le Sémaphore en centre-ville de Nîmes, à Carré d’Art et au théâtre Christian-Liger mais aussi au lycée Daudet. L’association et ses quelque 300 membres remettent donc le couvert pour une 28e édition qui s’annonce colorée.
Cette édition rendra un hommage à Maggie Smith avec une rétrospective sur Anthony Asquith et une thématique « Black in Britain » qui verra l’organisation d’un ciné-concert avec le Conservatoire de Nîmes, des avant-premières mais aussi et bien entendu des séances plus spéciales les unes que les autres. « Nous en aurions des anecdotes à raconter... Mais bon, le résultat est là et bien là : 37 films, dont plusieurs sous-titrés par nous, couvrant 120 années de cinéma, des muets de ses débuts aux six avant-premières et cinq inédits de ses toutes dernières sorties ; des invités, journalistes, réalisateurs, réalisatrices, universitaires, présents ou en visio : ce 28e festival célèbre les cinémas britannique et irlandais et vous invite à en découvrir le riche patrimoine ainsi que les dernières créations », présente le président.
Conseiller délégué à l'enseignement culturel, président de l'EPCC école d'art, président du conseil d'établissement du conservatoire mais aussi vice-président de Nîmes métropole, Daniel-Jean Valade est heureux de voir une nouvelle édition se mettre en place : « Bientôt nous fêterons les 30 ans du festival et les Écrans britanniques sont bien présents en ville. Je sais le progrès, la créativité, la science, l’énergie et les compétences qu’il faut pour ce festival et cette association re nouvelle chaque année un potentiel culturel qui attire plus de personnes que les seuls Nîmois. »
Remerciant tous les partenaires qui le rendent possible, Bernard Raynaud retourne sur le vif du sujet : « Il est parfois compliqué de tout mettre en place, des invités ne peuvent pas toujours se libérer et cette année c’est fait, nous franchissons le cap des 40 films (43) dont 17 sont contemporains mais en tout le festival balaie le cinéma de 1908 à nos jours. »
Hommage à Maggie Smith
Maggie Smith (1934-2024) aura marqué le théâtre, le cinéma et la télévision britanniques comme peu l'ont fait. Son visage et son nom ont traversé les générations à travers des compositions aussi marquantes que variées, dans tous les registres. Difficile pour le festival de faire des choix dans son immense filmographie. Subtile et forte, drôle et émouvante, c'est ainsi que la montre la sélection choisie pour cet hommage. « Avec près de 70 ans de carrière, elle était inévitable, oscarisée, impeccable dans des seconds rôles inoubliables, il n’y aura cependant pas d’Harry Potter, nous présentons six films avec Maggie Smith. »
De « Les Belles années » de miss Brodie (qui lui valut l'Oscar de la meilleure actrice en 1970 et que l’équipe a sous -titré pour l’occasion à « The Lady in the Van » (dans lequel sa performance fut récompensée par un Golden Globe et un BAFTA), l'immensité de son talent est évoquée. « Porc Royal », « Les Dames de Cornouailles », « Indian Palace » la montrent généreuse et épanouie lorsqu'elle partage la scène avec d'autres grands. Et son personnage de chaperon dans « Chambre avec vue », pour lequel elle reçut aussi plusieurs récompenses, marque autant les esprits que l'intrigue romantique du film. La magie de l'inoubliable Minerva McGonagall dans la saga « Harry Potter » n'est décidément pas près de s'estomper. Son fils, Chris Larkin, sera présent pour venir parler de sa mère.
Rétrospective d’Anthony Asquith
Selon « Et le cinéma britannique entra en guerre » Anthony Asquith, auquel le festival rend hommage cette année, a été un important réalisateur et scénariste britannique né à Londres en 1902, et mort en 1968. Il était le fils de Herbert Asquith, Premier ministre du Royaume-Uni de 1908 à 1916. Sa carrière a couvert la fin du muet, l'entre-deux-guerres, la deuxième guerre mondiale, pour s’achever dans les années 60 avec des films à distribution internationale. Les habitués des « Écrans brit' » se souviennent peut-être de deux ciné-concerts mémorables, accompagnant ses deux chefs-d’œuvre muets « Underground » (Un cri dans le métro) et Shooting Stars de 1927 et 1928.
