NÎMES Jean-Yves Breuil (INRAP) : « Nîmes est un condensé de l’histoire de l’humanité »
Jean-Yves Breuil, directeur-adjoint scientifique et technique de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) Méditerranée - Gard, Lozère et Hérault -, participe ce week-end aux Journées européennes de l'archéologie. Le responsable régional de l'Inrap évoque le programme des 18 et 19 juin, mais il fait également un point sur l'état de sa profession et le lien fort entre l'archéologie et Nîmes.
Objectif Gard : Les Journées européennes de l’archéologie, dont l’Inrap est co-partenaire, se déroulent ce week-end. Que verront les visiteurs ?
Jean-Yves Breuil : Ce rendez-vous prend un peu plus d’ampleur avec le village de l’archéologie. J’invite les Nîmois à venir voir les archéologues de l’Inrap et ceux du CNRS. Les visiteurs pourront échanger avec eux et participer à des ateliers et des expériences.
Entre Nîmes et l’archéologie, c’est une vielle histoire...
Nîmes est un condensé de l’archéologie. Depuis les années 1980, il y a une archéologie systématique qui se fait ici avant les aménagements en ville et même en périphérie. Nîmes a très vite pris le virage de l’archéologie préventive pour sauver son patrimoine par l’étude tout en maintenant un aménagement du territoire. À Nîmes, il y a eu plus de 400 opérations d’archéologie préventive.
Faut-il réduire Nîmes à son patrimoine romain ?
Le patrimoine romain est très important puisqu’il y a des monuments connus de tous et un riche passé dans la sous-sol. Mais depuis une trentaine d’années on sait que Nîmes à une histoire plurimillénaire et c’est un condensé de l’histoire de l’humanité.
"L'histoire nîmoise a commencé il y a 300 000 ans"
Quand a commencé cette histoire ?
L'histoire nîmoise a commencé il y a 300 000 ans dans la plaine et toutes les époques de la préhistoire son représentées. Il y a aussi l’Antiquité, l’histoire médiévale et puis aussi des périodes plus contemporaines qui nous révèlent plein de surprises.
Il y a des décennies que les archéologues fouillent. Y a-t-il encore des choses à découvrir à Nîmes ?
Oui, parce que l’archéologie est une science et elle doit répéter la formation pour la rendre valide. Il y a quelques années, on trouvait un objet et c’était suffisant. Maintenant on va s’intéresser au contexte de l’objet. De nos jours, on prête attention à des détails pour les petites trouvailles comme le pollen, les graines, les escargots qui vont nous renseigner sur l’environnement naturel.
"On participe à une enquête policière"
Le progrès technique est-il un précieux allié de l’archéologue ?
La 3D permet de restituer des monuments et l’ADN nous aide à améliorer nos connaissances sur les populations anciennes.
La profession d’archéologue, fantasmée par le personnage d’Indiana Jones au cinéma, fait-elle toujours rêver les jeunes générations ?
Je pense que c’est une profession qui fait toujours rêver, mais elle est difficile. En premier en raison des conditions climatiques. Mais c’est fabuleux car on participe à une enquête policière en étant à la fois les premiers et les derniers témoins de la lecture d’un livre que l’on déchiffre. On est loin du mythe d’Indiana Jones, mais c’est un métier indispensable au collectif. Seulement, nos effectifs sont vieillissants, il est urgent de les remplacer. Cette année, il y a beaucoup de recrutement dans notre secteur.
Quelles principales qualités faut-il avoir pour devenir archéologue ?
La passion des autres, de l’Histoire et être rigoureux scientifiquement, mais aussi patient et curieux.
Propos recueillis par Norman Jardin