Publié il y a 8 mois - Mise à jour le 28.02.2024 - Thierry Allard - 3 min  - vu 326 fois

UZÈS Avec « Un père, un fils et Sankara », Andreas Landeck explore la filiation

Le réalisateur uzétien Andreas Landeck

- Photo : Thierry Allard

Le réalisateur uzétien Andreas Landeck présente son deuxième documentaire, « Un père, un fils et Sankara », lors d’une avant-première au cinéma le Capitole ce jeudi 29 février. Un film qui explore la filiation, à travers le témoignage d’un proche de l’ancien président du Burkina-Faso assassiné en 1987, Thomas Sankara.

« C’est un film que j’ai commencé en 2012 », pose Andreas Landeck. Le tournage va durer plus de dix ans, au départ sans intention autre que « de garder une trace du témoignage de quelqu’un qui était dans la grande politique », affirme-t-il. Cette personne, c’est Bouzid Kouza, que le réalisateur rencontre à Berlin à la fin des années 2000. Originaire d’Allemagne, Andreas Landeck avait alors quitté Uzès pour la capitale allemande et y rencontre par hasard Bouzid Kouza, parent d’élève dans la même école que lui. « Il avait croisé Yasser Arafat, Thomas Sankara, on est devenu amis, et une fois qu’il a eu confiance, j’ai pu sortir ma caméra », rejoue Andreas Landeck.

Plus tard, à Uzès, les deux hommes deviendront colocataires. Dans leur maison, un candidat à la présidentielle des Comores, un ministre malien mais aussi quantité de camarades de lutte de Bouzid Kouza, communiste algérien passé par la clandestinité dans son propre pays, défileront. Ancien journaliste, Bouzid Kouza deviendra ensuite conseiller politique de Thomas Sankara, puis de son successeur Blaise Compaoré. « Pour lui, le plus important était de garder la flamme révolutionnaire coûte que coûte, même s’il s’est trompé sur Compaoré », explique le réalisateur, pour qui Bouzid Kouza est « devenu comme un père. »

Puis Bouzid Kouza, qui a « passé toute sa vie ailleurs », décide de rentrer en Algérie. C’est alors qu’andreas Landeck s’inscrit dans une école de film documentaire pour savoir comment « écrire un scénario à partir de dix ans de rushs », tout sauf simple. Pour l’aider, il fera appel à une vieille connaissance, la monteuse Isabelle Rathery, qui a travaillé sur « Central do Brasil », présenté aux Oscars en 1998 et qui a été « la sage-femme du film », comme il dit. Il en ressort « un film sur la filiation, d’où le titre, pose-t-il. C’est un film sur ce qu’on transmet, ce qui nous connecte les uns aux autres en tant qu’humains, sur la conscience qu’il faut éveiller chez les gens pour qu’il se sentent soudés et qu’un soulèvement ait lieu. » Dans ce qui n’est donc pas un portrait, la figure de Thomas Sankara revient inlassablement. « Il a été un pilier de la vie de Bouzid, qui était un témoin de premier rang », justifie le réalisateur, qui n’a toutefois pas voulu signer « un film de propagande ».

Un réalisateur qu’on voit dans le film dialoguer avec Bouzid, « il me répond par la grande géopolitique, et moi par là d’où je viens, et ces questions se rejoignent sur le capitalisme », présente-t-il. Un film « très personnel », plus que son premier, « Hitchcock à Uzès », sorti en 2019, qui traitait de la gentrification en milieu rural. Monté hors des canaux du cinéma documentaire français, « Un père, un fils et Sankara » va donc être projeté en avant-première ce jeudi 29 février à 20h30 (réservations conseillées) en présence du réalisateur, de Bouzid Kouza et du compositeur de sa bande originale Raphaël Benyoucef. Elle sera aimée par le journaliste de France Inter Laurent Delmas.

La bande annonce de « Un père, un fils et Sankara »

Un Père Un Fils Et Sankara from Andreas Landeck on Vimeo.

Thierry Allard

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