Anthony Asquith eut ensuite à son actif un certain nombre de films et une notoriété dans la profession qui n'était plus attribuable au simple fait qu'il était le rejeton d'un ancien Premier Ministre de Sa Majesté. Cette œuvre apparaissait assez éclectique et semblait témoigner jusque-là d'une prédilection pour les comédies légères ou les mélodrames. Son nom demeurera aussi, pour une bonne part, associé à des adaptations filmiques de pièces théâtrales à succès d'auteurs connus (Oscar Wilde, G.B. Shaw dont le « Pygmalion » que le festival propose, Terence Rattigan), ce qui lui vaudra une réputation de metteur en scène d'une « qualité British » conventionnelle et peu innovante. La guerre le verra ensuite s'écarter de plus en plus de son inspiration antérieure, et s'affirmer dans des projets plus personnellement ressentis. Avec le recul, historiens et critiques s'accordent aujourd'hui pour dire qu'il est « le plus injustement oublié des grands cinéastes britanniques. »
Thème 2025 et surprises
Avec Black in Britain, une nouvelle corde à l’arc du festival, l'association propose également cette année deux films traitant du défi croissant de l'intégration des nouvelles générations dans l'Angleterre ultra-libérale de Margaret Thatcher. « Babylon » et « Burning An Illusion ». Le sujet est encore d'actualité, comme le montrent le drame social « Rocks » et le documentaire poignant « White Nanny Black Child », tout à fait contemporains. Sept films sur le sujet sensible seront projetés au cours du festival.
Belle surprise, la London Film School, fondée en 1956 est la plus ancienne école de cinéma du Royaume Uni proposera quelques films. Elle accueille aujourd'hui 248 étudiants venus de 52 pays. On y propose des Master 2 en réalisation, écriture de scénario et industrie internationale du cinéma (International Film Business). En septembre prochain, s'y ajouteront deux nouveaux cursus : Film Marketing et Production.
Le Hollywood Reporter l'a désignée en 2024 l'une des meilleures écoles de cinéma du monde. Les films de ses élèves ont été sélectionnés à Cannes, Berlin, Tribeca, Clermont-Ferrand, le British Film Institute London Film Festival, les Oscars et Sundance. Son directeur, Chris Auty fait le plaisir et l'honneur de venir en présenter cinq aux amateurs nîmois du genre. Notons qu'il succède à Mike Leigh, invité du 17e festival, Palme d’or à Cannes, réalisateur du film d’ouverture « Hard Truths », rien que ça !
Fière de ce partenariat, l’association nîmoise attend la projection de cinq films de ses élèves mais aussi deux masterclass de son directeur. Cette année encore, la signature des Écrans sera peut-être la commande à Karl Naegelen d’une œuvre originale pour accompagner le ciné-concert. Le Conservatoire va ainsi jouer le jeu et 80 personnes seront sur scène pour mettre en musique cinq films choisis.
Le Musée des Beaux-Arts mais aussi l’École des Beaux-Arts se sont aussi prêtés aux demandes du festival. Pour le musée, c’est le film « La femme au tableau » qui a été sélectionné. C’est l’histoire d’une femme qui veut récupérer un tableau familial volé par les nazis. Sachez aussi que c’est un élève en cinquième année de l’Esban qui a signé l’affiche de cette 28e édition.
Autre temps fort, l’hommage à Mariane Faithfull. Deux soirées spéciales seront également au programme avec un documentaire tourné pendant le Covid et qui évoque les abeilles du jardin du réalisateur, et bien entendu la Saint-Patrick qui tombera en plein festival. Lors de cet instant très irlandais, deux films atypiques. « Kneecap » pour les amateurs de chansons gaéliques (22e langue officielle de l’Europe) et « Steps of freedom » pour une session un peu folle de dans irlandaise, un véritable instrument de résistance face à la colonisation britannique.
Le jeune public n’est pas oublié avec deux projections et des séances adressées aux scolaires.
Pour les adhérents, gratuit à Daudet (sauf ciné-concert) et à Carré d'Art (priorité donnée à l'entrée). Tarif partenaire de six euros au Sémaphore. Adhésions en ligne possibles sur le site, carte membre 20 euros, étudiants, chômeurs à dix euros. Carte bienfaiteur à 60 euros avant réduction fiscale. Permanences au Sémaphore pour les adhésions 45 minutes avant chaque séance, vente des cartes d'adhésion, distribution des cartes pour les adhésions faites en ligne le mardi 11 mars 14h à 17h au Sémaphore.
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