GARD Tout savoir sur les gladiateurs
Éric Teyssier vient de sortir aux éditions Glénat Gladiateurs, un livre que les passionnés de romanité voudront au pied du sapin.
Avec la récente sortie du film Gladiator II, vous avez sans aucun doute entendu ou vu Éric Teyssier dans les médias pour en parler. Gladiateurs… Il est vrai que ce terme évoque des tueries aveugles ou de pauvres esclaves sont sacrifiés sur l'autel de la cruauté des Romains. Aujourd'hui encore, ce seul mot projette tout un imaginaire populaire nourri par le cinéma. Le septième art a joué un grand rôle dans la construction de cette perception.
Gladiateurs est un petit bijou, une masse d’informations sur cette pratique antique. La première gladiature, la gladiature « technique » du haut-empire romain, la gladiature dans la société romaine et, enfin, la mort et la renaissance des gladiateurs sont les quatre grands chapitres de cet ouvrage qui devient un indispensable pour qui veut connaître tous les secrets de cette vie passée.
La gladiature funéraire, l’ethnique, la gladiature volontaire, les diverses armaturae et leurs combattants sont parfaitement et entièrement décris. L’auteur évoque aussi les écoles de formation, les fantasmes antiques qui émanaient des gladiateurs, les règles de l’art de ce combat. Vous revivrez une journée dans l’amphithéâtre alors que la gladiature est en plein boum, mais vous en saurez plus sur sa fin, bien plus décadente.
Éric Teyssier est professeur en histoire romaine à l'Université de Nîmes. Agrégé d'histoire, diplômé en sciences politiques et licencié en histoire de l'art, il soutient une thèse sur l'histoire sociale de la Révolution française en 1990.
À partir de 2004, il se consacre entièrement à l'histoire romaine. Ses recherches sur la gladiature intègrent pour une part importante les apports de l'archéologie expérimentale dans le domaine des sports de combat antiques.
Virginie Girod, que vous voyez avec Stéphane Bern et dans de nombreuses émissions historiques, a signé la préface du livre d’Éric Teyssier. « Dans l'imaginaire collectif de ma génération, le gladiateur ressemble à Kit Harington ou à Russel Crowe. Il est beau, viril, musclé comme s'il passait son temps à la salle, mélancolique au point d’en devenir séduisant et surtout il est une victime de la société, des puissants, mais il accepte de se battre pour rétablir la justice. Que nous sommes loin de la réalité ! »
Parmi d'autres aspects méconnus, il est important de souligner son caractère très technique. Cette forme d'escrime extrêmement élaborée a été mise en lumière par l'archéologie expérimentale. En effet, chaque arme, chaque pièce d'équipement possèdent une fonction et une vocation pratique.
Et Virginie Girod de poursuivre, « La première fois que j’ai vu des reconstituteurs entreprendre un véritable combat de gladiateurs, j'ai vibré. La puissance de ces hommes doués de points forts et faibles, la violence des chocs, le fracas des armes, les règles strictes... Il règne dans l’arène un mépris de la douleur et de la mort qui suscite respect et excitation. »
L’évasion de Spartacus, au 1e siècle avant notre ère, va changer la vie des gladiateurs qui ont cessé d'être des esclaves. Professionnalisés en restant spectaculaires, adorés comme nos meilleurs joueurs de foot le sont aujourd’hui, ils étaient quand même méprisés sur le plan social et vivaient dans une zone passionnelle, à la marge de la société, vedettes du divertissement souillées d’infamie.
La fille d’Antonin le Pieux dont la famille était issue de Nîmes reflète bien un autre aspect de la vie des gladiateurs. Virginie Girod en parle. « L'impératrice Faustine aurait même conçu son fils Commode après un bain de siège dans le sang d'un gladiateur dont elle s'était entichée, ce qui expliquerait pourquoi l'indigne rejeton de Marc Aurèle était plus gladiateur qu'empereur. »
Pour saisir la réalité de la gladiature à mi-chemin entre sport et religion, il faut déchirer à la fois le voile de nos fantasmes, et celui brodé par les auteurs de l'Antiquité. « Éric Teyssier, éminent historien et lui-même reconstituteur, a consacré une grande partie de ses recherches à ce monde de gloire et de brutalité. Il synthétise dans cet ouvrage sa connaissance inégalée du sujet à travers des textes précis et une riche iconographie. Il propose à son lecteur un livre pour voyager dans le temps et abolir la distance qui nous sépare de nos ancêtres les Romains. Après sa lecture, en fermant les yeux, je vous souhaite d’éprouver le courage des hommes qui ont choisi la gladiature, d'admirer la rigueur de leur entraînement et de ressentir, peut-être, le frisson procuré par la foule qui vous acclame alors qu’un peu de sang ruisselle jusque sur le tapis sablonneux de l'arène. Bonne lecture. Ceux qui sont déjà morts vous saluent ! » conclut Virginie Girod.
Éric Teyssier est l'auteur chez Perrin de plusieurs biographies (Spartacus, 2012 ; Pompée, 2013 et Commode, 2018), Il a également publié chez Alcide deux livres de référence sur l'histoire des cités de Nîmes et d'Arles (Nîmes la Romaine qui vient tout juste d’être réédité, 2014 et Arles la Romaine, 2016).
Très impliqué dans le domaine de la vulgarisation historique, il anime depuis dix ans une chronique sur l'antenne de France Bleu Gard Lozère et a également écrit deux docu-fictions, « Nemausus naissance d'une cité » et « La vie au temps des gladiateurs ». En tant que scénariste et metteur en scène, il a contribué à la création en 2010 de ce que l’on appelait alors les Grands jeux romains.
Pendant près de trois siècles, les gladiateurs sont pour la plupart des volontaires dont le but n'est pas de tuer mais de soumettre leur adversaire. Pour autant, la gladiature n'est pas une mise en scène chorégraphiée, sorte d'équivalent de notre catch moderne, car la mort demeure un enjeu important.
Par leur reconstitution précise et leur mise en œuvre dynamique entre les mains de sportifs entrainés, une autre gladiature apparait peu à peu, qui s'apparente à un véritable art martial, avec ses codes et ses contraintes. Ces combats reprennent alors leur place au centre de tout un système politique, idéologique, économique et social.
À mille lieues des clichés profondément ancrés, la recherche historique de ces vingt dernières années nous offre une image différente des gladiateurs. Loin d'être une simple boucherie, la gladiature constitue un phénomène fondamental au cœur de la civilisation romaine. Un phénomène qu'il convient d'aborder avec un autre regard.
Cet ouvrage aborde donc l'un des sujets les plus populaires et les plus mal connus de l'histoire de Rome. Souvent réduit à une boucherie sanglante par de nombreux péplums, ce phénomène, qui n'est pas romain à l'origine, couvre ainsi plus de mille ans d'histoire.
Sportifs accomplis, combattants surentraînés et idoles des foules, ces gladiateurs deviennent des techniciens du combat-spectacle. Leurs prestations devenant désormais très couteuses, ils ne sont plus systématiquement voués à la mort, même si celle-ci constitue encore un enjeu potentiel de leurs affrontements.
Grâce à une riche iconographie, Éric Teyssier apporte un éclairage novateur sur les héros de l'arène en s'appuyant sur les dernières recherches fondées sur les apports de l'archéologie expérimentale.
Gladiateurs, d’Éric Teyssier aux éditions Glénat, au format 235 x 308 mm, 192 pages au prix de 39,95 euros.