LA GRAND'COMBE Nawell Madani : "Il s'est passé plein de choses dans ma vie"
L'humoriste belge Nawell Madani présentera son second spectacle Tout court ce samedi 28 septembre 2024 à La Grand'Combe, dans le cadre de la cinquième édition du Festival du rire. Elle a accordé une interview à Objectif Gard avant de monter sur scène demain.
Objectif Gard : Vous êtes à La Grand’Combe ce samedi le temps d'une soirée, dans le cadre de la cinquième édition du Festival du rire. Vous jouerez votre nouveau spectacle, Tout court, dans une salle pleine à craquer, puisque ce sera à guichets fermés. Comment expliquez-vous l’engouement que vous suscitez partout en France ?
Nawell Madani : Ça me met un petit peu la pression votre première question. Comment j'explique l'engouement ? Je pense que c'est tout l'amour et l'investissement que je donne à mon travail. J'ai toujours envie de livrer de la qualité. Mon spectacle dure plus de deux heures. Donc j'essaie de ne jamais décevoir. Le rendez-vous est toujours un enjeu pour moi. Peu importe où je joue. Vraiment, j'essaie de livrer toujours le même spectacle, de faire en sorte aussi d'être authentique et investie. Quand on aime ce qu'on fait, quand on ne triche pas, je pense qu'on dure un petit peu plus longtemps dans le métier.
Les spectateurs viennent-ils chercher une authenticité chez vous ? Entre rire et émotion…
Oui, je pense que les gens aujourd'hui, plus que jamais, moi la première, on n'a plus envie qu'on nous mente. On a envie d'avoir un récit, un récit propre à soi, mais je suis persuadée que tout ce qui est personnel est universel. Et je vais constamment au fin fond de mes questionnements, de mes névroses, de mes problématiques de femmes, de couples et ainsi de suite. Je ne mens pas sur mes propres questionnements. Et du coup, je sais que ça trouve toujours écho avec mon public. Je pars de ce qui me touche, de ce qui m'émeut et je n'ai pas peur de l'émotion. Je pense que les gens aujourd'hui, quand ils vont voir un spectacle, ils ne cherchent pas forcément le rire. Ils cherchent à être transportés.
Les critiques sont excellentes pour ce nouveau spectacle alors que, souvent, le second souffre de la comparaison avec le premier...
Oui, après moi, je me suis absentée six ans. Il s'est passé plein de choses dans ma vie. Une série TV, un bébé, un parcours compliqué, long, 20 ans de mariage. Je suis passée par tellement de choses qu'après six ans, effectivement, j'en avais des choses à raconter. Je ne me suis pas du tout retrouvée face à une page blanche. J'avais surtout besoin de faire le point avec mes fans qui me suivent maintenant depuis plus d'une décennie. On se retrouve dix ans plus tard. Qu'est-ce qu'on veut se dire, en fait ? On veut se dire déjà qu'on a survécu à tout ça, au couple, à la famille, à tout ce qui se passe dans le monde. Aux crises économiques aussi, au confinement. Je me suis dit : ok, si je reviens, je ne peux pas faire semblant. Si je reviens, je vais parler vraiment de ce qui m'a le plus touchée, éprouvée. Et du coup, je parle de mon âge. Et de la vie qui passe aussi...
Est-ce que ça vous inquiète un peu aussi, cette vie qui passe ?
Non, cette vie qui passe, elle ne m'inquiète pas parce que réellement, aujourd'hui, j'y travaille quotidiennement, à me dire comment je peux profiter de la vie et ne plus courir après le temps comme avant et justement mettre une pause et dire : ok, qu'est-ce qui est le plus essentiel ? Quelles sont mes priorités ? Alors, que je ne faisais pas ça avant, j'étais partout parce que je pensais que c'était mon moment et qu'il fallait que je saisisse ma chance à bras-le-corps. Et aujourd'hui, je me dis : ce n'est pas grave en fait, je rebondirai ; puis voilà !
Finalement, à 44 ans, vous faites un point sur votre vie. Et cette vie résonne aussi au sein de votre public… Vous en parlez avec humour de la chirurgie esthétique, des réseaux sociaux, de la charge mentale...
Même si on est connu, on est chargé mentalement, on subit les mêmes questionnements, le couple doute, il y a des remises en question, peu importe. Je pense que les difficultés de la vie, il faut avoir le courage de le raconter. Étant marié à un mannequin, acteur, qui est énormément sollicité, dans un milieu avec lequel il y a énormément de tentations et de sollicitations, il faut avoir les épaules larges. N'importe quelle femme peut se reconnaître avec une collègue de son mari ou la directrice de son mari...
L’un des sujets présents dans votre spectacle, c’est la sexualité. Vous le traitez d’ailleurs sans pudeur. Pourquoi ce choix ?
Moi, je teste beaucoup en club de stand-up, donc je vois tout de suite comment ça prend. Au début, c'est une vanne, et puis deux, puis on se dit : ça peut tenir sur cinq minutes, et finalement, on dévoile son intime, quand on commence à raconter des petites choses du quotidien qui paraissent complètement loufoques. C'est le public qui m'emmène là-dessus. C'est souvent lui le chef d'orchestre. Première vanne, j'en rajoute une deuxième, puis deux, trois trucs, et je vois comment ça prend. C'est comme si j'étais en cuisine, tu peux encore rajouter un petit peu de piment, un petit peu de sel, et la recette, elle se fait ensemble. Je me considère comme un traiteur.
Un dernier mot. La deuxième partie du spectacle est consacrée pleinement à votre expérience télévisée dans l’émission célèbre Rendez-vous en terre inconnue. On sait assez peu de chose des artistes ayant participé à cette expérience...
On essaye de donner le meilleur de nous-mêmes, mais on est comme tout le monde, on a des émotions, des questionnements, énormément de peur, parce qu'on veut être à la hauteur. On sait que c'est un rendez-vous événementiel. On peut rentrer dans le foyer des Français ou être banni à tout jamais. Comment on devient une des personnalités les plus aimées, les plus détestées ? C'est par les performances médiatiques, ce n'est rien que ça. On marche constamment sur un fil de rasoir. Comment faire alors pour être toujours à la hauteur quand on est entier ? Eh bien, c'est compliqué. On peut faire semblant dans un moment de télé, sur un plateau, une émission, mais quand elle dure trois semaines, un mois, c'est impossible. Moi aussi, j'ai mes failles, j'ai mes doutes, j'ai mes fragilités et ce n'est pas grave. J'en parle sur scène parce qu'il y a un moment donné, quand tu fais ce genre d'émission, tu te dis : mais est-ce que je suis au bon endroit ? Est-ce que j'ai fait ce métier-là pour faire tout ça ?
"Nawell Tout Court", samedi 28 septembre à 21 heures, salle Denis-Aigon à la Grand'Combe.