VILLENEUVE-LÈS-AVIGNON Le Décorum du photographe plasticien Yohann Gozard s’expose dans quatre lieux

L'exposition "Décorum" de Yohann Gozard, à découvrir à Villeneuve
- Thierry AllardChaque année depuis 2016, le Fonds régional d’art contemporain Occitanie Montpellier (FRAC OM) propose une grande exposition à Villeneuve, et plus précisément à la Chartreuse, au Fort Saint-André, au musée Pierre-de-Luxembourg et à la tour Philippe-le-Bel. Cette année, elle a été confiée au photographe plasticien Yohann Gozard, et c’est une invitation à cultiver son sens du détail.
Il l’avoue lui-même : « en général, je passe beaucoup de temps à faire les choses. » Cette exposition ne déroge pas à la règle, et Yohann Gozard a pris le temps. Le temps, lors d'une résidence à Villeneuve basée à la Chartreuse, « d’étudier la commune et de s’en inspirer », note la maire de la cité cardinalice Pascale Bories. Le temps d’y poser « la singularité de son regard », souligne Céline Mélissent, du FRAC OM, sur une ville « faite pour la représentation et la réclusion, où l’architecture est faite en fonction des points de vue qui peuvent se ménager, encadrés par les pins maritimes et les cyprès », commence Yohann Gozard.
Sur les quatre lieux, le photographe plasticien expose des clichés pris sur la commune, d’autres qui ne le sont pas, récents ou non, pris souvent de nuit. « J’ai essayé de produire des images qui ont des stratifications de sens, qui prennent en compte l’histoire du lieu, la décortiquent très longuement, avance-t-il. Cherchez, vous trouverez. » Inspiré par la réclusion volontaire et involontaire induite par la Chartreuse, Yohann Gozard s’est penché sur l’histoire du lieu, passionné pour ses hagioscopes, ces trous creusés dans les cellules des moines leur permettant de suivre le culte sans sortir de réclusion, sans hésiter à digresser pour mieux revenir à son point de départ : l’image.
« Il y a une chose qui me touche, c’est à quel point l’humain voue parfois une adoration sans borne à l’image des choses, plus qu’aux choses elles-mêmes », reprend-il. Ses photos montrent des lieux en apparence banals : ici une rue surplombée de trois miroirs de circulation à Villeneuve, « une citation en rapport aux hagioscopes », là une fenêtre aveuglée par un rideau gris, dont il est certain qu'il y a « un truc planqué derrière. » Plus loin, une photo d’un mur jauni, sur lequel un grand tissu a laissé une trace, prise « dans un immeuble juste avant sa destruction, dont j’ai photographié méthodiquement toutes les chambres. »
Sur ses photos, il n’y a jamais personne. « C’est une volonté », tranche-t-il. « Les gens, je vis avec eux, je les aime ou je les déteste, mais je n’ai pas envie de les avoir en photo, je ne peux pas m’empêcher de voir tout ce que la photo retranche, développe-t-il. Ce que je photographie, ce sont les traces. » Sur ces images, l’absence, le silence sont perceptibles, comme un léger trouble qui fait penser aux espaces liminaux, ces lieux faits pour accueillir du monde mais qui restent désespérément vides.
Techniquement, Yohann Gozard est adepte des poses longues. « Alors la réalité, le réel, la vérité de mes images est complètement faussée, c’est la vérité de l’appareil photo », affirme-t-il. Dans la même veine, la retouche n’est « pas (sa) question. » « Je veux produire une image, et je fais tout ce qu’il faut pour la produire », poursuit-il après avoir cité René Magritte et sa Trahison des images, le culte « Ceci n’est pas une pipe ». « Je fais des images où je ne retouche rien et qui semblent fausses, et d’autres que je retouche et qui paraissent vraies », sourit-il. Une invitation à réfléchir à la nature des images, à l’heure où l’intelligence artificielle brouille les frontières entre le vrai et le faux.
« Décorum », de Yohann Gozard, à découvrir à la Chartreuse, au Fort Saint-André, au musée Pierre-de-Luxembourg et à la tour Philippe-le-Bel de Villeneuve jusqu’au 18 mai 2025. Plus d'informations ici.
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