En 2023, l'Ancien Évêché avait accueilli une exposition réunissant Chabaud et César. Le deuxième artiste originaire de Marseille est connu entre autres pour ses compressions. Plusieurs carcasses de voitures, pressées à l'extrême, s'étaient retrouvées sous forme parallélépipèdique. C'est un autre genre automobile tout aussi prestigieux que le public uzétien sera amené à découvrir cette année. Il n'y aura pas une mais deux expositions, dont une sur la trilogie Bugatti. Une dizaine de voitures d'Ettor Bugatti, toutes confiées par des collectionneurs, seront visibles dans la salle polyvalente. 

À travers ces modèles 100 % d'origine, on explore les différents types de carrosserie et on retrace la vie de ce pionnier de l'industrie automobile de luxe. D'un de ses premiers tricycles motorisés de 1899 à la type 35 qui est une voiture de course typique fêtant son centenaire cette année et qui pouvait aller à 200km/h, en passant par un modèle inspiré d'un fiacre automobile, une carrosserie grand sport, une Brescia... "Ce n'est pas évident de résumer l'œuvre de Bugatti en dix voitures. C'est un véritable touche-à-tout qui a aussi construit des moteurs d'avion, des bateaux et des autorails. Il a même fabriqué une machine à faire des pâtes", dépeint François Melcion, spécialiste en automobile de collection, ancien directeur de Rétromobile et un des deux commissaires de l'exposition uzétienne.

Une Bugatti ayant appartenu au roi Léopold II de Belgique

Il y aura même une Bugatti 43 de 1930 ayant appartenu à Léopold II, roi des Belges, et une type 57 conçue par son fils, Jean, qui prendra les rênes de l'usine avant de décéder brutalement en 1939. En 37 ans, la marque Bugatti a produit près de 7 500 voitures de grand luxe et déposé près de 1 000 brevets. Mais le nom Bugatti ne se résume pas à l'automobile. Le père d'Ettor, Carlo Bugatti, né en 1856, était ébéniste et décorateur. Les visiteurs pourront voir quelques-uns de ces meubles étonnants comme la chaise Cobra en bois datant de 1902. "Son pendant est au musée d'Orsay, nous, on a l'autre", se réjouit Marc Stammegna, l'autre commissaire d'exposition qui officie depuis la première édition à Uzès. 

Il a aussi mis à l'honneur son fils cadet Rembrandt Bugatti "qui, avec Degas, est un sculpteur ayant ouvert la porte à l'impressionnisme", considère Marc Stammegna. Cet autodidacte a laissé derrière lui 15 ans de création, apprécié par le grand fondeur de bronze, Adrien Hébrard. À l'Ancien Évêché sera visible entre autres une sculpture représentant un puma mâle conçue vers 1911. Ce serait la première fois en Europe que les œuvres de ces trois artistes (père et fils) sont réunies dans un même lieu.

Monticelli, très admiré par Van Gogh

Grâce aux travaux menés par la ville d'Uzès, deux nouvelles salles de l'Ancien Évêché peuvent ouvrir cette année. Ce qui laisse la place pour une deuxième exposition consacrée au peintre Adolphe Monticelli, dont on célèbre le bicentenaire de la naissance cette année. Ses œuvres, Marc Stammegna les a toujours vues, puisque chez lui, petit, plusieurs de ses tableaux étaient accrochés. Le commissaire a d'ailleurs fondé il y a quelques années une fondation lui étant dédiée, désormais fermée.

Pendant ces quelques mois d'exposition à Uzès, il veut montrer au public "une cinquantaine de tableaux de cet artiste considéré comme précurseur de l'impressionnisme, tant admiré par Van Gogh". L'occasion de redécouvrir toute la virtuosité du peintre né en 1824 et mort en 1886, qui flirte avec l'abstraction parfois dans le mélange des couleurs et dans ses aplats. Certaines toiles dévoilées à Uzès n'ont encore jamais été montrées au grand public puisqu'elles sont issues de collections privées.

La mairie continue à rénover l'Ancien Évêché

Cette double exposition, organisée sous le label "Uzès exposition", est la 3e qui voit le jour au sein de l'Ancien Évêché. Les deux précédentes ont totalisé chacune environ 10 000 entrées payantes. Même si la durée de l'exposition 2024 est raccourcie de deux mois en raison des élections européennes, les organisateurs espèrent un beau succès, notamment grâce à l'union de Marc Stammegna et de François Melcion qui ont eu l'idée de l'exposition Bugatti lors d'un déjeuner amical. Mais aussi grâce aux deux nouvelles salles restaurées par la mairie et l'aménagement de l'ascenseur qui devrait être opérationnel.

Restera à rénover le 2e étage de l'Ancien Évêché, puis le 3e avec le musée. Le maire, Jean-Luc Chapon, explique : "On veut mettre toute la culture à cet endroit. On est en train aussi d'essayer de récupérer la mosaïque auprès de l'INRAP. Nous sommes en train d'écrire des courriers à la Région, à la DRAC, pour s'assurer que la mosaïque revienne bien à Uzès. On voudrait l'installer dans la première grande salle d'exposition, et on aimerait que la restauration se déroule devant le public qui pourrait voir l'avancée grâce à un échafaudage." Peut-être que ce sera possible lors d'une prochaine exposition ?