Arnaud de Jesus Goncalves n'avait que 17 ans quand il a orné les murs de la Maison Bronzini de ses peintures. Le gérant, Philippe Bronzini, est le premier à lui avoir fait confiance. Depuis quatre ans, le jeune Villeneuvois vit de son art, sous l'alias Arkane. Parti à Montpellier entre temps, il revient dans l'endroit où tout a commencé pour une exposition rétrospective. 

Les clients de la Maison Bronzini pourront découvrir le travail du jeune Arkane, âgé de 28 ans maintenant jusqu'au 31 octobre sur les murs de l'établissement. Une vingtaine de peintures à l'huile sont visibles dans la salle principale du restaurant. De tous les formats. Des portraits, des objets, des paysages... Les inspirations et les lumières sont diverses, les époques de création aussi. Sans véritable fil rouge. Juste un melting-pot visuel, "un accrochage un peu sauvage", "un truc entre copains", lâche Arkane.

À l'étage, vous pourrez même découvrir la nouvelle fresque de l'artiste, représentant une grande femme et son doberman. Ils n'ont pas l'air très commodes, mais que les clients se rassurent, le restaurant sera bien gardé.

Le goût de faire des "choses avec ses dix doigts" transmis par son grand-père

Arkane est heureux de revenir dans cette ville où il a fait ses premiers pas dans la peinture. Quelques années en arrière, certains ont pu apercevoir ses fresques sur les cabanons de la plaine de l'Abbaye. Il est le seul dans sa famille à avoir développé cette fibre artistique. Ou presque : "J'étais un peu l'ovni. Mais mon grand-père était artisan. Il travaillait le métal et avait le goût de faire des choses avec ses dix doigts. J'aimais beaucoup passer du temps avec lui", raconte-t-il. Belle coïncidence d'ailleurs, les actuelles cuisines du Bistrot du moulin étaient auparavant un des garages de son grand-père.

Aux côtés de cet aïeul, il regarde beaucoup de vieux films et apprécie les cadrages resserrés sur les personnages. Ça se ressent encore dans sa peinture. Il est très inspiré par son peintre favori John Singer Sargent, un impressionniste "au cadrage moderne" et à la "peinture intimiste". Arkane, lui, travaille beaucoup à partir de photos prises avec son téléphone. Parfois volées aux scènes du quotidien, "avec un côté un peu voyeur". Il zoome sur un détail, s'imprègne des couleurs d'un des derniers films qu'il a vu et appose le tout sur la toile, avec beaucoup de réalisme.

Après des études avortées à Montpellier, Arkane a partagé avec quatre autres artistes la galerie Triptyque. Il en est parti il y a un an pour se consacrer aux murs et aux toiles. Il a fait plusieurs performances aux États-Unis et en Europe, avec des oeuvres monumentales dépassant parfois 10 m de haut. L'artiste prépare en ce moment un gros projet de fresque à Avignon. Il n'en dira pas plus pour l'instant...

Marie Meunier

Exposition d'Arkane, visible jusqu'au 31 octobre dans la salle principale du Bistrot du moulin, à la Maison Bronzini, 74 rue de la République, à Villeneuve-lez-Avignon.