Publié il y a 1 an - Mise à jour le 11.07.2023 - François Desmeures - 3 min  - vu 541 fois

LE VIGAN Le Musée cévenol entrevoit sa mue culturelle et physique

De gauche à droite, Jean-Baptiste Thibaud, Éric Poujade, Estelle Bougette et Denis Sauveplane, sur la petite terrasse, à l'arrière du musée, qui serait transformée en terrasse de buvette, au bord de l'Arre

- François Desmeures

Se recentrer géographiquement pour proposer un nombre plus grand de thématiques, c'est ce qu'évalue actuellement le Musée cévenol, qui souhaite se rénover, sous l'impulsion de la municipalité. Une part des élus espère aussi lui adjoindre un fonds de dotation qui permettrait de financer, par apports extérieurs, certains achats pour enrichir la collection. 

De gauche à droite, Jean-Baptiste Thibaud, Éric Poujade, Estelle Bougette et Denis Sauveplane, sur la petite terrasse, à l'arrière du musée, qui serait transformée en terrasse de buvette, au bord de l'Arre • François Desmeures

Une pièce musée en 1963, puis toute la filature en 1979. Vague idée au début des années 60, sous l'impulsion de l'ethnologue Odette Teissier du Cros, le Musée cévenol a gagné en superficie et en collection au fil du temps. Mais depuis quelques années, difficile de ne pas constater qu'il est dans son jus, sans véritable relance ou promotion de son intérêt identitaire. "Il est un peu en désuétude, négligé, reconnaît le conseiller municipal, Éric Poujade, avec l'adjoint à la culture Denis Sauveplane, et le conseiller municipal Jean-Baptiste Thibaud. Mais depuis le changement de municipalité, nous avons mis en place un groupe de travail pour réorganiser le musée, qui est un pôle incontournable du Vigan." 

Avant même d'envisager des travaux de restauration, le groupe de travail veut repenser le projet scientifique et culturel. "Nous sommes Musée de France depuis 2002", appuie Jean-Baptiste Thibaud. "Nous sommes donc tenus d'avoir un projet scientifique et culturel. Et c'est obligatoire pour obtenir des subventions de la DRAC" (direction régionale des affaires culturelles, NDLR), ajoute Denis Sauveplane. 

"À la création du ministère de la culture, en 1961, la préconisation était de ne pas installer un musée à moins de 50 kilomètres d'un autre."

Estelle Bougette, responsable du Musée cévenol du Vigan

Le projet propose un état des lieux du musée, de ses collections, du public qui le fréquente, des moyens techniques et financiers mis en oeuvre, etc. La collection compte 4 000 objets, dont près de 80% sont exposés. Mais redéfinir un projet culturel, c'est déjà se poser la question du territoire dont on parle. Parce qu'à 25 km à vol d'oiseau, mais plus du double par la route, Maison Rouge de Saint-Jean-du-Gard propose un musée des vallées cévenoles. La carte, à l'intérieur du musée du Vigan, indique un territoire compris entre Saint-Jean-du-Bruel à l'ouest, Saint-Maurice-Navacelles au sud, Anduze à l'est et Barre-des Cévennes au nord. 

Le territoire concerné par la collection du Musée à sa création, en 1963 • François Desmeures

"Quand le Musée cévenol a été construit, c'était le territoire dont il était question, confirme Estelle Bougette, responsable du musée. À la création du ministère de la culture, en 1961, la préconisation était de ne pas installer un musée à moins de 50 kilomètres d'un autre." Si Saint-Jean-du-Gard est à moins de 50 km à vol d'oiseau, la responsable du musée viganais ne voit pas forcément d'interférence entre les deux pour les visiteurs. "Les touristes, ou les gens en général, raisonnenent par vallée." Et puis, le musée a finalement décidé d'orienter son projet scientifique et culturel vers le territoire du Pôle d'équilibre territorial et rural (PETR), c'est-à-dire le territoire des Communautés de communes du Pays viganais et de Causse-Aigoual-Cévennes. 

Dans le Musée cévenol actuel • François Desmeures

"L'idée est de couvrir les vallées cévenoles et les causses", précise Éric Poujade. Une idée en cohérence avec le classement au patrimoine mondial de l'Unesco, alors qu'était inauguré, la semaine dernière, un haut-lieu de l'agropastoralisme aux belvédères de Blandas (relire ici). "On veut en profiter pour introduire dans le musée les activités minières, l'artisanat du fil, l'industrie de la soie, la bonneterie... On va chercher à leur refaire une place dans les collections", espère Éric Poujade. Le projet ne veut pas, non plus, "plonger dans le biais Unesco, tempère Jean-Baptiste Thibaud. On veut montrer, du Néolithique à nos jours, l'interaction de l'homme dans son paysage." Le musée voudrait aussi, à terme, pouvoir accueillir des chercheurs. 

François Desmeures

"Le projet doit être terminé pour la fin de l'année, calcule Estelle Bougette. Puis, il sera présenté au conseil municipal, puis à la DRAC et au Musée de France." Mairie et Pays viganais pourront alors s'activer à chercher des financements, pour un bâtiment dont la mise aux normes avoisinerait le million et demi d'euros. "Certains, dans le territoire, pensent que le musée n'est pas utile, que ça coûte cher. Si on s'y investit, c'est parce que nous ne pensons pas les choses comme ça", tranche Éric Poujade.  

Un fonds de dotation pour soutenir les collections

Sans lien direct avec la transformation du projet scientifique et culturel, les trois élus viganais tentent de mettre sur pied un fonds de dotation, "un outil pour développer la collection", plaide Éric Poujade. Le projet s'inspire "de ce qu'a fait Sommières. En sachant qu'un fonds de dotation ne peut recevoir aucun argent public". 15 000 € doivent être levés avant le mois de septembre. "Il faut essayer de canaliser les impôts des particuliers vers le musée", espère Éric Poujade. Car ce type de mécénat ouvre droit à une réduction d'impôt sur le revenu égale à 66% du montant des dons, dans la limite de 20% du revenu imposable.

François Desmeures

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